Iggy & The Stooges - Yakayalé Festival @ Quimper (Le Pavillon)

Publié le 15 avril 2010 par Ripper

En 2008, je me souviens d’un soir de septembre qui m’avait marqué durablement. En effet ce soir là, avec 20 000 autres personnes j’avais vu en concert Iggy & The Stooges, avec Ron Asheton (rip) à la guitare, au festival de Saint Nolff en Bretagne.

Nous sommes en 2010, Ron Asheton est mort, Iggy fait des pubs pour des assurances qui n’assurent pas les musiciens (véridique !) et sort un album "jazz" (que je trouve très réussi)... Bref la question qui me tourmente, vous l’aurez peut-être compris, c’est bien : Est-ce qu’en 2010 Iggy Pop est toujours au top ? Est-il devenu une vieille loque qui se traine sur scène pendant une heure histoire de payer sa nouvelle villa ?
Mais avant de parler du concert d’Iggy & The Stooges en lui même, je dois bien vous parler des premières parties !

Malheureusement pour le tout premier artiste Mick Guerrand, je suis arrivé a la bourre (c’est grand Quimper !), c’est donc un peu avant Gaetan Roussel que je rentre dans la salle. Le concert n’est pas désagréable, il se donne du mal mais ce n’est vraiment mon truc (à part sa super reprise de Psycho Killer des Talking Heads), par contre les kikoolol déjà cuits s’en donnent à coeur joie pour pogoter sur les chansons les plus calmes ! M’enfin !... Bon c’est aussi la règle dans ce genre de festivals éclectiques. Encore que cette année, la prog du festival quimpérois à de la gueule niveau décibels...

Je fais donc un tour dehors en attendant Eiffel, et constate la diversité du public présent ce soir : lycéens qui sortent des cours, bobos, rastas, vieux metalleux, quelques crusts, des bébés rockeurs ultra lookés... et des punks. Passage par un stand de bouffe et je re-rentre dans la salle juste à temps pour le début du set d’Eiffel.

Le truc qui me saute au yeux, c’est la ressemblance physique du chanteur avec Bertrand Cantat de Noir Desir, tout le monde le dit... Sinon niveau musique ça joue bien, très bien même, ça alterne chansons très rock et ballades mélodieuses, cependant là encore, cela ne m’excite pas des masses. Le public est également plutôt mou, on dirait que pas mal de monde se réserve pour la suite...
Et la suite ! Quelle suite ! Dès le changement de plateau, on sent que l’on va morfler, les petits combos à lampe d’Eiffel sont remplacés par 3 gros stack.

Les musiciens rentrent sur scène, pour ceux qui ont décroché ou qui ne connaissent pas les Stooges version 2010, à la basse il y a depuis la reformation de 2003, Mr Mike Watt (fondateur des Minutemen et de Firehose), à la batterie le seul membre avec Iggy dans le groupe depuis 1967 (oui, oui, les Stooges existait avant Woodstock !), Mr Scott Asheton. Et à la guitare le revenant qui a joué sur l’album "Raw Power" : James Williamson.

La lumière s’éteint, l’excitation monte, le publique hurle, et c’est sur les premières note de « Raw Power » qu’Iggy déboule sur scène en courant et en enlevant une sorte de veste sans manche. Dans la fosse qui a eu le temps de se reposer pendant le changement de plateau, c’est l’émeute ! Le pogo se met en place pour ne plus jamais s’arrêter, les premiers rangs chantent le poing en l’air, les bébés rockeurs ne captent pas se qui se passent, ça bouge méchamment, des t-shirts volent dans les airs, des chaussures aussi, ça slamme déjà un peu...
Iggy nous lance des « Salou ! Salou ! » et c’est « Kill City » tiré de l’album du même nom (le 3ème dans la carrière solo d’Iggy Pop, album auquel a collaboré James Williamson), qui fera un peu retomber l’ambiance. Mais pas pour bien longtemps car c’est la violente et géniale « Search & Destroy » qui verra Iggy descendre de scène pour la première fois du concert pour faire participer les premiers rangs.

