Interview avec Mad Caddies

Date de publication : 18 mai 2007
De passage par notre capitale le 18 mai dernier, les Mad Caddies nous accordent une interview. Le set de PO Box achevé, on retrouve leur drôle de manager et les membres du groupe dans leur loge. Le vin coule et ils sont tous affalés sur les canapés, "déchirés comme des draps de pauvres", comme dit l’autre. Ils reviennent de Hollande et apparemment n’ont pas ramené que du gouda comme souvenir… Initialement prévue avec le chanteur Chuck Robertson et le trompettiste Keith Douglas, on ne conversera finalement qu’avec ce dernier, sur les marches, derrière les loges.

Salut Keith ! Alors comment se passe la tournée ?

  • Salut à tous. Tout se passe super bien, on est toujours heureux de jouer en Europe, on s’amuse beaucoup et on a enfin pu faire une lessive aujourd’hui ! (ndlr : pourtant il sent pas franchement la rose !)

Alors avec ce nouvel album ? Comment sont accueillis les nouveaux titres pendant les concerts ?

  • L’accueil a été très bon. Tous ceux à qui nous avons parlé sont contents de la direction que nous avons prise pour ce disque, et dans le public tout le monde danse, prend du bon temps. Après personnellement quand je vais à un concert, je n’ai pas forcément envie d’entendre de nouvelles chansons donc notre set est plutôt équilibré... je crois. (rires)

Pourquoi avoir eu envie d’aller vers un son plus reggae ce coup-ci alors ?

  • On est naturellement partis dans cette direction à vrai dire, déjà avec "Just one more" et un morceau comme "Spare change ?" , il y avait une atmosphère plus reggae et c’étais notre base de départ pour "Keep It Going".

Les deux précédents disques "Rock The Plank" et "Just One More" étaient presque trop variés, ça passait d’un style à l’autre tout le temps, celui-ci, "Keep It Going" est très varié aussi, mais donne une plus grande impression de cohérence, est-ce aussi votre avis ?

  • Pour "Keep It Going" on avait 25 chansons, et on a fini par écarter 11 d’entres elles pour en garder 14. Ça s’est fait avec l’opinion de nos proches, de nos familles et de nos amis. On a choisi les 14 titres dont on était le plus fiers et on est super contents du résultat qui effectivement s’en ressent côté cohérence.

Il y a un featuring remarqué sur le disque : Duckie Simpson (ex-Black Uhuru) sur la reprise de Delroy Wilson "Riding For A Fall". Pourquoi cette chanson et comment s’est passée cette rencontre ?

  • C’est une chanson que nous aimons tous depuis des années, c’est un vieux classique de rock steady. On a juste commencé à jammer dessus, et c’était une chanson que nous voulions enregistrer, et quand on a commencé a travailler avec Wayne Johnson notre producteur, il était à Kingston et nous lui avons envoyer les fichiers protools. Il nous a donné une liste de personnes avec qui on pourrait travailler et Duckie voulait bien faire un featuring. Il a enregistré sa partie là-bas en Jamaïque donc on ne l’a pas rencontré mais on était très contents qu’il s’intéresse à notre travail !

En Jamaïque hein ? Ca a dû fumer sévère…

  • (rires) Ahah on peut dire ça… c’est un bon endroit pour ça ouais.

L’artwork de ce disque et toujours cette influence jazz dixieland font inévitablement penser à la Nouvelle-Orléans. Est-ce que c’est une ville, une atmosphère qui vous a beaucoup influencé ?

  • Ouais, sans aucun doute. Le Dixieland et le Ragtime font partie des Mad Caddies depuis et ont toujours influencé Sacha. La Nouvelle-Orléans est une ville impressionnante, un mix de plusieurs cultures, un passé voodoo et une histoire qui reflète aussi celle du groupe. On adore la musique et la culture et ça nous a toujours influencé. D’ailleurs le nom vient de France, non ?

Si, si héhé ! Pourquoi avoir choisi comme producteur Wayne Jobson ?

  • On a récemment commencé à travailler avec une compagnie de management pour la première fois, et il a fait beaucoup de choses pour nous. On le connaissait déjà un peu, il a une émission de radio à Los Angeles, et on a fini par lui parler pour l’album et il était bien intéressé par ce qu’on faisait, il nous a apporté beaucoup de fraîcheur et d’idées différentes pour le son général de l’album, donc on est très contents qu’il ait travaillé avec nous.

Le groupe n’a quasiment jamais enregistré de sessions studios avec le même line up, c’est un handicap ou tu dirais que ça vous a aidé à ne pas refaire la même chose à chaque fois ?

  • Ça a toujours été un handicap, on n’a jamais voulu se séparer d’un membre mais ça arrive malheureusement. Mais depuis "Duck and Cover" on a le même noyau : Sacha, Chuck, Ed et moi. Et on a le même batteur, Brian depuis 7 ans donc c’est quand même plutôt constant. Ça n’a pas été facile ces derniers temps de ne pas avoir de bassiste permanent. Un ami d’Angleterre, Chris, qui nous accompagne sur cette tournée va sûrement devenir bassiste à plein temps. Mais ce n’est jamais facile de devoir changer l’alchimie d’un groupe et de changer de musiciens.

