Snapcase

Publié le 5 novembre 2007 par ForTheCause

Ce groupe, mythique par bien des aspects, a vu le jour au début des années 90 (en 1991 pour être exact) autour de Daryl Taberski (le chanteur à la voix reconnaissable entre mille). Le groupe est originaire de Buffalo, une ville située dans l’état de New-York. Le line up originel comprenait donc Daryl Taberski au chant, Tim Redmond à la batterie, John Salemi à la guitare, Scott Dressler à la seconde guitare et Bob Whiteside à la basse. Après avoir sorti un 7 inches ("Comatose" en 1991), le groupe signe en 1993 sur Victory Records.

Snapcase en est d’ailleurs un digne représentant puisque le groupe n’a pas quitté cette écurie depuis cette date. Leur première référence sur ce label, "Lookinglasself" sort l’année de la signature et arbore fièrement le numéro 13, car c’est aussi une des premières sorties du label. Il s’agit d’un 9 titres dans un style très hardcore même si c’est très éloigné de ce que sera le son du combo dans ses prochaines productions.

A ce stade, Snapcase commence à faire un peu parler de lui. Il possède surtout une solide base de fans très enthousiastes, qui les supportent à chaque concert. Le groupe attire de nombreux fans de Straight Edge, car il est sensible au message de ce mouvement. Cependant, ce n’est pas un groupe militant à proprement parler ; leurs lyrics invitent plus à une réflexion sur soi-même, sur ses désirs et son avenir. Le groupe pratique le Straight Edge (il le "vit" même, pourrait-on dire) mais il ne ressent pas le besoin de faire du prosélytisme. Comme le dit Darren, "Je n’aime pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire ou leur montrer quel chemin ils doivent prendre parce que je ne me connais pas moi-même." Puis, en 1995, le groupe sort "Steps" un EP de quatre titres qui rencontre un vif succès dès sa sortie. Il s’agit là d’une brillante introduction à l’univers du combo : un hardcore moderne résolument tourné vers l’innovation et l’inventivité. Allié à sa musique puissante (une base Hardcore aux accents dissonants, stimulée par une voix sans cesse sur la brèche), le message de Snapcase n’a de cesse de guider l’auditeur à travers un univers aussi sombre que réfléchi. Cette première percée leur vaut d’être comparés à Rage Against The Machine (à cause du son dissonant et bizarre des guitares) ou encore à Helmet, le groupe culte de Page Hamilton.

Mais si "Steps" laisse entrevoir la tournure exceptionnelle que prend l’univers musical du groupe, rien ne laisse augurer l’évènement que provoquera "Progression Through Unlearning" en 1997 lors de sa sortie (avec un line up légèrement différent : Frank Vicario a remplacé Scott Dressler à la seconde guitare). Il s’agit probablement de ce qu’on peut appeler aujourd’hui une véritable révolution musicale. Non seulement Snapcase rencontre un succès immense qui le fait connaître dans le monde entier, mais il change littéralement l’image que les gens avaient du Hardcore jusque là : on se rend compte que le HxC n’est pas seulement une musique de brutes qui passent leur temps à hurler très fort ou à se taper dessus mais que certains musiciens réfléchissent et peuvent livrer une musique à la fois violente et empreinte d’une réflexion pertinente. Cet album est tout simplement révolutionnaire à l’époque (même aujourd’hui on comprend quelle empreinte le groupe a laissé, à l’écoute de cet album). C’est aussi cet opus qui va leur permettre de faire des tournées plus médiatisées comme le fameux Warped Tour.

