Interview avec M-Sixteen

Date de publication : 20 juillet 2007
C’est après le concert à Lyon au Sonic en compagnie de Nine Eleven et The Amsterdam Red Light District que les membres de M-Sixteen m’accordent cette interview. Après avoir tenter de faire croire pendant dix minutes à Victor, le bassiste-chanteur, qu’on cherchait un endroit pour baiser, on va se poser au bord de la Saône pour démarrer l’enregistrement. L’appareil photo-numérique est en mode vidéo, pas beaucoup de batterie alors on se dépêche un peu…

Pour commencer, voulez-vous présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

  • Jerome (batterie) : Alors on s’appelle M-Sixteen (pour ceux qui ne savent pas ce qu’ils sont venus lire) et on vient de Paris. Le groupe existe depuis 2000. On a sorti un EP 6 titres en 2001, un split avec The Missing 23rd de Ventura (Californie) en 2003 et nous venons tout juste de sortir notre premier album il y a quatre mois.

La formation de base a donc été modifiée peu de temps après les débuts du groupe avec l’arrivée de Michael et Renaud aux guitares. Comment se sont passées ces rencontres, des potes, des annonces…

  • Jerome : Alors Michael on le connaissait parce qu’il jouait dans Softworld, un des premiers groupes de hardcore-mélo parisien avec Homeboys, Nothing More… Et Renaud en mettant une annonce sur Warmzine tout simplement.
  • Renaud (guitare/chant) : Non c’était sur meetic (rires).
  • Victor (basse-chant) : Renaud a apporté un côté un peu plus lourd au groupe, ce qui m’a permit de me mettre à gueuler un peu parce que j’aime bien ça.
  • Michael (guitare) : C’est pour cette raison que la première démo est un peu le cul entre deux chaises, avec deux morceaux de la formation de base et donc très mélos, et le reste avec la formation actuelle et donc un peu plus hardcore.

Une question qui a du revenir maintes et maintes fois, mais pourquoi ce nom qui est tout simplement l’arme de point de l’armée américaine ?

  • Jerome : En vérité c’est très simple, c’est Rafik qui était dans la première formation avec moi à la batterie et Victor à la basse (et désormais en tant que guitariste-chanteur dans Hogwash) qui a trouvé ce nom. Alors il suffirait de lui demander !!
  • Renaud : On a voulu chaner de nom à un moment mais les idées ne venaient vraiment pas. De plus c’est quelque chose qui était là et du coup c’est resté.
  • Jerome : Je pense que je peux quand même expliquer ce qui selon moi était l’idée de Rafik. Ce serait certainement quelque chose de paradoxale puisque concrètement les armes sont une concrétisation de la violence et c’est quelque chose que l’on n’aime pas.

Donc il y a bien une connotation plus ou moins politique derrière ce nom ?

  • Renaud : Au début du groupe on était un petit peu tombé dans le cliché du groupe de punk-hardcore politisé.
  • Jerome : La plupart de nos textes l’étaient, c’est vrai.

Et maintenant ?

  • Jerome : Ils le sont de moins en moins, tout simplement parce que c’est une chose que l’on ne maîtrise pas et qu’on laisse à d’autres. Plutôt de que de mal le faire on préfère ne pas le faire du tout. On est juste des musiciens.

D’ailleurs, vos textes ne sont pas écrits en entier sur le livret, pourquoi ?

  • Renaud : En fait on devait payés à la lettre et ça nous revenait trop cher ! (rires)
  • Michael : Non en réalité on préfère peut-être que les gens se fassent leur propre idée du truc. Les textes ont été pas mal modifiés au cours de la composition ou de l’enregistrement mais ce n’est pas par désintéressement, c’est juste que l’on passait régulièrement d’une idée à une autre.
  • Jerome : Ouais, mais aussi il y a le fait qu’on ne cherche pas à donner une leçon à travers des slogans sur un refrain par exemple, on préfère que les gens puissent eux-mêmes se donner une idée de la signification des mots. Ce n’est pas qu’on a honte de nos textes comme il serait possible de le penser. D’ailleurs je peux moi-même comprendre la frustration de la personne qui achète le cd et ne trouve pas tous les textes dans le livret alors que moi j’aime les avoir. Mais j’ai quand même été partisan de ce fait.

Beaucoup de groupes qui sont assimilés à vous musicalement comme Strike Anywhere ou No Trigger sont très engagés et peuvent donner l’impression de donner des leçons…

