Interview - Justin(e)

Publié le 17 mars 2010 par Seb-O-Matic


Salut les Justin(e) !

  • Yo !

Alors comment est venue l’idée de ce split avec Diego Pallavas ? C’est vous qui avez choisi avec quel groupe collaborer ?

  • Alex : Le split est une idée de Guerilla Asso. Charly Fiasco et Guerilla Poubelle en ont déjà sorti un d’ailleurs. La collaboration avec Diego Pallavas ne date pas d’hier, Baptiste, leur chanteur était déjà venu chanter sur Accident N°7, notre deuxième album, et moi de mon côté je leur avais écrit une chanson sur leur album Série Noire.
  • Fikce : Et puis Batbat avait aussi remplacé Alex lors de notre tournée avec Dolores Riposte cet été, donc forcement ça crée des liens.

C’est votre premier enregistrement « officiel » avec votre nouveau batteur Fikce (en dehors de la reprise « Ils Skatent »), vous faites ça avec un groupe que vous respectez, et ce split fait suite à un album, Accident N°7, acclamé par la critique punk française. Pas trop eu la pression au moment de composer ?

  • Fikce : Si.
  • Alex : Non.
  • Fab : Alex ment. Moi je me disais que la barre était haute. Dans le feu de la création, je me suis dit que c’était très cool, là on a déjà un peu de recul, et je ne suis pas sûr qu’on ait vraiment réussi. Après on fait ce qu’on peut. C’est cool quand même.
  • Olive : La musique c’est pas une affaire de compèt’, les Diego sont bons dans ce qu’ils font et nous on se démerde dans notre créneau (je ne pense pas qu’on produise la même musique). Je pense que les morceaux sont moins bons que sur Accident N°7 mais on a fait ça vite et sans vraiment prendre le recul nécessaire. Les titres devraient quand même fonctionner en concert.

Apparemment le fil rouge de vos chansons (5 ?) est PKRK. En quoi et pourquoi ?

  • Alex : Pas tout à fait. En fait chaque groupe reprend seulement un titre des PKRK et Vincent leur chanteur a fait la pochette. Si fil rouge il y a c’est dans l’influence que les PK ont eu sur nos groupes respectifs. Mais ce split n’est pas un ensemble de reprises des PKRK.
  • Olive : En fait on avait parlé, il y a longtemps, de faire un split hommage à ce groupe dans le même type que celui pour les Zabriskie Point, en intégrant les Diego à la place de l’acoustique, et vu que ça bougeait pas trop du côté de GxP et Dolores, on s’est dit que ça serait cool de faire chacun une reprise et de mettre ça sur ce split. Sinon il y aura 6 titres chacun pour être précis.
  • Fikce : Il y a aussi un clin d’oeil déguisé aux PK pour un autre titre : notre reprise des Diego, « Mr V », est un hommage de Batbat à Vincent, nous l’avons transformé en « Mr B » pour parler de Batbat.

Sur le premier titre mis en ligne, « L’Adversaire », on retrouve le chanteur de Banane Metalik. Comment s’est arrangé ce duo ?

  • Alex : Les Banane Metalik m’impressionnent, je trouve ça puissant. Fabien avait composé une instru un peu dans cet esprit « retour des morts vivants », et quand on s’est imposé certaines figures pour le split (un duo par groupe, une reprise des PK, une reprise des Diego, un texte plus un chant sur une musique des Diego), on a tout de suite pensé à Cédric "Ced 666" pour chanter sur « L’Adversaire ».
  • Fab : Je suis plutôt pote avec les Banane Metalik, j’ai partagé pas mal de fois la scène avec eux que ce soit avec Ultra Vomit ou Justin(e) et je suis un gros fan, j’ai directement eu envie de les plagier avec une compo, je leur ai fait écouter et voilà !

