Contexte :
Désormais officiellement à quatre, et avec un nouveau chanteur, The Black Zombie Procession abordait le cap du second album avec excitation, ambition et un peu de pression aussi… C’est que le combo, formé au départ comme une vaste blague, s’est pris au jeu et est désormais attendu au tournant. Prod Chirstian Carvin (Curtiss, Freygolo, Romeo Is Bleeding…), recrutement de Forest (The Pookies/Sons Of Buddha), peut-être le meilleur chanteur de la scène hexagonale actuelle, artwork signé Ed Repka (une star du graphisme metal des 80’s, qui a mis notamment en scène à plusieurs reprises la mascotte Vic Rattlehead de Megadeth)… Bref, le groupe n’a pas lésiné pour se donner les moyens de marquer les esprits au fer rouge.
Et évidemment avec des talents pareils (les frères Dalstein de Flying Donuts, le trublion Nasty Samy - matez le CV dans la bio du groupe - et donc le fameux Forest), le résultat, intitulé Mess With The Best, Die Like The Rest (célèbre slogan des U.S. Marines), vient se placer largement dans le haut du panier des sorties françaises.
Chronique :
Back from the grave, les Black Zombie reviennent d’outre-tombe refoutre le bordel le temps d’une heure de musique ultra typée, à la fois heavy et mid tempo, graillonne et mélodique… et tachée de sang aussi. Car The Black Zombie Procession c’est avant tout une histoire d’univers bien établi. Le groupe s’y tient, parsème le disque de samples extraits de films juteux et sanguinolents, tout en ayant quelque peu mis du sérieux dans sa mixture « zombie core ». Comme pour le premier album, peut-être même davantage, on ne pourra pas éviter les métaphores de cimetière et les références aux classiques de série Z, tout en pustules et en cris de loups. Les textes et l’univers du groupe en sont tellement imprégnés que ça suintent de toutes les plaies béantes ouvertes par les riffs de tronçonneur de Nasty Samy…
Le disque est long, émaillé de trois interludes instrumentaux, il navigue, on l’a suffisamment dit, entre heavy rock lourd et groovy, rythmiques plus punk rock, et mélodies fabuleusement mises en valeur par la voix experte de Forest. Tout le monde cite Motörhead et Slayer, le groupe est moins burné que ça, et assume sa part d’émotion et ses accointances punk mélo (« I Miss The Darkness », « Almost Human »). Et ce n’est pas un mal en l’occurrence, cela donne une couleur particulière au son du groupe (« Hell’s Infection ») et aère grandement le disque.
Celui-ci est construit comme une histoire, il souffle le chaud et le froid, le grandiose et le malsain. On l’imaginerait bien comme la bande-son d’un film de zombies, d’un long clip vidéo plutôt, sans dialogues… Ça commencerait dans un cimetière embrumé, non loin d’un drive-in, il y aurait des cheeseburgers avec trop de ketchup, de la cheerleader écervelée et poitrinalement bien fournie, de la tronçonneuse et de la pince Monseigneur, de la cervelle à nue, des courses-poursuites improbables, des cul-de-sac et des gags granguignolesques type zombie affamé qui se casse la gueule sur un os dépassant d’une tombe…
Les morceaux forment ainsi un tout assez homogène, dense, parfois un peu pouding si on écoute l’album d’une oreille distraite. La faute à un son massif, plein de relief, mitonné par Carvin. La section rythmique mastodonte est réglée comme un métronome, Samy grave dans le marbre (funéraire) l’identité du groupe à coup d’harmonies et de soli chiadés, tandis que Forest fait varier le tout sur la corde raide avec ses mélodies ciselées (« Pitch Black », « Colder Than A Reptile », « Injected Poison »…). Le tempo accélère, ou devient plus lourd, les morceaux à tiroirs, souvent au-delà des 3 minutes, égarent un peu l’auditeur par moments : on s’approche par bien des aspects du concept-album avec diverses palettes d’émotions, et divers degrés d’urgence ressentis (« You’ll Rise Stronger From The Grave »).
Plusieurs amis sont venus prêter main forte, tels qu’Elibats des Hellbats (autre groupe de Nasty Samy) sur « Bugs » (texte + chant) ou Sylvain Bombled (1er chanteur du groupe) sur l’instrumentale « Sheer Terror »…
L’album souffre un peu d’un "syndrome ventre mou" en milieu de tracklist avec une instrumentale et des titres comme « Bugs » et « Black Mark On Dark Uniforms » moins convaincants. Pour autant leur musique fourmille tellement de détails qu’il est difficile de bouder son plaisir et de ne pas rentrer dans le délire. Mélangeant avec brio divers styles à grosse teneur en testostérone, The Black Zombie Procession déterre les riffs comme les macchabées, et incarne à merveille, et au premier degré, le terme « underground ».
Note : 18 / 20
Année : 2008
Durée : 56 minutes
Labels : Kicking Records
Tracklist :
01. Colder than a reptile
02. I miss the darkness
03. Hell's infection
04. Toxic punch
05. Almost human
06. Nasty stomp
07. You'll rise stronger from the grave
08. Black mark on dark uniforms
09. Bugs
10. Sheer terror
11. I found a body in my trunk
12. Satan told me to
13. Pitch black
14. Serve the public trust, protect the innocent, uphold the law
15. Injected poison
16. Soul dealer
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