Interview avec Strung Out

Date de publication : 28 avril 2007
Alors que je cherchais quelqu’un du staff de Fat Wreck Europe pour savoir où allait se passer l’interview prévue avec Strung Out, je tombe sur Jordan Burns qui traîne près de son stand de merch. Il est disponible, moi également, pas la peine d’attendre deux heures pour pouvoir commencer l’entretien, j’enclenche le dictaphone dans le brouhaha du chapiteau.

Hey les gars, bienvenue en Europe ! Vous venez spécialement pour le festival, comment vous le sentez ce Groezrock 2007 ?

  • On est tous très excités par le concert de ce soir. On est vraiment content d’être ici au Groezrock pour la seconde fois.

C’est un festival spécial pour vous ?

  • Je pense que oui. C’est un super festival, on a la chance de retrouver beaucoup de monde, des amis. C’est vraiment bien de pouvoir retrouver autant de gens qu’on n’a pas vus pendant un long moment. En plus, le site est vraiment sympa.

Quels sont les meilleurs souvenirs de concerts que vous avez en Europe ?

  • On vient en Europe depuis longtemps, depuis 1994 pour être exact, donc c’est difficile de se rappeler de tout. Mais on a beaucoup de bons souvenirs et on espère en avoir d’autres dans le futur.

Vous serez de retour en Europe à partir de la fin juin. Est-ce que vous savez où vous allez jouer ?

  • A peu près, même si toutes les dates ne sont pas encore calées. Le nouvel album sort le 12 juin et pour la première fois dans notre carrière, on commencera par une tournée en Europe. On ne l’a jamais fait auparavant donc on a hâte de voir ce que ça va donner. On va partager notre temps entre des salles et des festivals. Je ne me souviens pas de tout ce qui est programmé mais on sera au With Full Force Festival en Allemagne.

Vous revenez du Japon je crois. Comment ça s’est passé là-bas et comment ont été accueillies les nouvelles chansons ?

  • C’était vraiment bien, le public est vraiment génial. On n’y était pas allé depuis trois ans et on n’a fait que trois concerts mais c’était vraiment excellent. Quant aux nouvelles chansons, on en a jouées quelques-unes et les réactions du public étaient vraiment bonnes.

Justement, parlons maintenant de votre prochain album, "Blackhawks Over Los Angeles". Plutôt que te demander s’il est plus metal ou plus melo ou ci ou ça, tu as une minute pour le promouvoir le mieux possible. Top !

  • Ah, c’est un peu difficile de décrire notre musique. Il y a tellement d’éléments, différents univers que c’est dur pour moi de te dire s’il est plus metal ou plus punk. Chaque membre du groupe propose ses compositions, ce qui fait qu’au final on ne va pas dans une seule et même direction. Je pense que cet album sera très différent du précédent, "Exile In Oblivion" et c’est ce qu’on essaye se faire sur chaque album de Strung Out. Nous, ainsi que les gens qui ont pu écouter "Blackhawks Over Los Angeles", on pense qu’il est dix fois meilleur que le dernier. C’est donc plutôt bon signe de recevoir plein d’avis positifs. en tout cas, ça nous renforce et ça nous donne envie de continuer.

Vous avez la particularité de travailler avec un producteur différent pour chaque album. Est-ce encore vrai cette fois-ci ?

  • Et non, comme pour le précédent, on a choisi Matt Hyde. Et je pense qu’il a fait un meilleur boulot sur "Blackhawks..." donc on est très content d’avoir travaillé une nouvelle fois avec lui.

Qu’est-ce qu’on doit comprendre du titre ? Ça parait très sombre et peut-être un peu politique non (ndr : les blackhawks sont aussi les hélicoptères de combat utilisés par l’armée américaine, rendus célèbres par le film de Ridley Scott, "La Chute Du Faucon Noir" – "Black Hawk Down" en VO) ?

  • C’est possible mais je n’ai pas encore bien en tête les paroles donc je ne peux rien affirmer. Il y a certainement un peu de politique là-dessous mais on ne fait pas de la politique notre fond de commerce. Je vais regarder les paroles que Jason a écrites d’un peu plus près mais il doit certainement avoir un message quelconque derrière ce "Blackhawks Over Los Angeles". Mais le mieux serait de lui poser la question directement (sourire).

