Burning Heads + Unco + Dead Pop Club + Dirty Fonzy + Gravity Slaves + JetSex le Elysée Montmartre (Paris)

En pleine tournée exceptionnelle de 50 dates en 51 jours, les Burning Heads et les Uncomonmenfrommars ont décidé de passer par la capitale pour défendre leur split album sorti l’année dernière, Incredible Rock Machine, qui donne son nom a cet Incredible Rock Machine Tour, ainsi que leurs deux nouveaux opus (Bad Time For Human Kind pour les BH et Scars Are Reminders pour les Unco).Plus qu’une simple date noyée parmi d’autres comme une goutte de wiskhy dans le sang de Lemmy de Motorhead, celle-ci possède un caractère exceptionnel, s’apparentant à un mini-festival. Pas une première partie, pas deux, ni trois, mais quatre. Autant que les Simpson ont de doigts. Rendez-vous est donné à 18 heures, en cette fin d’après-midi tellement ensoleillée que l’on regretterait presque que cette date n’ait pas lieu en plein air. C’est donc dans un Elysée Montmartre à configuration réduite, diminué aux deux tiers de sa capacité par un rideau, que notre belle jeunesse met une petite parenthèse à sa grogne pour se frotter à une autre espèce de casseurs moins lâches et débiles : des groupes de punk-rock, casseurs d’oreilles dans le bon sens du terme.

Premiers à rentrer dans l’arène : les fous furieux de JetSex. Devant un public encore très clairsemé et plus attentif que réactif, l’hydre a cinq têtes ne se démonte pas. Avec un son très gros (à la limite du supportable) et une énergie au moins aussi grosse, le combo hardcore parisien balance les brûlots de Paris By Night ainsi que de nouvelles compos. Deux d’entre eux ont oublié de retirer leurs tenues civiles et ont gardé sur la tête leurs masques de cuir SM, dont le chanteur. Un chanteur qui donne tout ce qu’il a pour entraîner la foule dans sa furie, descendant de scène pour entamer un circle pit... tout seul. De même que ses prises de parole qui laisseront un public pas encore assez rempli de bière pantois. Le groupe partira quand même sous une slave d’applaudissements plus que mérités pour les grosses gouttes de sueur et la gorgée de bon son distillées par le groupe.

Venaient ensuite les Gravity Slaves, dans un registre musical assez proche des JetSex, entre hardcore et punk. La salle commence à bien se remplir. Le son a été baissé et personne ne s’en plaindra .Une petite demi-heure qui permettront à ceux découvrant le groupe (soit la quasi majorité de la salle) d’apprécier les morceaux du quatuor, qui bien que sympathiques donneront au fur et à mesure du set une impression de répétition.

Attendus par la partie la plus punk du public, les Dirty Fonzy passaient ensuite. Et plus qu’un passage, ce fut un triomphe. Les cinq keupons d’Albi ont complétement digéré leurs albums de Rancid, Operation Ivy et autres formations Hellcat, et nous délivrent le résultat pour le plus grand bonheur de nos papilles auditives. Déjà fédérateurs sur album, les refrains de Playing Punk Songs prennent une autre dimension en live. Le public ne s’y trompe pas et le pit va enfin se déchaîner, suite à l’apparition d’un certain Ed... Le gratteux-chanteur aux cheveux bicolores des Unco vient se frotter aux premiers rangs,et invite le pogo à débuter. Une invitation qui ne sera pas déclinée. La fameuse danse désordonnée bien connue des pros du dancefloor s’éxécute. Les poings se lèvent sur les refrains entêtants des Dirty Fonzy, comme par exemple sur l’excellent "The Worst", avec les cuivres de sortie pour se mélanger aux voix rauques. Un petit morceau acoustique à la très forte consonnance Dropkick Murphys, et le groupe repart sous les hourras d’un public conquis. Une très grosse performance.

Dur de passer après une telle tuerie. C’est pourtant le challenge qui attend les Dead Pop Club. Apparemment intimidés lors de leur entrée sur scène, les parisiens vont oublier leur trac après l’intro genre fim d’horreur de leur dernier excellent opus, Trailer Park. Le riff de "Cursed" envoyé, leurs morceaux oscillant entre pop, punk, noise, etc ; bref, rock, vont se succéder devant un public conquis. Les plus récents comme "Trailer Park Broadcoast" et son riff presque grunge, la tubesque et très attendue "Stupid Kid" se frottant à d’autres plus anciens comme "Satisfied", issu de Autopilot Off. Le guitariste-chanteur Olivier exécutera son traditionnel slam dans la foule, profitant ainsi de la plate-forme disposée devant la scène. Ingénieuse idée qui permet aux slammeurs plutôt que se faire choper par les cheveux par la sécurité de pouvoir repartir en toute quiétude nager sur les flots humains. Un petit circle pit spécialement pour les costauds, et le groupe s’en va, non sans avoir au préalable offert aux premiers rangs quelques verres de champagne pour célébrer l’anniversaire du batteur.