Si à vos débuts on parlait de mélanges d’influences américaines et françaises, celles-ci ne sont plus forcément aussi évidentes que sur Du Pareil Au Même. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir réussi à trouver un son typiquement « Justin(e)ien », comme semblent le prouver ces nouvelles chansons ?

  • Fikce : Pour avoir suivi le groupe en tant que public avant de l’intégrer, je pense être assez objectif en disant que le « son » de Justin(e) est identifiable comme pourrait l’être celui de Guerilla Poubelle ou des Dolores Riposte. Je veux dire par là que même si on s’est permis de faire des chansons qui sortent un peu du schéma punk-rock sur ce split comme « Stephanie (prendra un whisky) », le fait est que la voix d’Alex, le jeu de Fab et les accords d’Olivier font désormais la couleur de Justin(e), qu’importe les types de morceaux joués.
  • Fab : C’est très dur d’avoir du recul, je peux pas te répondre.
  • Olive : Justine c’est une batterie qui fait poum tchak, une basse hystérique, des textes que je ne comprends pas toujours et une guitare simple et parfois tordue.

J’en parlais un peu avant, mais vous avez un nouveau batteur depuis l’année dernière. Comment se sont passées l’intégration et la transition ?

  • Alex : C’est devenu mon colocataire.
  • Fikce : C’est difficile pour moi, j’arrive pas à faire les roulements et puis avec eux je me marre tout le temps, c’est chiant.
  • Fab : Un changement de line up c’est toujours casse couille, mais là c’est réglé, c’est cool. C’est moi qui ai enregistré le split, et je trouve qu’il a été nickel.
  • Olive : J’aurais bien raconté une anecdote mais je raconte mal.

Entre les deux albums le bassiste vous avait également quitté, et vous êtes passés de 5 à 4. Cette nouvelle formule vous convient-elle mieux, et pourquoi ?

  • Alex : Non elle ne me convient pas mieux. J’adorais la présence scénique de Jack, sa pente dépressivo-laxiste, son côté j’en ai rien à branler. Je pense que c’est un manque pour le groupe.
  • Fikce : Moi c’est Djé qui me manque.
  • Fab : Et bien on a pas eu trop le choix, mais j’avoue avoir en tant que bassiste un épanouissement total. J’adore, je préfère en fait.
  • Olive : Musicalement, je préfère aussi la formule actuelle, une seule guitare c’est plus simple pour tout. Humainement c’est une autre affaire, on n’a jamais voulu que Jack ou Jérémy parte mais c’est cool parce qu’on est resté amis et du coup on continue de se voir.

En dehors des répercussions musicales, ce nouveau line-up vous divise également géographiquement, puisqu’Alex et Fikce vivent à Paris, tandis que Fab et Olive sont toujours à Nantes. Comment vous organisez-vous pour répéter, pour composer, ou même pour vous retrouver au moment de partir en tournée ?

  • Fikce : En dehors de week-ends programmés où personne ne joue avec son autre groupe, on répète peu. C’est dommage, mais ça reste difficile de manière logistique, même si je savais que ça allait être compliqué dès que j’ai accepté de rejoindre le groupe. Pour les tournées on prend nos vacances en même temps, puis on prend le train pour rejoindre les autres.
  • Alex : Cela devient pour ma part de plus en plus compliqué. Je me doutais que la distance géographique compliquerait les choses, mais à ce point là, ça me troue le cul ! Sérieusement, même si j’aime pas ça, le fait de ne plus répéter, de ne plus se voir aussi souvent pour parler de projet, du groupe... Tout est plus dur. J’ai un travail qui me prend beaucoup de temps et d’énergie.
    Tu vois là imagine on est dans un train vers le Havre avec Fikce et ça me fait trop chier parce que je viens déjà de me taper une heure de train et trois-quarts d’heure de métro après une belle bonne grosse journée bien crevante et j’ai envie d’aller me coucher. Ben non ! Faut que j’aille me branler la nouille au Havre. Enfin bon on y perd ce qu’on y gagne... Mais je sais pas si je vais pouvoir continuer longtemps sur ce rythme. Après on trouve des arrangements, on concentre les concerts sur les vacances scolaires, on va plus cultiver une logique de tournées que des concerts tous les week-ends...
    Pour la composition des textes c’est pareil. Pour les albums précédents, en bon chômeur, j’avais tout mon temps, là pour le split, j’ai un peu fait ça, vite fait, mal fait.
  • Fab : Je trouve cette situation pourrie, j’aime tellement le groupe et je sens que ça l’affaiblit, alors je suis triste.
  • Olive : Cela me manque de ne pas répéter avec les gars, on avance moins vite, le processus créatif en prend un coup. Composer dans l’urgence c’est bien mais ça ne laisse pas de recul.