Encore une fois l’artwork du nouvel album est très personnel et très réussi. Le groupe a toujours pris beaucoup de soin à ce sujet, qui l’a dessiné cette fois-ci ?

  • Comme pour tous les précédents albums, c’est Jason qui s’y est collé. Il a toujours tout réalisé, des pochettes d’albums aux dessins des t-shirts. On a vraiment de la chance de l’avoir dans le groupe, c’est quelqu’un de talentueux et de très créatif.

Peux-tu nous parler du prochain clip que vous avez réalisé pour le premier single "Calling" ? Vos clips sont toujours très réussis aussi...

  • Encore une fois, c’est un concept de Jason. On a fait appel à un de nos amis pour le réaliser. Je pense que c’est le meilleur clip que l’on ait fait, même si on n’en a pas réalisé beaucoup dans le passé. J’ai pu voir un premier montage et il sera vraiment cool. On a pris beaucoup de plaisir à le faire et j’espère que le public l’appréciera. En tout cas, c’est la première fois que l’on tourne un clip bien avant la sortie de l’album et je pense que c’est plutôt une bonne chose.

Jason est graphiste et tatoueur, tu fais de la réalisation de vidéos (ndr : notamment le DVD du Deconstruction 2004). Est-ce que c’est pour ça que vous faites attention à tout ce qui a trait à l’image du groupe, aussi bien pour les pochettes que pour les clips ?

  • En fait, c’est surtout Jason qui s’implique là-dedans. Il amène l’idée principale et nous la soumet. Ça va de paire avec son travail d’écriture car il y a toujours un sens, un but précis dans ses dessins ou ses idées de clip.

"Exile In Oblivion" et "American Paradox" marquaient une évolution dans votre style. Et pourtant, ils se sont classés dans le Top 30 du Billboard Independent. Tu en espères autant pour ce septième album ?

  • Ce n’est pas un chose que l’on essaye d’atteindre consciemment, comme une obligation tu vois. Ce n’est pas un élément que tu peux contrôler en tant que groupe car ce sont les gens qui achètent ton album qui te font rentrer dans les charts. C’est vrai que c’est gratifiant quant ça t’arrive mais ce n’est pas quelque chose que l’on recherche à tout prix. Si on rentre dans les charts, c’est bien, sinon tant pis.

Et pourtant vos fans de la première heure restent nostalgiques de la ’première époque’ du groupe marqué par le punk mélo "à la Fat Wreck Chords". Que leur dirais-tu ?

  • (silence) Je pense que je leur dirais qu’ils regardent l’évolution du groupe et les différents albums que l’on a sortis. Au sein du groupe, on ne pense pas qu’un album soit meilleur qu’un autre et pour moi, c’est ce qui nous rend intéressants auprès de nos fans. Pourquoi est-ce qu’on referait exactement la même chose ? Pour certains fans, leur album préféré c’est "Suburban Teenage Westland Blues" et ils attendent depuis 10 ans que l’on refasse la même chose. Ce qui est bien, c’est garder certains éléments des anciens disques, pas de les dupliquer encore et toujours. Ce que je veux dire c’est que l’on veut une progression, une évolution dans notre son. Dans tout ce que l’on a fait, on considère qu’il y une progression naturelle aux fils des années et des albums. Je pense que pas mal de gens aiment ce que l’on fait actuellement. Il y a tellement d’influences musicales diverses dans nos dernières productions que chacun y trouve son compte, aussi bien ceux qui préfèrent le côté heavy que ceux qui préfèrent le côté mélodique, comme ceux qui aiment les deux.

En parlant de punk melo au sens large, beaucoup de groupes ont splittés depuis le début de cette année 2007 (Good Riddance, Much The Same, Rufio, Satanic Surfers...). Qu’en penses-tu, est-ce que ça marque la fin d’une époque ?

