> Pulley >> Time Insensitive Material EP

Contexte :

Ah Pulley ! Le prototype du groupe US de seconde zone, de ces formations ultra talentueuses, estimées par la punk rock elite, comme dit l’autre, mais finalement peu vendeuse, peu ambitieuse musicalement, peu novatrice et finalement peu suivie par une fanbase indéfectible… Et pourtant quand 5 ans après Matters, la bande à Radinsky annonce qu’elle remet le couvert, tous les petits ex-skatepunkers ont eu un pincement au cœur… Si, si, toi au fond là-bas, je t‘ai vu, avoue !

Chronique :

Pulley a toujours suscité des regrets chez les amateurs de punk rock à roulettes made in Californie : des albums inégaux, gâchés par l’inconstance de l’implication personnelle de ses membres... Pourtant quand on cite les Tony Palermo, les Scott Radinsky, les Matt Riddle, les Jordan Burns, les Jim Cherry etc… toute la planète punk rock reconnaît indéniablement que du talent et du potentiel, Pulley n’en a pas manqué au fil de ses 10 premières années de carrière. Oui mais voilà, le groupe s’appelait à la base X-Members, pas un hasard, et par définition un side-project dans l’esprit. Le combo ne s’est en fait jamais sorti de ce statut de « groupe pour tuer le temps » et a généré les attentes des fans un peu malgré lui... pas mal de frustrations aussi, donc… Pas assez de tournées, pas assez de sorties discographiques, évidemment à l’époque des geek punks et d’iTunes, l’auditeur lambda est parti voir ailleurs. Et c’est dans un quasi anonymat que sort ce nouvel EP, même plus soutenu par Epitaph Records, pourtant le label de toujours (le disque est sorti sur le label du groupe X-Members Music en mars 2009).

Cinq titres en cinq ans, Pulley bat donc des records de lenteur depuis le début des années 2000, c’est même pire depuis que Scott n’est plus joueur de baseball pro mais juste entraîneur de Ligue Mineure ! Alors ils valent quoi ces cinq titres ? A cette cadence-là, z’ont plutôt intérêt à être mitonnés aux p’tits oignons !
Ma foi c’est plutôt le cas. Et il est clair que cinq ans après, avec l’avènement de la ribambelle de sosies de Belvedere et d’A Wilhelm Scream, le punk mélo de Pulley apparaît en 2009 plus frais que jamais, alors qu’il sonnait vieillot quand la concurrence des jeunes loups a débarqué.

Le mid tempo gaillard (« The Never Ending »), la mélodie chevillée au corps, les relents strungoutiens bien en tête (« Mandarin »), le groupe de Simi Valley nous livre un EP vivifiant et addictif, comme on ne l’attendait plus. Les amateurs des morceaux les plus soft et pop de Strung Out y trouveront largement leur compte (« Rattling Rust », flagrant). Sur « Enemies » par contre, la bande à Scott laisse aller les chevaux et balance un titre parmi les plus percutants depuis 60 Cycle Hum.
De manière générale, la recette n’a pas bougé d’un poil, le gros virage stylistique de la carrière de Pulley est, et restera, l’an 2000 avec le départ de Jim Cherry. Depuis, le groupe a fait son trou (et n’en bouge pas), dans une niche ultra mélodique à la No Use For A Name en plus « vocal ». L’essentiel réside en effet toujours dans l’impact de la voix de Scott, et ce n’est pas un mal. Le gus n’a de toute façon pas son pareil pour ce qui est de porter des mélodies typiques du punk mélo à la californienne.

Cinq titres au potentiel énorme, de plus en plus énorme même à mesure que le disque tourne dans votre platine. C’est un peu l’histoire de Pulley résumée, concentrée et du coup mise en valeur en 5 titres : une brochette de tubes que le groupe a toujours su pondre à chaque disque tout en la diluant trop souvent dans 6 ou 8 autres de moins bonne facture. Des albums mal aboutis qui ont bridé l’ascension de ce groupe au talent mélodique hors pair (« Ghost Inside My Skin »), et qu’il fait toujours aussi bon se caler dans les oreilles pendant un session au skatepark…