The Marxmallows + Dolores Riposte + Jedethan @ Paris, Le Batofar

Publié le 6 avril 2010 par Seb-O-Matic

... alors je me suis empressé de sortir. La douleur devenait insupportable. La souffrance s’inscrivait sur le visage de toutes les personnes entassées dans la cale. Les rétines commençaient à se dilater, les oreilles allaient se mettre à saigner. La crise d’épilepsie semblait aussi proche qu’après avoir passé 37 heures d’affilée à jouer à Crash Bandicoot en fumant de l’herbe de Shiva et en enquillant les litres de Red Bull coupés au Axe gel bain douche... Il fallait que les poumons s’emplissent d’air frais, et surtout que les yeux se reposent, puissent fixer quelque chose de nouveau sans être agressés aussi violemment que ceux du pauvre bougre d’Orange Mécanique. Les victimes se faisaient de plus en plus nombreuses sur le pont du Batofar, et après avoir repris leurs esprits, tous pointaient un doigt accusateur et un œil pleureur vers le responsable de leurs tribulations : ce putain d’ingé-light !

Jedethan s’était à peine installé (dans un grand, grand silence) et venait à peine d’envoyer ses premières notes que le crime était commis. Passait encore ce son trop puissant, avec trop de basses, venant faire vibrer les tympans, pauvres pop-corns coincés au fond du paquet. Les notes pleuvaient, le trio franco-anglais (avec comme frenchie Chamoule, ancien batteur de Guerilla Poubelle de son état) balançait toutes ses notes dans un déluge post-hardcore bien branlé, le public était attentif à défaut d’être passionné. Bref, une première partie tout ce qu’il y a de plus normale. Et puis le déluge visuel a commencé. Du rouge partout. A gauche, à droite, au fond de la scène, et même au plafond. Le Batofar se transformait en putain de dancefloor pour daltoniens, et il fallait clôre ses paupières toutes les 2 nanosecondes pour réhydrater ses yeux et les conserver intacts. Insoutenable. Il fallait comprendre. Quel vilain diable était derrière tout ça ? Un stagiaire atteint de Parkinson ? Un échappé d’une rave party formé sur le plateau du Bigdil ? La CIA remettant au goût du jour le programme MK-Ultra ? Saddam Hussein ?

Rien de tout ça. Un trentenaire. Bouc et cheveux longs. Sans doute métalleux. Ou fan de Pink Floyd. Il s’appliquait, cliquant sur sa souris (presque) au rythme des coups de grosse caisse ou des variations, alternant les effets pré-enregistrés dans son logiciel. Il était dans son monde. Pas de bol, aucun de nous n’y avait accès.

Heureusement Dolores Riposte sembla lui inspirer moins de feux d’artifices. Ou alors la vision des spectateurs était déjà tellement affectée que l’on ne remarquait plus ce déluge. Toujours est-il que le trio pop/punk remettait les pieds sur une scène, longtemps depuis la dernière fois apparemment. Hop ils entamaient avec une nouvelle chanson mid tempo, avant d’enchaîner dare-dare avec « Régis », sur lequel le batteur faisait admirer la lourdeur de sa frappe sur le break. C’était une toute nouvelle proposition de set qui était livrée à un public dont les premiers rangs composés de kids se transformaient en pogo de cour de récré. Un peu le cul entre deux chaises, les Dolores alternaient les enchaînements à la Green Day (la dernière note résonne encore qu’on part sur un autre morceau, avec renfort de chœurs et nouvelle mouture en options) et moments moins « pros » (séances de ré-accordages et recherche de blagues pour meubler). Difficile de voir où ils voulaient en venir, mais ils ne devaient en rien perdre la spontanéité qui caractérise leur musique. Les titres des deux albums furent passés en revue (« J’ai Pas Envie de Rentrer Chez Moi », « Si J’avais des Crayons de Couleur »), Krostif chanta tout seul (muni de la guitare) pour lancer « Monologue Pour Un Schizophrène », et le groupe, bizarrement, acheva son set par l’un des 3 nouveaux titres joués ce soir, lui aussi mid tempo (l’autre ayant comme nom de travail « Youporn »).

Il était temps pour les Marxmallows de s’installer, et de faire le bilan comptable de la soirée. Le Batofar était plutôt pas mal rempli, en tout cas bien plus que ce que l’on aurait pu craindre. Du coup une question se posait : où étaient tous ces gens quand des groupes aussi cool que les Apers passaient par la capitale ? Le quatuor parisien a su créer l’événement et rameuter copains et familles, tant mieux pour eux et pour le show. Le set se déroula dans une bonne humeur allant comme un gant de vaisselle à la musique très fraîche et enjouée du combo. Weezer faisait l’amour aux Ramones, la Fender jaune plaçait des riffs made in California, l’ingé light pouvait s’agiter derrière ses écrans, et tout le monde découvrait avec autant de bonheur sucré que l’ouverture d’un paquet de Dragibus ce que donnaient en live les nouveaux titres des Marxmallows. Tout cela passait très bien, avec des chansons pop/punk comme « Hawain Girl » ou « Everyone Hates », qui sonnaient très efficaces à peine entamées mais ne seraient pas forcément reprises le lendemain sous la douche... Quasi-traditionnellement, la fin de concert consistait en un reprise des Ramones (« The Crusher »), sur laquelle le bassiste s’emparait du micro, faisait tomber le t-shirt et dansant la Macarena. Nice.

Une soirée réussie en somme. Surtout pour le patron du Batofar depuis 2004 : un certain Alain Afflelou… Je vous laisse, j’ai rendez-vous chez l’ophtalmo.


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