Interview avec Against Me !

Date de publication : 2 juillet 2007
Rencontre avec Tom Gabel, chanteur d’Against Me ! et gueule d’ange de son état. Arrivée à 18h30 à la Boule Noire, avant le concert parisien du groupe, je me retrouve dans les loges, passe le bonjour aux gens présents dont un Andrew (bassiste) déjà passablement alcoolisé et enquillant canette sur canette. On se rend dans une petite pièce annexe avec Tom, où sont posées sur une table deux bouteilles de Jameson… La première chose qui me frappera c’est sa voix, très calme et tellement différente de quand il chante…

Salut Tom. Vous avez eu le temps de vous ballader dans Paris aujourd’hui ?

  • Même pas (rires). On a passé la journée à dormir, et on va pas non plus pouvoir en profiter demain, on doit se lever super tôt pour aller prendre le ferry pour les dates anglaises.

Vous commencez ce soir votre tournée européenne, non ?…

  • Ah non on a déjà joué à… attends (il regarde sur son pass avec les dates) à Amsterdam !

Bon bah c’est le pire début d’interview imaginable… Vous avez dû vous défoncer là-bas ?

  • (rires) Ouais plutôt !

Et vous avez ramené de quoi ? J’y vais bientôt et je me demandais si c’était risqué d’en ramener de là-bas…

  • (rires) Non on a pas voulu prendre de risques.

Juste avant vous êtiez en tournée avec The Draft, comment ça c’est passé ?

  • Ouais c’était super. On les connaît super bien comme ce sont des gars de Gainesville comme nous, les 3 ex-Hot Water Music sont des potes, le nouveau l’est devenu, on s’entend tous super bien et du coup bah ouais, on s’est payé une paire de bonnes cuites (rires).

Depuis le temps que vous êtes sur les routes, avec quels groupes préférez-vous partir en tournée ?

  • Hum…Je ne sais pas vraiment. En fait on s’est toujours super bien entendu avec tous les groupes avec qui on a partagé la scène et surtout une tournée… Des fois on ne connaissait pas les gens ou même leur musique avant de les rencontrer mais on a toujours sympathisé, et ce même avec des groupes différents comme Mastodon et Cursive…

Justement en parlant de cette tournée, Mastodon a une musique très… disons ’différente’ de la vôtre. Comment réagissait le public ?

  • Plutôt bien en fait. On a toujours eu une bonne ambiance pendant nos sets, et même les réactions des gens après étaient super positives. Il y a vraiment une grande tolérance entre les différentes scènes et les genres de musique aux USA.

Est-ce que tu dirais que maintenant avec votre statut vous pouvez partager la scène avec n’importe quel artiste ?

  • Peut-être pas Britney Spears (mort de rire). Quoique ça pourrait être marrant. Mais oui, je pense que l’on peut partager l’affiche avec n’importe quel genre de musique ou d’artiste.

Votre slogan semble vraiment être « We’re Never Going Home » (du nom de leur DVD). Vous faites tellement de dates que je me demandais si vous aviez un logement aux USA ?

  • Et bien figure-toi que je suis Sans Domicile Fixe depuis 2 jours ! (mort de rires) Mon bail allait de janvier à il y a deux jours de cela, donc là je suis officiellement un SDF. Mais je ne m’en rends vraiment pas compte, avec les trajets, les hôtels dans lesquels on dort… Ma vraie maison c’est la tournée oui !

Est-ce qu’il n’est pas trop difficile de rester concentrés sur sa musique avec tant de dates, jamais de lassitude ?

  • Nooon ! On adore ce qu’on fait, on vit pour ça. Le plus dur c’est les voyages, passer le temps avant le concert, aller d’hôtel en hôtel.

Comment passez-vous le temps justement pendant la tournée ?

  • Personnellement je lis beaucoup. On passe pas mal de temps à regarder les paysages des différents pays qu’on visite. Et puis on adore aller rencontrer les gens, parler avec eux et faire la fête.

Vous avez quand même trouvé le temps d’enregistrer, est-ce que vous commencez à composer sur la route ?

  • Oui beaucoup. Après pas mal de choses se rajoutent en studio, mais beaucoup d’idées sont issues de la route.

