Contexte :
En 2004, les californiens de Pulley reviennent avec un album pour la première fois produit par Matt Hyde (Slayer, No Doubt, Sum 41, Fu Manchu, Monster Magnet, etc..) et non par Ryan Greene comme pour les 4 autres sorties du combo (toujours sur Epitaph). Selon la promo qu’en fait Epitaph, sur cet album "The sound is catchy, heavy and beautiful all at once" rien que ça, tout un programme !
Chronique :
Trois ans pour pondre 11 titres, et voilà enfin le nouveau Pulley ! On était certes habitués à la relative lenteur de composition du groupe, mais maintenant que Scott a arrêté le baseball on était en droit d’attendre d’un si grand laps de temps entre deux albums, une production au poil. Tout ça pour dire que cet album était plutôt attendu au tournant.
Matters est le premier album depuis la mort de Jim Cherry qui avait quitté le groupe en 2001, juste avant l’enregistrement de Together Again For The First Time, le très bon album qui avait marqué un virage nettement plus pop. C’est en tout cas ici, la première apparition sur CD de Jim Blowers à la gratte remplaçant du regretté Jim. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à la première écoute il est bien difficile de se remettre dans le bain. Après tout ce temps de silence, d’autres albums aux styles et aux talents divers sont venus occuper nos oreilles. Le style Pulley version 2004, qui nous revient avec sensiblement les mêmes arguments ne propose donc pas une dose d’innovation très scotchante de prime abord. Le groupe est coutumier du fait : quelques gros tubes, quelques excellents morceaux à son palmarès et pas mal de remplissage, la fameux syndrome du "ventre mou" qui était souvent à regretté depuis leur tout premier album Esteem Driven Engine. Depuis 2001 le groupe avait donc viré vers un style concédant plus de penchants pop dans sa musique. Alliés à sa base skate punk, ces éléments de bonne humeur, de fun, de sens de la mélodie, avait rendu Together Again… très accrocheur, varié et frais.
Même recette ici, le disque est truffé de senteurs pop, de mélodies qui fleurent bon la joie de vivre ("Stomach Aches"). Finalement, après plusieurs écoutes, et passé l’a priori qui voudrait que le pop punk soit synonyme systématique de médiocrité, ben figurez-vous qu’on accroche pas mal ! Alors il faudra d’abord de ré-habituer au mixage si particulier, faisant un peu penser à Sum 41 (mais avec la voix de Scott hein), très prononcé et mis avant. Le nouvel ingé son a encore semble-t-il accentué cet aspect. De son côté le chanteur-baseballeur-skateur a pas mal amélioré son intonation et sa palette de chant, aidé par des chœurs de bonne facture, et toujours, on l’a dit, avec ce sens de la mélodie qui fait (tue-)mouche...
Les refrains de "A Bad Reputation" ou "Suitcase" bénéficient souvent, en opposition aux couplets, et via des montées en puissance, de riffs plus puissants, de rythmes revus à la hausse, de choeurs et d’entrain d’autant plus appréciables qu’ils sont finalement assez prévisibles et classiques. Le paradoxe est là, avec Pulley on se laisse aller (ou pas…) à une musique et des mélodies faciles, acharnés que nous sommes les trois-quarts du temps, à rechercher la complexité, la technicité, l’innovation… alors voilà certains accepteront cette concession, d’autres non. Selon l’humeur Matters peut alors se révéler être un album joyeux et pas prise de tête, tout comme un album carrément chiant, déjà entendu et gnan-gnan… la ballade de fin (belle, ceci dit) n’arrangeant rien…
Impression mitigée, difficile finalement de chroniquer un tel disque, à géométrie moins variable que l’état d’esprit avec lequel on l’aborde, le charisme et la personnalité d’un album ne se quantifiant qu’à grands coups de subjectivité. Cependant, comme toujours, le lot de bonnes choses est au rendez-vous ("Hubber Breeze" et son solo, la fin de "Insects Destroy", "YSC" et sa mélodie à la Bad Religion…). Certaines tunes ont ainsi de la pêche à revendre (par intermittence) comme "Looking Back", "Poltergeist" et d’autres qui alternent avec des refrains plus joyeux poppy-gentils, beaucoup de tunes ont des passages de gros speed mais dommage que, de manière générale sur l’album, Palermo ne soit pas plus servi par la prod, dans ces moments là… De purs tubes comme "Suitcase" et sa superbe mélodie réhausse toutefois l’impression générale, d’autant que les morceaux semblent meilleurs vers la fin ("YSC", "Stomach Aches"…). On a ainsi, arrivé au 11è morceau, le sentiment d’être finalement rentré dedans, oui mais voilà l’album est fini…
Pour conclure Epitaph n’avait donc pas si tort que ça en parlant de son heavy, catchy et beautiful à la fois sur cet album. En témoigne
"I Remember", excellente, où tous ces éléments se retrouvent… mais voilà, peut-être malheureusement de façon trop rare, parsemée et inégale sur un album qui l’est tout autant en même temps qu’il se montre moins rafraîchissant que le précédent… un bon album de Pulley toutefois.
PS : vous trouvez pas que la mélodie de guitare entre la 15ème et la 25ème seconde sur "Insects Destroy"… fait penser à du Mylène farmer ?
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