« Gimme Danger » et son riff entrainant prouve qu’Iggy Pop n’est pas seulement un formidable frontman mais qu’il a également une voix très polyvalente. La dansante « Cock In My Pocket » le verra aussi se gratter les c******* d’une manière très classe... « Shake Appeal » quant à elle laisse une dizaine de chanceux monter sur scène pour danser mais pas pour longtemps, car sur « Loose » le service de sécu fait vite redescendre tout ce petit monde avant que ne soit lancé « 1970 », et son refrain rageur aboyé par Iggy : "I feel alright, I feel alright".

Grand moment de ce concert, « Fun House » tiré de l’album du même nom, voit Steve Mackay apporter sa touche déjantée avec son saxophone. On continue dans le même album avec l’apocalyptique « L.A Blues » chanson que les Sonic Youth ou Nirvana n’auraient pas reniée tellement le son de guitare et l’atmosphère qui s’en dégage sont absolument décadentes...
Petit intermède instrumental ensuite avec « Night Theme », directement enchainé avec « Beyond The Law », tiré de "Kill City". Avec « Johanna », on reste dans le calme, James Williamson se fait plaisir et nous montre qu’il n’a rien perdu de son talent et que pour faire hurler une guitare il n’est pas moins bon que Ron Asheton quoi qu’en dise les puristes...
Encore dans le plus calme et tiré de la carrière solo de "l’Iguane" avec « Five Foot One », chanson passable pour moi sur CD mais qui prend une tout autre dimension en live. Avec « I Need Somebody », on retourne a l’album "Raw Power" et à une ambiance beaucoup plus thrash. Dans le public, la tension ne retombe pas et je ne me fais pas prier pour faire mon premier slam de la soirée après plusieurs tentatives ratées.

Apparemment, le passage calme du concert touche bel et bien à sa fin, et c’est « Penetration » qui verra Iggy faire encore le pervers sur scène. Tout cela c’est bien chouette, mais il est temps de passer à du lourd, du bien bourrin et c’est « I Got A Right » et son intro monumentale suivie par son riff incendiaire et les hurlements de déments d’Iggy qui voient la foule se transformer à nouveau en immense bordel ! Il est a présent temps d’en finir et d’aller se coucher, mais pas avant une dernière claque, et quelle claque ’’Motherfukerrrrrrr, this is the last fucking song of that fucking showwwwwww !’’. Certains d’entre vous l’auront peut-être deviné, il s’agit de « I Wanna Be Your Dog », reprise en choeurs par toute la salle.

Les lumières se rallument, tout le monde se regarde, certains sont en transe, tout le monde ou presque est en sueur, et et.... les lumières se ré-éteignent, une immense clameur monte dans la salle (même Philippe Manoeuvre, présent ce soir, n’a pas pu faire le balsé...) !
Iggy revient en premier suivi par les Stooges, et on repart avec « Your Pretty Face Is Going To Hell » et son solo qui déchire les tympans, enchainé directement par « Gimme Some Skin », puis un trip mortel avec « Death Trip ». Mais pour finir sur une note plus sombres et triste, c’est avec la superbe « Open Up And Bleed » que s’achèvera ce concert. Les Stooges se barrent, Iggy reste sur scène quelques instants, fait des grimaces, donne des coups de poings dans le vide et s’en va comme il est venu, en courant.

1h15 qui m’ont paru 1min15, j’espère qu’à 63 ans je serai aussi en forme que ça (apparemment le mode de vie « sex drugs & rock’n’roll » ça conserve). Enfin, il existe des artistes hors du temps et des modes, Iggy Pop est un de ceux-la. Respect !

Un mot aussi pour dire bravo aux No One Is Innoncent qui passaient après Mr Pop (et croyez-moi c’était pas de la tarte) et qui ont fait un set également très rock’n’roll (slam du chanteur, envahissements de scéne...), et en guise de rappel « Down In The Street » d’un certain... Iggy Pop !


Groupe associé
Stooges (The)