Comment procédez-vous pour la composition ? Tu composes d’abord à la guitare et à la voix puis tu montres tes idées aux autres qui se greffent autour ?

  • Exactement. Mais j’attends d’abord d’être super sûr de moi. Je veux que le morceau soit le meilleur possible et là je leur présente. Mais en fait je me moque un peu qu’ils aiment ou non ce que je leur montre (rires).

Comment réagit le public sur les nouvelles chansons ?

  • Plutôt bien. En général ils restent très attentifs sur le début, et dès qu’ils ont repéré le rythme et les paroles du refrain les gens se remettent à chanter avec nous. En tout cas on a eu énormément de retours positifs.

Est-ce que vous jouez les mêmes chansons tous les soirs lors de cette tournée ?

  • Non, on change la set list tous les soirs. Warren et moi décidons ensemble environ une heure avant le show .

Et ce soir vous aller évidemment en jouer beaucoup plus de 20...

  • (rires) Non, plutôt entre 15 et 20 en fait, on ne sait pas encore. Tiens laquelle tu voudrais entendre ?

Hum je sais que vous jouerez « Pints Of Guinness… » et les autres, parmi les nouvelles j’aimerais bien voir ce que donne « Piss & Vinegar » en live. (Et ils l’ont joué !) Je peux en choisir d’autres ?

  • Non quand même pas (rires). En général on en joue 4-5 du nouvel album.

Justement sur le nouvel album, pourquoi ce titre, "New Wave" ?

  • Hum on est vraiment parti du fait qu’on voulait entendre autre chose que ce l’on entend actuellement sur les ondes radio, la télé, tous les médias en général. Plutôt que de rester dans notre coin à maudire ce qu’il se passe, on s’est dit que ça serait mieux de tout faire pour nous imposer, parce que l’on veut entendre ce que l’on aime, et tous les groupes du monde ne devraient œuvrer que dans ce sens. Et la notion de vague signifie aussi que l’on veut balayer tout ça, cette merde mainstream dans laquelle on ne se reconnaît définitivement pas.

L’ensemble de l’album est plus « pop » que les précédents, j’ai l’impression que le premier single, « White People For Peace » est le morceau de transition idéal entre les anciens disque et "New Wave", qu’en penses-tu ?

  • Je n’y avais pas forcément pensé mais tu as raison. Je veux dire on est toujours Against Me !, mais il y a une évolution très nette sur cet album, et maintenant que tu me le dis c’est vrai que « White People… » est le pont parfait entre les deux derniers albums et le reste.

« Trash Unreal » est vraiment tubesque, ça sera le prochain single ?

  • Oui c’est prévu comme ça. Tu le trouves vraiment bien ?

Oui très efficace. Les chœurs derrière me font penser à du REM…

  • (mort de rires) C’est vrai du REM ? Oui je vois ce que tu veux dire… C’est vrai que ça sonne plutôt pop mais je m’attendais pas à ce que l’on parle de REM pour une de nos chansons mais c’est vrai qu’il y a peut-être un petit truc…

Justement tu as chanté avec les New York Dolls, ainsi que Michael Stipe (chanteur de REM) et Iggy Pop, tu as pu les rencontrer ?

  • Malheureusement non, on ne s’est jamais croisé… Sinon j’aurais demandé à Michael Stipe de faire les chœurs sur « Trash Unreal » (rires).

Un autre morceau sonne comme un single évident, « Borne On The FM Waves », avec une fille t’accompagnant au chant. Qui est-elle ?

  • C’est une chanteuse canadienne, Sarah Steven, qui en fait chante avec sa sœur jumelle. On délirait un soir avec elles, et elles ont proposé de chanter sur une de nos chansons pour déconner. Finalement on s’est dit qu’une fille sur ce morceau ça serait génial donc on l’a rappelé ! Tu en penses quoi du morceau ?

Très « pop » aussi, le riff de gratte est vraiment mélodique, le genre de truc qui te reste dans la tête et que tu siffles sous la douche.

  • Ah c’est bien ça ! Donc c’est que ça marche (rires).

