Pipedown - Enemies Of Progress

Contexte :

Quelques années après sa formation mais peu de temps après avoir enfin trouvé un line-up un tant soit peu stable, Pipedown signe sur A-F Records. Leur première production sort en novembre 2001 et s’intitule Enemies Of Progress. Ce disque développe sur 11 titres un Punk Rock rageur qui ne renie pas des influences plus musclées, quelque part entre mélodies et agressivité…

Chronique :

Si AFI n’était pas parti explorer sa face plus mélodique, voilà un groupe qui aurait pu lui infliger un sérieux coup de vieux ! En effet, Ean Elliot, le frontman de Pipedown à un timbre de voix qui rappelle tant le meilleur de Davey Havok (leader d’AFI) que ça en est presque troublant par moment ("Horror")… On peut d’ailleurs entendre toutes les particularités de l’organe d’Ean sur ce Enemies Of Progress : hurlements, incantations et autres cris en tout genre semblent être seuls maîtres à bord.

Musicalement parlant, Pipedown est un groupe qui assure un punk rock très agressif aux accents hardcore voire parfois screamo dans les parties chantées et la construction des morceaux ("The Dark" où les hurlements et les accélérations ont la part belle). Les morceaux sont vraiment bien foutus et on accroche dès la première écoute que ça soit pour le chant, les nombreux changements de rythmes, les lignes de basses comme il faut (la mal nommée "Mid Tempo Song") ou tout simplement les riffs de grattes percutants qui sans être vraiment originaux ont le mérite de dégager une sacrée énergie. Certains morceaux sont plus lourds par contraste avec la vélocité de certaines compos comme "Frequency Nine" qui rappelle franchement AFI période Shut Your Mouth And Open Your Mind. Si on ne savait pas que le groupe venait de Californie on en crierait presque : Dieu soit loué le East Bay Hardcore est de retour !

En clair, on pourrait définir la construction des morceaux comme un ensemble bâti sur la dualité basse/guitare enrobée par une batterie énergique, le tout emmené par des vocaux tour à tour intenses et mélodiques… Les "Monster" et autres "Progress Bomb" sont une belle illustration de cette définition.

Outre ces qualités musicales, Enemies Of Progress séduit également par son contenu : le livret reprend une citation de Greg Graffin (leader de Bad Religion et cartésien s’il en est, ce type a imprégné les compos de son groupe de ses propres visions apocalyptiques sur les progrès de la science dans des morceaux comme "21st Century Digital Boy" par exemple ) qui définit parfaitement l’esprit de la galette, "Early Man Walked Away As Modern Man Took Control". Pipedown ou comment-la-science-va-déclencher-l’holocauste ! Sérieusement, les lyrics sont plutôt réussis et le groupe témoigne d’une certaine maturité dans son écriture : "Risin’ Up" et son fameux refrain retranscrit sur la pochette du disque "Tear Down The Factory/Take Back Our Broken Lives" qui traite de l’aliénation de masse ou de la nécessité de stopper la technologie sur "Progress Bomb". Pour eux, le progrès est devenu d’abord un moyen de dominer certaines catégories de gens au lieu d’améliorer la vie de tous d’où le titre de ce premier album.

Excellent en tout cas, pour le contenant autant que pour le contenu, et qui a fait de Pipedown, une valeur sûre en matière de punk/HxC… Espérons que le message que véhicule le groupe soit entendu car comme ils le montrent bien, le savoir est la plus mortelle des armes…n’en déplaise à certains…

Pipedown