Pigalle + Parabellum @ La Salle des Fêtes (Vandoeuvre-les-Nancy - France) le 25/02/2011

NANCY ROCK CITY ! Après un concert de UK Subs / Vibrators / Charge 69 sold-out la semaine dernière dans une salle de 350 personnes (à mon grand désespoir), voici le concert de Pigalle / Parabellum sold-out dans une salle de 1000 ! La cité des Ducs de Lorraine est décidément une ville joyeusement rock’n’roll. Enfin, laissons à César ce qui est à César, ce coup-ci c’était plutôt Vandœuvre Rock City. Voyez plutôt : un concert à 10 € organisé par la mairie dans la salle des fêtes de la ville avec des bénévoles (des élus ?) qui tirent les bières derrière le comptoir. On n’avait pas vu ça depuis Neurones en folie / Happy Drivers / Ludwig Von 88 ou PKRK / Cadavres / Molodoï / Wampas en 92 et bien sûr Skarface / Pigalle / Ludwig en 93. Le tout au cœur d’un vrai quartier populaire. Il faut dire qu’entre-temps la mairie était passée au RPR…

Alors évidemment ce soir, les kids kikoolol sont en minorité, c’est le moins qu’on puisse dire. Même que les trentenaire ont l’air jeunes. Après avoir raté le groupe local en première partie (Acorps De Rue), je débarque alors que le set de Pigalle vient juste de commencer. Premier constat : j’ai déjà vu le groupe cinq fois, et même avec quinze piges de plus, le gros François n’a rien perdu de sa présence, de sa voix rocailleuse reconnaissable entre mille, et maîtrise toujours au bas mot une douzaine d’instruments (guitare, banjo, accordéon, cornemuse, violon, vielle à roue, mandoline, flûte traversière…). Il s’est adjoint les services d’un breton nommé Gaël à la gratte, et a récupéré des anciens Garçons Bouchers pour tenir la basse et la batterie.
Le punk-musette des parigots fait mouche dès les premiers accords et le pit commence gentiment à s’agiter. Pigalle enchaîne les vieilleries (« Le Chaland », « La Goutte d’Or », « Brève Rencontre », « Pigalle » d’après Georges Ulmer, « Vendredi 13 », « La Patate » …) et des choses plus récentes issues notamment du dernier album sorti l’année dernière (« Des Espoirs »). Avec Pigalle, on apprécie toujours ces histoires d’amours déçus : un ouvrier parti construire une autoroute dans le centre de la France qui envoie des lettres à sa femme tout en sachant très bien qu’il ne rentrera pas (« Les Lettres De l’Autoroute »), un vendeur de confiseries secrètement amoureux d’une femme baleine (« L’Amour Forain »), une femme ayant épousé un homme de prime abord charmant, qui se révèle être une brute épaisse (l’excellente « Il Te Tape » et son beat ska).

Quand Pigalle déclenche un grand pogo musclé sur « L’Eboueur », la bousculade reste bon enfant (on n’est pas dans un concert psycho), et comme le dit François dans l’une de ses chansons, « même quand ça fritait c’était réglo ». Il nous parle ensuite du lieu où il a rencontré Schultz de Parabellum et Manu Chao pour monter Los Carayos à l’époque de Paris Barrocks et envoie le standard « Chez Rascal et Ronan ».
Le set se termine en apothéose par le hit « Dans La Salle Du Bar Tabac De La Rue Des Martyrs », classique parmi les classiques, l’audience est aux anges, et lorsqu’il en vient à « une vieille clocharde la gueule défoncée entre avec sa poussette et se met à gueuler… », le public lève le poing et hurle en chœur « à boiiiiiiiire ! ».

Le temps de se boire (justement) une bière, retour dans la salle, deux trois vannes pourries, on parle du bon vieux temps, et hop, la lumière s’éteint pendant que la sono balance des chœurs de légion romaine qui entonnent « Si Vis Pacem Para Bellum » (« si tu veux la paix prépares-toi à la guerre »).

Je pensais au départ que Pigalle serait la tête d’affiche, mais je constate que c’est Parabellum qui fait monter l’ambiance d’un cran. Schultz, Sven et leurs acolytes envoient le gros son 100 % pur punk et boum, le pit s’agite et s’élargit d’un bout à l’autre de la scène. « Saturnin », « Anarchie En Sarkozie », « La Bombe et Moi » déclenchent une quasi émeute, le public connait les paroles et Schultz le Lorrain, cinquante piges au compteur, est plus jouasse que jamais. L’excellent hymne punk prémonitoire « Osmose 99 », « La Bande à Bonnot », « A Saint Lazare » d’après le chansonnier/poète Aristide Bruant, « Berceau Néo Caveau », l’explosive « Comme un Héros » contribuent à me coller le sourire aux lèvres du début jusqu’à la fin. Ça joue carré, puissant, avec cependant une voix lead un peu trop saturée (déjà que l’organe de Schultz est particulièrement rugueux…). Parabellum balance en plus quelques-uns de mes titres préférés, « Dernier Trocson », la très rock’n’roll « SVP 88.38 », mais toujours pas « Le Bal Des Canailles » ni « RMI Chez Les Roumis » (snif).

Le quatuor attaque le rappel avec « Bang Bang », chanson écrite par Sonny Bono pour Cher mais qui fut immortalisée par Nancy Sinatra et remise au goût du jour par la BO de Kill Bill. Les accords de guitare vintage sont l’occasion de nous rappeler que le punk-rock de Parabellum doit autant à Chuck Berry qu’à Johnny Thunders, et c’est justement ce qui en fait tout l’intérêt.

Mais bien sûr, pas de concert de Parabellum sans deux incontournables : « Ilot Amsterdam » d’abord, détournement de la chanson de Brel, et autant vous dire que ça s’agite de tous les côtés, et évidemment « Cayenne », pas réellement une compo du groupe puisque le texte, à priori anonyme, pourrait avoir été écrit par Aristide Bruant (encore). Tout le monde, des plus vieux aux plus jeunes, chante « Mort aux vaches, mort aux condés, vive les enfants d’Cayenne à bas ceux d’la sureté », comme il y a 10 ans aux concerts des Amis D’Ta Femme et y’a 20 ans à ceux de PKRK. Après pas mal de bousculades, de bières renversées, de voix cassées et d’auréoles en dessous des bras, Parabellum tire sa révérence sous des applaudissements nourris et sincères.

Excellent concert qui m’a rappelé ma jeunesse, quand je portais des Docs montantes, des bretelles et les premiers t-shirts Goéland. Y’a plus qu’à espérer que la ville de Vandœuvre nous organise à l’occase une soirée avec d’autres anciens, Wampas, Cadavres, LSD ou Washington Dead Cats… parce que ce soir ils l’ont prouvé : les vieux sont encore verts et n’ont pas dit leur dernier mot !

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