« Stop » lui, est un titre très dansant, qui ferait presque penser à du Franz Ferdinand ou autres groupes british du genre…

  • Ah peut-être ouais. C’est vrai que la rythmique est très enjouée, mais en fait c’est quasiment un plagiat de… (là il me parle d’une chanson inconnu d’un artiste inconnu, en tapant sur sa cuisse et en chantant, effectivement c’est la même chose).

« Piss & Vinegar » (nouveau morceau qui dit ses quatre vérités aux groupes à la sauce MTV) est-elle destinée à un groupe en particulier ? On veut des noms !

  • (rires)Non on ne vise pas un groupe particulièrement, plutôt tous ceux qui aujourd’hui s’investissent davantage dans leur attitude et leur look quand dans leur musique…

Est-ce que ces groupes se maquillent ?

  • (rires) Peut-être bien quelques-uns oui !

On retrouve sur l’album "Americans Abroad", qui figurait déjà sur l’album live, pourquoi l’avoir remise sur "New Wave" ?

  • En fait on savait déjà à l’époque que cette chanson serait sur le prochain album, on voulait absolument l’enregistrer. On l’a mise sur le live comme un cadeau pour les fans en quelque sorte, qu’ils aient une espèce d’« avant-première ».

Vous avez travaillé avec un très grand producteur, Butch Vig (Smashing Pumpkins, Nirvana, Garbage, AFI…), vous n’étiez pas trop nerveux à l’idée de le rencontrer ?

  • En fait avant de le rencontrer je l’ai eu au téléphone. J’étais assez nerveux oui pendant les 5 premières minutes, mais il m’a très vite mis à l’aise. Et quand on l’a rencontré c’est allé tout seul, ce type est vraiment adorable et facile à vivre.

A quel point s’est-il investi dans l’album ? Il vous donnait des idées ?

  • Oui il était très impliqué. Ils nous donnait des idées, et moi il m’a beaucoup aidé. Il n’arrêtait pas de me pousser à écrire, écrire, écrire… Il m’a fait beaucoup travaillé pour que je sorte le meilleur de moi-même.

Est-ce que tu penses que "New Wave" est votre meilleur album à ce jour ?

  • Dès qu’un de nos albums sort je trouve que c’est le meilleur (rires). Il vaut mieux ça que de se dire « c’était mieux avant » non ? (dédicace à Francis Cabrel)

Exception faite de "Searching For A Former Clarity", vos albums comportent une dizaine de titres et durent environ 30 minutes, tu penses que c’est le format idéal ?

  • Oui, je pense qu’au-delà de 10 titres ça devient indigeste. Tu retiens plus facilement 10 titres, le nom des chansons, l’ordre… Enfin si les 10 titres sont bons. (rires) Et ça nous fait moins de travail (rires).

Des nouvelles chansons, quelle est ta préférée ?

  • J’aime beaucoup « Stop » et « Borne One the FM Waves », et “Ocean” aussi.

Et parmi les anciennes ?

  • Ma préférée est définitivement « Pints Of Guinness… » (grand sourire).

Beaucoup d’albums sortent début juillet, avec le vôtre, le nouveau Bad Religion, The Unseen, MxPx, Smashing Pumkins, Sum41, Yellowcard... Il y en a que tu attends ?

  • Hum non, vraiment. Je n’ai jamais été un grand fan de Bad Religion… Ouais je sais pour notre génération c’est une référence mais je n’ai jamais vraiment aimé. Pour le nouveau Smashing Pumpkins on l’a déjà…(devant mes yeux écarquillés) Tu en veux une copie ? Attends je vais regarder si on en a là… Ah merde les disques sont à l’hôtel, désolé. (si proche, si proche…)

Est-ce que vous avez rencontré quelques problèmes de la part du gouvernement après la diffusion de la chanson « From Her Lips To God’s Ear », sur les ondes et les télés ?

  • Non même pas ! On ne passe pas sur les télés nationales. Finalement t’as raison, c’est très frustrant que l’on ait même pas voulu s’en prendre à nous. (rires) Ils s’en foutent de nous ! (mort de rire).

Est-ce la musique qui influence le plus votre mode de vie, ou votre mode de vie qui influence votre musique ?