Peut-etre plus attendus que la tête d’affiche, c’est au tour des Uncommonmenfrommars de prendre leur tour de chant. Le groupe se présente comme les Burning Heads, entamant son set par le "Swindle" de leurs ainés, dans une version ska soutenue au chant par Pierre, chanteur des BH. Cette petite introduction sympathique achevée, il est temps pour ces quatre martiens de s’attaquer aux choses sérieuses. Comme sur Scars Are Reminders, c’est "All Or Nothing" et son riff entêtant qui déboule devant un public aussi hystérique que lors des shows des regrettés 2be3 (l’intégrale de leur série n’est d’ailleurs toujours pas prévue en DVD). "Thief" prend le relais, puis retour sur la période Noise Pollution avec "Dinosaur". A savourer, puisqu’il sera l’un des trois extraits (seulement) de cet album à être interprétés ce soir avec l’obligatoire "Noise Pollution" et la ballade façon James Blunt dopé aux oligo-éléments "You Can Be Evil", sur lequel Pierre (chanteur des BH donc) viendra de façon totalement improvisée transformer le refrain en "Sunday Bloody Sunday" , tube d’un groupe Irlandais underground. Car voila le petit bémol de la prestation des martiens : sur douze morceaux ,sept seront extraits du nouvel album, et aucun de Vote For Me ! Et ce au grand dam de certains, réclamant a corps, à cris et en choeur "Fat Boy" ou "Tatoo". C’est donc Scars Are Reminders qui est mis en avant, avec des titres comme l’excellente "Fingers To the Bone", la presque métal et premier singele "Dead Inside", l’éponyme "Scars Are Reminders", ou encore, choix contesté, la posée "I Stand Alone". Pas de "Stuck in The Past" malheureusement... Au niveau de la prestation, les quatre sont en grande forme, Big Jim donnant de sa grosse voix et arpentant la scène de long en large muni de sa basse typée métal, Ed sautant dans tous les sens et s’adonnant à un solo exceptionnel de deux notes guitare derrière la tête, et Trint s’essayant à son tour au jeu du slam depuis la plate-forme. Un petit "Oh les parigots" donnera lieu à un dialogue extrait du live déclenché par le public. Le split est à l’honneur avec "Johnny’s Got A Problem" et "Everyone’s Against Me", et le combo décide d’achever sa prestation très réussie par l’excellente "I Don’t Care", hymne punk-rock multilingue prescrit en thérapie pour l’épanouissement personnel.

L’heure est venue d’acclamer les vétérans Burning Heads, chefs de file du mouvement punk mélodique français. Là avant tout le monde, et pas prêts d’abandonner. La preuve avec une entrée en matière toute en décibels, veste blanche à la The Hives pour Pierre. Leur skatecore s’abat sur l’Elysée Montmartre. Beaucoup venus pour Unco découvrent le quatuor d’Orléans et apprécient les chansons punks de moins de trois minutes du combo. Ceux qui connaissaient déjà se régalent et reprennent en choeur les refrains, avec mention spéciale sur celui de "What I Want". Le nouvel album Bad Time For Human Kind est bien sûr amplement représenté, avec "Get That Gun Out Of My Chest" ou la tubesque "A Whole Life" et son refrain entêtant, mais c’est l’ensemble de la discographie du groupe qui sera parcourue pendant une heure et quart. Il faut dire qu’avec huit albums dans la charette, il y a le choix. Les morceaux de Dive et Super Modern World sont les mieux accueillis en général. Là encore un morceau du split est délivré, en l’occurence "Freedom Tower". Le groupe s’autorise à trois reprises des parenthèses raggaes tirées d’Opposite.Ca relaxe tout le monde, et sans doute JYB, qui peut s’éclater sur ses excellents parties basses et arrêter de franchir les deux mètres de hauteur en sautant sur les retours devant lui. Les "A Poil !" se succédaient depuis le début de la soirée. Ils allaient enfin être entendus. Comme dans une orgie romaine ou la chambre de Paris Hilton, une dizaine d’hommes virils quasiment tous à poil surgissaient des coulisses. On pouvait voir les cinq groupes précédents sous un nouveau jour... Ainsi pendant que les BH jouaient, Ed muni d’une cape-serviette essayait de s’envoler la queue entre les jambes, les membres de JetSex toujours cagoulés comme Z de Pulp Fiction faisaient boire à la régalade un veinard au premier rang (bon c’était moi). Un grand moment de poilade, et ce dans tous les sens du terme. Une petite pensée pour les manifestants anti-CPE et notre gouvernement chéri à qui les Burning Heads dédiaient la reprise des Adolescents ,"No Way", avec le retour des autres groupes habillés cette fois pour assurer les choeurs. A peine partis, les Orléanais reviennent pour un rappel de quatre titres qui s’achèvera par une reprise des Uncommonmenfrommars, "Swindle ", dans sa version originale et a nouveau soutenu par les groupes précédents.

Une conclusion idéale pour une soirée parfaite. Moins de 20 euros (19,80) pour six groupes embauchés pour cinq heures de concert punk-rock. Contrairement au CPE, on est renvoyé avec un motif de contentement et de fortes indemnités sonores. Qui dit mieux ?

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