Dead Pop Club - Home Rage

Contexte :

Ils ont presque un statut d’anciens les Dead Pop Club dans la scène française. Une certaine scène française, celle pas tout à fait passée au XXIème siècle, celle restée campée solidement dans ses chères 90’s, celle qui perpétue un son bien identifiable et qui a donc parfois du mal à se renouveler, d’où l’attente et le besoin de prendre son temps : 4 ans avant de voir débarquer ce Home Rage, c’est le tarif avec nos parisiens.

Chronique :

L’album punk rock français de l’année 2010 ? Ben ouais, en tout cas des six premiers mois pour sûr (avec le Twisted Minds). Dead Pop Club c’est pas du punk rock chanté comme les Cadavres, c’est pas du punk rock tricoté comme Belvedere, c’est pas du hurlé/déprimé comme Have Heart, ni du faux Minor Threat… C’est du punk rock d’inspiration emo/mélo/sunrise, du son 90’s à la française, de l’époque où cette scène avait son identité propre et intéressait à l’international. Bref c’est pas vraiment à la mode.

Après une trilogie chez l’inénarrable Fred Norguet, c’est en Ecosse que la bande est allée chercher son producteur, Chris Gordon (Baby Chaos), histoire d’insuffler un peu de neuf dans un style pas toujours évident à rafraîchir. On pense aux dernières heures de Seven Hate, on pense à Burning Heads pour ce phrasé franglais (« Second Chance »), à Gravity Slaves, à Nothing More, à Unco dernière mouture aussi, à Second Rate évidemment, mais surtout on pense à Dead Pop Club. C’est là tout le problème, et, à moins d’être totalement vierge en science « Emoglamienne » (cf. le collectif des années 2005, vers là…), Home Rage est un album pas si simple à appréhender.
Pourtant ce n’est pas le tube qui manque, la maîtrise non plus. Le groupe, sans doute conscient de cette difficulté, tente à plusieurs reprises, et souvent avec succès, de varier les plaisirs entre ambiances franchement pop (« Super Loser ») ou émotionnelles (« Code Blue », qui fait assez penser au Millencolin new look), et un passage à la vitesse supérieure judicieusement placé en milieu d’album (« Shut The Fuck Up And Sing »), avant le tube bien mélodique « Freaks And Geeks ».

Ce qui frappe avant tout, au fil des réécoutes c’est la manière qu’a groupe de décliner sur plusieurs registres un même son. On n’ira pas dire qu’il s’agit douze fois de la même chanson, mais ce sont ici les arrangements et le soin apporté aux nuances qui font le gros de la diversité de ce disque (« Dead Until Dark », « Home Rage », la pierre angulaire de l’album). Bien plus que le chant agréable mais assez « mono-registre » d’Olivier en tout cas.
Le sens des mélodies aussi ça ne se décrète pas et ces quatre-là son premiers de la classe en la matière (« Second Chance »). Sans complaisance, ils prennent même un malin plaisir à faire monter la sauce, à se jouer du son massif que leur a octroyé la prod de C. Gordon, tel le chat torturant sa souris, sur des titres souvent rallongés avec brio, comme celui qui ouvre et celui qui clôt le disque : « Right At Your Door » (qui fout un beau coup de pied au cul 1 min 30 après le début) et « Priority Seating » avec ses 6 minutes assez épiques dont les intenses « Can you hear me, loud and clear ? » tireraient des larmes à plus d’un gros dur…

Et quand le disque redémarre, que les putain de « We feel so different, let’s make a difference ! » retentissent, on se dit qu’ils ont réussi leur pari : ce disque est un succès complet, dense et cohérent, avec un beau potentiel de vieillissement, là où d’autres s’apprécient de façon éphémère. C’est du « punk rock de garde », comme ces bières sur lie qui gagnent à être maturées, bichonnées, du punk rock pour auditeur patient et passionné, loin de la génération mp3, vieilli en cave de caf-conç’, sur le terreau fertile d’une scène loin d’être morte !...

Dead Pop Club