  • Hum c’est compliqué… Les deux sont vraiment indissociables je pense. La musique c’est notre vie, on baigne dedans tous les jours, mais notre vie est mise en musique… Oui c’est vraiment compliqué de répondre de manière poétique (rires).

Au début Against Me ! c’était juste toi et ta guitare. Comment as-tu choisi ce nom ?

  • C’est très con en fait (rires). Tu vois j’avais 17 ans, j’étais adolescent, donc je me sentais en rébellion permanente, j’avais l’impression que tout le monde était ligué contre moi, donc ça a donné "Against Me !", tu vois, "Ils Sont Tous Contre Moi !" (mort de rire).

Ta voix chantée est vraiment très différente de ta voix parlée, comment as-tu obtenu ce timbre si particulier ? C’est les clopes et l’alcool ?

  • Je ne fume plus désormais. En fait comme je ne savais pas chanter je passais mon temps à gueuler ! (rires) Mes cordes vocales ont souffert et ma voix est devenue ce qu’elle est, mais je ne pense pas que ça soit une super voix non plus…

Fais pas ton modeste ! Il paraît que c’est parce que tu étais très timide que tu as commencé à jouer, c’est vrai ?

  • Oui. J’étais toujours effacé, en retrait. C’est comme ça que je me suis mis à écrire. J’ai voulu m’exprimer donc je me suis mis à chanter ce que j’écrivais. Tout ce que je voulais c’était faire un petit concert devant une dizaine de copains, pour moi c’était le but final. Et juste avant de jouer je flippais à mort, j’ai cru que j’allais me gerber dessus ! (rires).

La rumeur veut que tu aies commencé à fumer à 12 ans. Comment trouvais-tu les clopes ?

  • Oui je devais avoir 12-13 ans. En fait je demandais à un clochard de me les acheter, ou je lui en empruntais en échange d’un repas. Je revois encore la tête de ma mère qui rentre chez elle et trouve un clochard dans sa cuisine (mort de rire).

Ce n’est pas votre première fois en France, quels souvenirs avez-vous conservé de vos venues ?

  • On a beaucoup de bons souvenirs des différentes dates, à Lyon par exemple. Mais on regrette de ne jamais pouvoir ramener d’objets, de souvenirs, on est tellement chargés avec le matériel…

Même pas de bouteilles de vin ?

  • Ah si ça on en a achetées, mais on les vide toujours avant de repartir !

C’est quoi ta bière préférée ?

  • Hum je ne bois plus de bière en fait, ça ne me rend pas dans le meilleur état possible pour chanter, tu sais, avec les renvois et tout ça. C’est une question difficile, attends…(il sort demander à Andrew et Warren dans la pièce d’à côté, la réponse est unanime : la Guinness !)

Hey depuis combien de temps Warren a sa barbe ?

  • Depuis 2002 je crois.

Il y a une raison particulière à ce qu’il la laisse pousser ?

  • Ne le répète pas mais (chuchotant pour ne pas être entendu) c’est parce qu’il est laid comme un pou (mort de rire). Non je plaisante, ça lui a juste permis de d’affirmer en tant que personne je trouve, il est mieux dans sa peau avec cette grosse barbe.

Ouais et puis les barbus ont la grande classe non ?

  • Ben moi en tout cas je n’arrive pas à en avoir, ça pousse là, là, là, y a des trous partout c’est horrible (rires).

Vous n’avez jamais essayé de le raser pendant qu’il dormait ?

  • Non, mais tu me donnes une idée ! Par contre une fois où il était complètement déchiré, on, enfin les autres, lui ont mis de la moutarde dans la bouche pendant qu’il dormait et lui ont mis un grand coup dans les testicules. (rires) Moi je n’étais pas ok avec ça, j’aurais retiré la moutarde de sa bouche.

Mouais c’est toujours celui qui raconte qui se dit le gentil de l’histoire, non ? (rires). Pour finir Tom, quand est-ce qu’on vous revoit en France ?

  • Là on finit la tournée européenne, on en a une grosse aux USA, on sera de retour ici pour le mois d’octobre !

Et bah on y sera. Merci beaucoup à toi et bon concert !

  • Merci à toi, c’était vraiment super cool !

Seb-O-Matic



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