  • Renaud : Justement nous on ne se revendique pas comme un groupe engagé. Par contre tu nous compares à Strike Anywhere et même si bien évidemment on aime ce groupe, on ne le ressent pas comme une influence. C’est plus une question de circonstances : Victor a une voix qui s’en rapproche de temps en temps et on évolue dans un style proche, mais nous écoutons beaucoup de choses différentes à ce genre de groupes.
  • Michael : Moi j’aime beaucoup ce groupe mais je leur reproche d’être justement un peu trop donneur de slogans faciles. A l’époque du split avec The Missing 23rd on a essayé de faire des morceaux engagés avec par exemple « Voting Patterns » qui parle du vote, mais le problème est qu’il est très difficile de faire sonner quelque chose et qu’il soit en même temps parfaitement représentatif de ton opinion, surtout dans une langue qui n’est pas la tienne.
  • Renaud : Il nous arrive même de composer en chantant en yaourt pour donner une mélodie à la voix, et ensuite on greffe des textes dessus.
  • Jerome : La voix est pour M-Sixteen plus perçue comme un instrument qu’un porteur de message, mais je comprends parfaitement que l’on nous montre du doigt car à la base le punk-rock est porteur de message.
  • Michael : Cela dit on ne tient pas forcément à rester punk-rock.
  • Jerome : Oui, mais on reste des punk-rockeurs dans le sens ou nous avons des idées généralement proches de ce mouvement.
  • Michael : Lorsqu’on sera capables de faire des textes dignes d’un Propagandhi là il n’y aura pas de problème pour qu’on les fasse. Je voudrais qu’il y ait une vraie réflexion plutôt que des slogans.

Donc si je suis bien, vous cherchez plus à amener les gens à réfléchir plutôt que de leur imposer une vision ?

  • Renaud : On ne cherche pas forcément à toucher les gens intellectuellement parlant. Nos textes seraient plus représentatifs de notre vision de la vie, une sorte de confession. On écoute des groupes comme The Mars Volta qui ne sont pas du tout politisés et qui restent pourtant furieusement rock. Cela dit, on ne raconte pas non plus n’importe quoi.
  • Jerome : Par exemple le morceau « Rouge » dont j’ai écrit la majorité des textes parle d’une jeune fille qui m’a dit avoir subit des violences sexuelles dans son club d’équitation (ndr : Jerome est surveillant dans un collège), et lorsque je l’ai présenté aux autres, ils n’ont pas réellement compris l’histoire !
  • Renaud : Moi je pensais que c’était une gamine qui s’était fait larguée par son mec ! (rires)
  • Michael : En fait on veux que la musique représente l’émotion du morceau sans pour autant qu’on soit obligé d’aller lire les textes.

Pendant qu’on est dans la politique, votre opinion sur le résultat des élections françaises ?

  • Renaud : Je reste sur l’idée de tout à l’heure en te disant qu’on n’est pas assez maîtres du sujet pour t’en parler même si c’est clair qu’on n’a pas votés pour Sarkozy.
  • Jerome : Moi j’ai quand même mon mot à dire : honnêtement si je devais sacrifier ma vie en mettant une balle dans la tête à Sarkozy pour sauver la France, je le ferais (ndr : Rico le chanteur d’ISP applaudit derrière). Sérieusement j’ai été beaucoup déçu que les gens aient été manipulés à ce point alors que sa connerie se voyait gros comme une maison, mais bon on va devoir faire avec pendant cinq ans…

Vous avez choisi d’enregistrer l’album le Loko Studio, pourquoi ce choix ?

  • Michael : On avait déjà enregistrés le split là-bas sous les conseils de nos potes d’Hogwash et du coup c’est devenus nos potes. On se sent comme chez nous là-bas.
  • Renaud : D’ailleurs on aurait, je pense, dépensés des millions si on avait enregistrés ailleurs par rapport au boulot accompli par les techniciens.
  • Jerome : Les premières prises ont débutées en août 2005, mais pour des raisons de prises de têtes, d’emplois du temps et surtout d’exigence, le tout a pris beaucoup de temps.

En tout cas toutes leurs dernières prods valent vraiment le coup, mais est-ce qu’ils vous ont aussi drivés musicalement ?

  • Renaud : Ils nous ont surtout subit ! (rires)
  • Michael : Ce qui est bien avec eux c’est qu’ils donnent leur avis sans pour autant nous forcer à modifier des choses.
  • Renaud : Cela dit ils ont ce travail de producteur avec d’autres groupes, et de plus en plus d’ailleurs.
  • Michael : C’est avant tout Sébastien Langle qui a passé beaucoup de temps pour nous, il a accomplit un travail titanesque et on tient à le souligner.

Des ambitions pour la suite ?

  • Renaud : Bah on parlait de Sarkozy, justement j’aimerais bien devenir président de la République ! (rires)
  • Jerome : On va faire pas mal de dates à la rentrée avec The Twisted Minds (ndr : youhou !), l’album va sortir en Allemagne et en Angleterre sur Sound Of Life, en Italie sur Chorus Of One, on va aussi essayer de tourner dans ces pays…
  • Renaud : D’ailleurs on dit bien qu’on va essayer parce que même si il y a des groupes de grande classe en France, ils ont du mal à tourner et quand ils le font c’est pour jouer devant vingt pélos. Mais ce n’est pas désespérant, parce que si c’était désespérant on arrêterait. Jerome : On va essayer de faire quelque chose au Japon si c’est possible, aux Etats-Unis aussi avec nos potes de Much The Same qui cherchent un truc pour sortir notre album là-bas. Un deuxième album peut-être…
  • Michael : Ce n’est pas encore sûr çà vu le temps qu’on a mis pour faire le premier !
  • Renaud : Au contraire je pense, maintenant on a trouvé notre créneau et justement les idées arrivent plus rapidement.

En tout cas nous on l’espère ! ;) Merci à vous pour l’interview !

  • De rien, pas de problème !

Will et PunkFiction Te@m



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