Pour revenir à Accident N°7, il vous a apporté une nouvelle stature, mais toujours dans ce circuit confidentiel du punk rock français. Est-ce que quelque part vous regrettez de ne pas avoir été davantage exposés ? Plusieurs titres (« Festen », « Vie de Merde » ou « Affreux, Sales & Méchants ») auraient pu prétendre à tourner sur les « radios rock »…

  • Fikce : Avant de rejoindre le groupe je pensais réellement qu’il méritait sa place dans les playlist du Mouv’ ou de Ouï FM, mais bon ça reste quand même très difficile pour un groupe de punk rock de se placer sur les ondes, faut pas oublier que les morceaux restent quand même très agressifs à l’oreille d’une personne qui n’écoute que Coldplay ou Luke. Des groupes un peu dans la même veine que nous comme Guerilla ou Deportivo ont eu la « chance » d’être programmés, tant mieux pour eux, mais le fait de ne pas pouvoir bénéficier de ce type de promotion n’est en rien un regret.
  • Alex : Je pense pas que l’on soit à notre place sur des grosses radios.
  • Fab : C’est pas comme si on choisissait, mais voilà, j’aime être petit, ça nous va bien.

En parlant d’exposition, il y a depuis la rentrée cette websérie sur Goéland TV, où on suit vos frasques en tournée aux côtés de Dolores Riposte. C’est un peu le rêve de gosse non, de pouvoir filmer les conneries de la tournée ?

  • Fikce : Mon rêve de gosse c’est de vivre dans une ville construite en Lego. La série sur Goeland TV c’est cool ça fait des souvenirs pour nous, mais à part ça, ça n’apporte quand même pas grand chose au débat.
  • Alex : Non, moi je voulais être vétérinaire ou bûcheron. J’aime bien couper du bois.
  • Olive : Oh sans dec’, moi aussi je voulais être vétérinaire mais là j’ai mal à la gorge.
  • Fab : Pendant la tournée, j’étais persuadé qu’on était les plus cools du monde, du coup avec cette série, j’ai des doutes.

Les derniers épisodes n’ont (pour l’instant ?) pas été diffusés. Pourquoi ? Est-ce qu’il y a des moments où vous vous êtes dits « il va falloir censurer ça » ?

  • Alex : Oooooooooooooooooooh oui, y’a de la censure à fond !
  • Fikce : Moi je m’en fous de la censure, quand il y a une caméra, j’évite de faire des choses regrettables.
  • Fab : Oui car tu es sobre. Là on a fait n’importe quoi, je crois que y’a avortement de la diffusion... on a quand même des familles etc...

Et au contraire, est-ce que des fois vous en rajoutiez, en pensant à cette caméra et à l’image rock’n’roll qu’il convenait de donner ?

  • Fikce : C’est possible. C’est un peu ce que je disais au-dessus, quand il y a une caméra, c’est comme quand il y a un public, on est jamais vraiment soi-même.
  • Fab : J’en sais rien, je suis toujours un fanfaron, je veux faire rire mes copains, alors la caméra ne change pas grand chose, je joue toujours le clown.

