Toujours bizarre de faire la biographie d’un artiste solo. Doit-on parler de son histoire musicale (si riche !), ou de sa vie ? Heureusement avec Tim Armstrong on connaît très vite la réponse, puisque la musique, bah c’est sa vie, et sa vie, bah c’est sa musique. Vous suivez ? Le mini-frontman pas très chevelu s’est toujours énormément impliqué dans ses paroles, se racontant tout au long de ses péripéties dans les sphères punk-rock. Mais reprenons au tout début...
Le tout début, c’est le Big Bang. Même si les catholiques sont fermement opposés à cette explication qui met du plomb dans l’aile à leurs croyances, il semblerait bien que la naissance de l’univers résulte d’un amas de...Hum on est peut-être remontés trop loin là...De son vrai nom Timothy Lockwood Armstrong, le petit Tim de décroche du placenta de sa mère le 25 novembre 1966, à Oakland, Californie. L’histoire ne dit pas s’il avait déjà la crête... En tout cas sa petite enfance, avec un père alcoolique et une mère cumulant les petits boulots pour sortir sa famille de la misère, ne sort pas d’un roman de Daniele Steel. Il rencontre dès l’âge de 5 ans Matt Freeman, et ces deux-là ne vont plus se quitter. Tous deux découvrent le punk en écoutant une cassette d’un des frères de Tim, et c’est l’engrenage. Matt apprend la basse dans son quartier avec des jazzmen, ce qui lui donne le niveau de folie qu’on lui connaît, alors que Tim apprend lui à jouer avec... sa dyslexie. Cette maladie lui a d’ailleurs empêché de passer son permis jusque très tard (il semblerait qu’il l’ait eu récemment), ou même d’avoir un compte bancaire... On comprend mieux alors pourquoi il joue à peine de la guitare en live en oubliant une partie des paroles.
En 1987 les deux compères forment Operation Ivy, groupe de ska sans cuivres qui devient très vite populaire dans la scène punk, et se saborde en 1989 en laissant une poignée d’hymnes derrière lui. Alors que Matt part jouer avec les X, Tim tombe dans toutes les formes d’addictions possibles, faisant deux overdoses, dont une très sérieuse qui lui coûte presque la vie. Un vie qu’il doit sauve à l’intervention de Freeman, qui le trouve à temps pour l’envoyer dans un hôpital militaire. Aujourd’hui sobre, il ressort de ces expériences avec cette voix si particulière. Par la suite il fonde Dance Hall Crashers et Downfall, deux groupes appelés à rester confidentiels. Il décide alors de refonder un groupe avec Matt et avec son colocataire, Brett Reed, qui ne savait pas jouer de batterie à l’époque ! Il apprendra rapidement et Rancid sort son premier album en 1992, avant de voir apparaître en ses rangs Lars Frederiksen pour Let’s Go. C’est le début du succès grâce au renouveau du punk apporté par les succès de The Offspring et Green Day, avec qui le groupe a beaucoup tourné à cette époque. L’histoire musicale de Tim est désormais liée à Rancid.
En 1996 en Australie, il rencontre une fille lors d’un festival. Elle chante dans un groupe local et est en train de se défoncer derrière la scène. Tim la prend... sous son aile, c’est le coup de foudre, il l’emmène dans ses bagages aux USA, bien qu’elle n’ait qu’à peine 18 ans. Il s’agit de Brody Dalle, qui deviendra bien vite Madame Armstrong et la chanteuse de The Distillers. Depuis la belle est devenue bête en trompant Tim et en le quittant pour partir avec le gros rouquin des Queens Of The Stone Age, Josh Homme, avec qui elle a d’ailleurs eu une fille… Cette séparation marquera profondément Tim, à un point tel que Matt imposa à Rancid une pause lors de l’enregistrement de Indestructibles, de peur que son chanteur ne retombe dans ses excès. Il sortira finalement de sa dépression de la meilleure manière qu’il connaisse : en chantant son histoire. Les titres "Fall Back Down" et surtout "Tropical London" sont clairement destinés à Brody. Pour la petite histoire, il a depuis fait recouvrir son tatouage de Brody dans un coeur par... une tête de mort.
Entretemps Rancid est demeuré l’un des groupes les plus respectés de la scène underground tout en continuant à connaître un succès planétaire. Surtout, Tim est devenu gérant de son propre label, Hellcat Records. Résolument street punk au début, cette subdivision d’Epitaph sert depuis les années 2000 de caution punk au label de Mr Brett, qui s’égare un peu musicalement. Les groupes signés par Tim sont ou deviennent très vite ses amis, et on retrouve ainsi les Dropkick Murphys, The Unseen, Tiger Army, Nekromantik, Time Again, Orange etc...
Tim fonde également son side-project au début du nouveau millénaire : The Transplants. Petit OVNI dans la scène punk, le premier album de ce groupe (avec Rob Aston, ancien roadie d’AFI et Rancid, et Travis Barker de Blink-182) est une merveille qui démontre une nouvelle facette d’Armstrong, unique compositeur du disque. Il s’essaie également à la production avec les deux albums de Lars Frederiksen & The Bastards, et diverses contributions comme la production d’un titre sur le dernier album des Matches, ou des collaborations plus inattendues, avec Pink (le single "Trouble", c’est lui) ou Gwen Stefani. Le monsieur est très demandé. Il trouve quand même enfin le temps de finaliser son film, "Give’em The Boot", le pendant video des compilations du même nom qui sortent sur son label. Un film difficile à réaliser pour Tim, avec par exemple les visionnages de scènes des Distillers qui seront supprimées, ou encore la disparition de son mentor, Joe Strummer, à qui on le compare encore et toujours, et qu’il avait accueilli sur son label, se foutant éperdument des échecs commerciaux de son idole. C’est d’ailleurs Joe et Tim qui ouvrent le film, tourné en gros grain et noir et blanc (marque de fabrique de Tim dont il peut abuser parfois...). Il sortira ensuite le film, Live Freaky ! Die Freaky !, sur la série de crimes perpétrée par Charles Manson et ses adeptes. Tim prête sa voix au narrateur pendant que chaque personnage est doublé par une personnalité keuponne : Lars Frederiksen, Travis Barker, Billie Joe Arsmtrong...
Les Transplants eux, s’arrêtent après deux albums sans que l’on sache vraiment pourquoi, mais Tim n’exclue pas de revenir avec cette formation. Toutefois, partant du fait que depuis 2000 un album au moins (que ce soit Rancid, Lars Frederiksen & The Bastards ou les Transplants) sortait, il entreprend avant le nouvel album de Rancid de sortir son album solo, intitulé "A Poet’s Life", accompagné par les musiciens de The Aggrolites, autre groupe de chez Hellcat. Prévu comme un cadeau aux fans, l’album devait être téléchargeable gratuitement en octobre 2006, mais sortira finalement en mai 2007, accompagné d’un DVD reprenant en clips (avec le fameux gros grain et le noir et blanc qu’il aime tant) chaque chanson de l’album, à la tendance très ska et rocksteady. L’histoire est déjà longue mais elle continue, et alors qu’un simple point suffit normalement à achever une phrase, lorsqu’il s’agit de la vie du poète il convient d’utiliser ceux de suspension...
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