  • C’est un peu triste, Good Riddance était vraiment un bon groupe. Lors de l’annonce de leur split, ils ont dit qu’ils pensaient qu’il n’y avait plus de place pour eux dans la scène actuelle, ainsi que pour le type de musique qu’ils jouaient. Je suis d’accord avec eux car je pense que quand tu joues de la musique, quand tu vas sur scène, tu le fais parce que tu aimes ça et que tu veux le faire aussi pour tes fans. Si tu n’as plus ce côté fun, peut-être qu’il est temps d’arrêter. Heureusement pour nous, tout va bien. On prend toujours autant de plaisir, notre musique s’améliore, donc je ne pense pas qu’on va splitter prochainement. Mais en même temps, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Les groupes suivent leur carrière et qui sait ce qui peut arriver. Mais j’espère qu’on continuera encore longtemps.

Beaucoup de gens adorent ou détestent Strung Out pour votre côté méticuleux, technique, très travaillé. Comment abordez vous l’exercice du live ? Est-ce que vous faîtes des changements dans les morceaux entre le studio ou le local de répèt, et la scène ?

  • Non, et je dois dire que les morceaux du dernier album ont été faciles à apprendre. On joue toujours les morceaux de la même manière, que ce soit en répète ou en studio.

Le line up du groupe n’a pas changé depuis bientôt dix ans (ndr : et le départ du regretté bassiste Jim Cherry). Comment vous faites pour rester motivés et créatifs ?

  • Je pense que la motivation vient de l’intérieur, pour chacun d’entre nous. et que cette motivation vient du fait que l’on aime jouer ensemble, que l’on a l’opportunité de voyager à travers le monde et d’y rencontrer plein de gens cool. Il n’y a pas beaucoup de gens qui suivent notre groupe et ce soutien te donne également l’envie d’avancer. Il y a des moments difficiles bien sûr, surtout quant tu passes de longs moments sur la route loin de chez toi. Mais en même temps c’est ça que l’on aime et tu arrives toujours à trouver de la motivation quelque part. Regarde tous ces gens ici qui viennent acheter nos t-shirts, qui veulent discuter avec nous, qui ont un tatouage avec le logo du groupe, ça te donne vraiment envie de continuer.

Il y a eu une rumeur à la fin de l’année au sujet de problèmes au sein du groupe pendant une tournée en Amérique du Sud, qu’est-ce qui était vrai et qu’est-ce qui était pure invention ?

  • C’est vrai que l’on a rencontré pas mal de problèmes là-bas, sur le déroulement de la tournée (ndr : confiscation de merch par la douane, organisateurs véreux...). Les gens ont développé leurs propres rumeurs de leur côté en postant des messages sur notre forum ou sur notre page myspace, ce qui était stupide de leur part et on a été dépassé par les évenements. Il ne s’est rien passé au sein du groupe donc ne croyez pas les rumeurs.

Tu figures régulièrement dans le top des classements de batteurs punk aux cotés de Byron McMackin (ndr : Pennywise) ou Travis Barker. Comment perçois-tu ces distinctions ?

  • Ça fait plaisir bien sûr quand ce sont des lecteurs d’un magazine qui votent pour toi. Surtout que je suis beaucoup moins connu que Travis. On est un petit groupe comparé aux énormes groupes dans lesquels il a joué. Voir que des gens s’intéressent de si près à ma façon de jouer de la batterie, ça m’encourage à jouer encore mieux.

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter au groupe pour son avenir ?

  • Je souhaite que notre groupe continue de grandir, qu’on puisse jouer dans des endroits où l’on n’a jamais joué, qu’on ait de nouveaux fans. Je pense qu’il y a énormément de gens qui n’ont jamais entendu Strung Out de leur vie et donc on peut encore grandir. Et je n’oublie pas le soutien de nos plus vieux fans, ceux qui ont fait que le groupe soit ce qu’il est aujourd’hui.

Un dernier mot pour votre public français ?

  • On adore jouer en France, comme partout ailleurs. Pour nous, il n’y a pas d’endroits meilleurs que d’autres pour jouer, ça se passe bien partout. Mais ça fait un petit moment que l’on n’est pas venu en France et la prochaine fois, on espère voir plein de monde qui auront envie de passer un bon moment.

Merci beaucoup Jordan. Et bon concert.

“Un grand merci à Nanette et Petra @ Fat Wreck Europe”

Questions : Punkfiction Te@m / Interview et Traduction : Ste



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