Converge

Converge >> All We Love We Leave Behind

Contexte :

11 ans que Converge a sorti Jane Doe, l’album culte qui les a propulsés sur le devant de la scène. Les trois opus qui ont suivi ne les ont pas fait descendre du piédestal où on les a placés. Et ce n’est pas en 2012 que ça va changer, tant leur dernière production, All We Love We Leave Behind, est une merveille du genre.

Chronique :

D’habitude, Converge, ça se mérite. Il faut bien le reconnaître, on n’attend de personne de tomber amoureux de leur hardcore chaotique à la première écoute. Généralement, c’est plus un amour de raison qu’un coup de foudre. All We Love We Leave Behind pourrait être la première exception à cet état de fait. Qu’on s’entende bien, "accessible" est un qualificatif qui ne s’appliquera jamais au groupe. Néanmoins, dans sa globalité, l’album donne moins cette impression d’anarchie de composition et de randomisation de riffs.

Ce constat n’est pas évident de prime abord, tant la marque de fabrique de Converge est présente : riffs hachés ou dissonants, composition destructurée, tempo à 200 à l’heure, OVNIs à la batterie... Bref, ce n’est pas cet album qui vous réconciliera avec vos voisins. Il y a fort à parier que des chansons comme "Aimless Arrow" ou "Tender Abuse" à un trop haut volume vous vaudront des réflexions du genre "C’est pas bientôt fini la scie circulaire pour égorger les porcs !?" de la part de la mamie du palier d’en face. La pauvre néophyte passera donc à côté de toute la beauté, la complexité et la subtilité d’All We Love... Mais pas vous. Vous, vous comprenez que les larsens sur "Empty On The Inside" sont voulus. Vous comprenez que Ben Koller n’est pas là pour taper comme un sourd sur ses fûts, mais bien pour insuffler toute la puissance voulue dans des morceaux comme "Trespasses" ou "Sparrow’s Fall". Et surtout, même si ça prend un peu de temps, vous comprenez que la cohérence entre le chant et les changements de rythme de l’instru impose un calcul soigneux dans la composition, et non pas un enchaînement aléatoire entre les différents plans musicaux.

Ce dernier paragraphe aurait pu décrire n’importe quel album des Bostoniens à partir de Jane Doe. La différenciation de All We Love... par rapport à ses prédécesseurs vient de son côté plus catchy, qui se dégage sans qu’on ne sache trop à quoi il est dû.

Peut-être est-ce parce que, pour une fois, on comprend les paroles sans trop d’effort, et que le thème est universel : rares sont ceux qui n’ont jamais du abandonner quelque chose ou quelqu’un pour suivre leur voie. Et la notion clé ici n’est pas le regret, mais un hommage rendu à ce qu’on a laissé derrière nous.

Peut-être est-ce dû à l’exploration d’horizons beaucoup plus lourds musicalement ; des interludes plus posés qui tranchent avec le rythme effréné de l’album. L’emblème de ce changement de direction est "Coral Blue", née du génie du guitariste Kurt Ballou : un bijou de montée en intensité sombre et malsaine, le genre qu’on écoute en fermant les yeux et en se mordant la lèvre inférieure.

On pourrait étendre cette liste à l’infini sans mettre le doigt sur la bonne explication à ce côté accrocheur sur cet opus. La plus simple est que, depuis le temps que Converge fait partie du paysage du hardcore actuel, on a appris à les côtoyer et à accepter sa personnalité torturée au fil des productions. Avec ce nouvel effort, on parvient finalement à comprendre les Bostoniens, même si les surprenantes orientations prises nous font dire que jamais on n’arrivera à les apprivoiser. S’il y en avait besoin d’une, All We Love We Leave Behind est la preuve que Converge est un nom bien mal choisi pour un groupe qui n’a aucune limite.

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