Qui a fini d’enregistrer les basses sur l’album du coup après le départ de Mark Iversen ?

  • Mark avait a peine commencé quand il est parti donc c’est Sacha qui a tout fait.

Ah ok. Pourquoi n’avoir pas sorti votre album live ("Live From Toronto : Songs In The Key Of Eh" en 2004) dans la série des "Live In A Dive" de Fat Wreck ?

  • Parce qu’on ne voulait pas faire de comic book (mort de rire). On ne s’est jamais sentis comme étant un groupe de Fat Wreck, on adore le label et les gens qui y travaillent, mais on ne rentre pas dans la lignée des autres groupes donc là encore c’était cohérent de faire quelque chose de différent.

Est-ce que tu penses que fumer de l’herbe est indissociable de votre musique ?

  • Hum je ne sais pas. C’est vrai que notre musique s’y prête, j’imagine bien un kid se rouler un joint dans sa chambre en écoutant nos disques (rires). Après tout si ça rend notre musique plus appréciable, autant ne pas se gêner !

Lorsque vous êtes sur scène, vous ne voyez pas un gros nuage de fumée au-dessus du public ?

  • (rires) Si. Du coup je me demande où ils sont ! Non mais c’est une ambiance que j’aime, et tant qu’il y a du monde au premier rang qui fait tourner les joints…(rires).

Keith, il y a une légende autour d’une opération des dents que tu aurais subie pour pouvoir mieux jouer de la trompette, tu peux nous montrer tes dents pour qu’on puisse en avoir le coeur net ?

  • (rires) Et bien, c’est vrai que boire trop de tequila peut causer beaucoup de douleurs dentaires, mais pour l’opération c’est une blague, c’est juste notre batteur qui a fait le malin avec ça un jour...

Beaucoup de monde pense que tu es le meilleur trompettiste de la scène ska / skapunk américaine, est-ce que tu es d’accord avec ça ?

  • (sourire) Non… Déjà il faudrait sacrément avoir la grosse tête pour laisser quelqu’un dire de soi qu’ont est le meilleur…

Tom DeLonge ne se gêne pas lui…

  • Qui ça ? Le mec de Blink là ? Putain quel trou de balle… Angels et machin là, il s’est pris pour le nouveau Pink Floyd ! (rires) Pour en revenir à la question je ne suis pas d’accord avec ça, je ne m’entraîne pas, je bois trop, je fume... Je suis flatté que des gens pensent ça, mais je ne peut pas être d’accord là-dessus…

Qui sont tes modèles et tes influences ?

  • Hum, Chet Baker, Louis Armstrong... mais il y a plus que juste la musique, il y a aussi l’attitude, et je garde beaucoup de choses que je pu voir pendant d’autres concerts, l’énergie, la présence de groupes comme Bad Religion, Throwrag ou Manu Chao, Tom Waits..

Serais-tu aussi bon sans ton compère Ed Hernandez au trombone ? (duo vraiment impressionnant en live)

  • Non c’est sûr que comme nous somme à nous deux toute la partie des cuivres on est obligés de ne faire qu’un, de faire attention à ce que fait l’autre et on se complète.

Il y a quelques semaines vous jouiez au GroezRock Festival en Belgique devant pas mal de monde (lire le compte-rendu), et ce soir vous jouez dans une salle de 400/500 personnes, qu’est ce que vous préférez ? Et devant combien de personnes jouez vous normalement aux Etats-Unis ?

  • Les deux sont vraiment bien, ça peu sonner comme une réponse évidente, mais les gros festivals sont vraiment stupéfiants, c’est un gros rush et le public est tellement bruyant... mais trop loin. Tu n’as pas le mec à mowhawk bourré qui renverse de la bière sur ton retour et fait tomber les pieds de micros. Ce n’est pas le même feeling et tu ne te sens pas proche du public. Pour l’affluence, en Californie autour de 700 / 800 personnes alors qu’au Kansas ou en Alabama on a de la chance si on a 300 personnes. En fait on est mieux accueilli en Europe qu’aux States. Et puis on adore tourner en Europe, la culture, l’histoire, la cuisine... Je préfère l’Europe.

Quels plans pour le futur du groupe ?

  • Et bien on voudrait reprendre les 11 chansons que nous n’avons pas prises pour "Keep It Going" pour les retravailler, sortir un album pour 2009, continuer à voir de nouveaux endroits du monde et bien sûr continuer à jouer de la musique. Vous savez, "keep it coming".

Tu veux dire "Keep It Going ?"

  • (rires) Ouais c’est ça, keep it going !

Ok, merci Keith, et bon concert !

  • Ouf ! Ouah putain c’était une longue interview ! Non je plaisante... (rires)

“Merci à l’équipe Fat Wreck Chords Europe, Nanette et Petra, et merci à Keith d’être resté à peu près net alors qu’ils en avaient "de la bonne" ses potes apparemment !...”

PunkFiction Te@m



Copyright © 2003 - 2007, punkfiction.propagande.org. Tous droits réservés.
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.