Les fans sont de plus en plus nombreux à les suivre et le groupe témoigne d’un grand respect pour son public : il essaie de créer une connexion, une connivence avec les personnes qui viennent à ses concerts et l’énergie positive qui s’en dégage en est une preuve flagrante. Le combo participe également à de nombreuses compilations et à des tribute albums ("Violent World : Tribute to The Misfist" ou encore "Never Give In : A Tribute to Bad Brains"). Après la révolution culturelle que provoque "Progression Through Unlearning", le groupe est attendu au tournant pour son troisième album. Snapcase attend trois ans avant de sortir son successeur (il faut dire qu’entre temps le groupe à enchaîné les tournées avec BoySetsFire ou encore Coalesce) et c’est donc en 2000 que sort "Design For Automotion", véritable manifeste pour une réflexion approfondie sur la nature humaine. A l’aube du troisième millénaire, son impact n’en est que plus grand. Ce coup-ci, c’est Dustin Perry qui remplace Bob Whiteside à la basse. Le style du groupe s’est épuré : la musique est plus rentre dedans et elle va directement à l’essentiel. L’album est truffé de "hits" comme "Target", "Bleeding Orange" ou encore "Energy Dome" et témoigne d’une réelle volonté de la part du groupe de s’éloigner de sa base Hardcore pour élargir son auditoire et ainsi mieux répandre son message et ses réflexions. Mais cette ouverture, Snapcase la fait en douceur pour ne pas oublier leurs "vieux" fans qui sont loyaux envers eux depuis ses débuts. En tout état de cause, cela n’empêche pas le choc causé par la sortie de "End Transmission" deux années et demie plus tard (cette fois c’est Tim Redmond, le batteur, qui laisse sa place à Ben Lythberg) ; le groupe ne se contente plus de révolutionner les règles du Hardcore : il les transcende littéralement. Snapcase guide son Hardcore vers des ambiances plus atmosphériques, plus planantes où la tension est nettement perceptible malgré tout. A l’instar de Neurosis, le groupe exploite cette veine plus calme pour faire exploser ses regains de violence, ce qui ne fait que renforcer leur impact. Tout de même, le choc est rude : il y a même du piano ! Certains fans ne s’en remettent pas et abandonnent le groupe à son nouvel univers. D’autres, plus tolérants, acceptent cette évolution naturelle et ne s’en remettent qu’à une chose : la talent du groupe. On peut affirmer sans peur que "End Transmission" consomme la relation qu’entretient déjà Snapcase avec un public plus large. Le clip du morceau "Coagulate" passe sur MTV (!) et l’album est consacré meilleur disque dans la catégorie "Heavy" par plusieurs magazines américains. Le groupe entame également des tournées avec des formations plus "mainstream" comme Deftones et surtout Papa Roach.

"End Transmission" s’apparente à ce qu’on nomme maintenant communément un "concept album". Le groupe y livre sa vision conceptuelle d’une société futuriste ; les lyrics du groupe ont toujours été un de leurs points forts par la réflexion et la maturité qui s’en dégagent. De même, leurs visuels d’albums représentent bien cet état d’esprit par des peintures un brin torturées et complexes (qui rappellent un peu ce que Scott Sinclair peut faire avec Hot Water Music). En 2003, le groupe réitère son envie d’expérimentation avec "Bright Flashes" une compilation d’inédits et de raretés qui comprend des reprises de morceaux de "End Transmission" à la sauce Drum’n’Bass ou encore des inédits très "roots" laissant apparaître une face très Punk et Rock ’n’ Roll que l’on ne leur connaissait pas.

En 2005, le groupe décide d’arrêter son aventure.

Mais en 2010 : surprise ! Snapcase se réunit pour quelques concerts (5 plus précisément), avec une escale au Groezrock (Belgique).

En tout cas, de par son univers musical, son évolution permanente, sa réflexion métaphysique sur la condition humaine et son sens des valeurs, Snapcase constitue un groupe exceptionnel et mythique sur bien des points. Tous ces éléments en font un des groupes les plus intéressants de la scène indépendante de ces dernières années et une influence majeure pour la majorité des groupes actuels, qu’ils soient Punk ou Hardcore.


La Discographie

2003 - Bright Flashes

2002 - End Transmission

2000 - Design For Automotion

1997 - Progression Through Unlearning

1993 - Lookinglasself

Les Chroniques
- ALBUMS / SPLITS


Bright Flashes (2003)


End Transmission (2002)


Designs For Automotion (2000)


Progression Through Unlearning (1997)


Lookinglasself (1993)