Une des choses les plus dites à propos de Justin(e), c’est que les textes sont parmi ce qui se fait de mieux en France. Mais quand Alex présente ses textes au groupe, est-ce que tout le monde comprend de quoi il parle, ou alors vous vous dites que si vous ne comprenez pas, c’est que ça doit être intelligent, et donc c’est bien ?

  • Alex : Même moi je comprends pas mes textes, j’entends des voix et j’écris ce qu’elles me disent.
  • Fikce : Lesage avait ses Tombeaux, Vaillant a ses métaphores (Vaillant est le nom de famille d’Alex, mais cherchez pas à l’ajouter sur Facebook, il n’y est pas, ndr).
  • Fab : Au début je pige rien, et puis après ça va, mais je préfère pas comprendre plutôt que de comprendre que c’est pourri.
  • Olive : En moyenne je comprends que dalle mais comme c’est bien écrit et poétique ça me plait.

Blague à part, le cadavre exquis est-il une forme d’écriture récurrente ?

  • Alex : J’aime bien les surréalistes, mais non ma méthode ne consiste pas à relier des phrases sans liens apparents les unes aux autres, je pense que les textes gardent dans l’ensemble une certaine ligne directrice, il y a toujours un thème. Mais ta question tombe à point nommé, parce que s’il y a un cadavre exquis, il est sur le split. Faute, justement, d’avoir le temps de retourner les textes dans tout les sens, on a pris avec Fikce, des phrases au hasard, dont certaines trainaient depuis un bout de temps dans un de ses cahiers et on les a mises bout à bout, sans lien pour le coup.
  • Fikce : La jeune fille en uniforme hurle en faveur de Sade.

Le plus halluciné des textes est sans doute « Hors Sujet ». Quelle est l’histoire derrière ce titre ?

  • Alex : Pour le coup, système d’écriture communautaire, bourré à la bière. Le ramassis de toutes les conneries qu’on pouvait se raconter pendant les tournées.

Outre les métaphores et figures de style qui pullulent, le football est également très présent, alors que c’est un sport qui de par son côté populaire est généralement très mal vu dans le punk. D’où vient cette passion pour le foot ?

  • Alex : Cela a fait partie de mon éducation, j’ai baigné dedans et j’ai bien aimé ça. Évidemment qu’il existe une dimension sport business tout à fait détestable, mais cela ne me semble pas être une raison valable pour mettre de côté l’influence que le foot (entrainement mardi, jeudi, match le dimanche) a eu dans ma vie.
  • Fikce : Je trouve ça un peu con ce dédain pour le foot et les sportifs en général. Outre l’aspect financier parfois un peu démesuré, les footballeurs sont comme les musiciens qui ont décidé de vivre de leur passion et tout fait pour y arriver. Le discours « je ne vivrais jamais de ma passion » est louable si c’est un choix, pas si c’est un prétexte pour se vanter d’une pseudo intégrité. A part ça je retrouve dans le foot et dans certains sports des émotions que je ne trouve jamais ailleurs. A quel moment d’une vie peut-on crier de joie dans le même instant que 15000 personnes, si ce n’est que lorsqu’un but est marqué ? C’est peut-être con, mais un match c’est un des rares spectacles où 22 personnes improvisent pendant 1h30.
  • Olive : J’ai dû faire 4 mois de foot, après c’était l’hiver. Faut être con pour aller se les geler dehors par 2 degrés.

La chanson « Jean-Claude Suaudeau » a même été passée sur RTL. Est-il vrai que Coco a pu l’entendre, et savez-vous ce qu’il en a pensé ?

  • Alex : J’ai un pote qui joue à Orvault Sport (club de la région nantaise) qui est maintenant entrainé par Georges Eo, qui faisait parti du staff de Jean-Claude Suaudeau à l’époque du "Nantes Magnifique". Mon pote m’a dit : « je vais filer ton disque à Georges, il fait une belote tous les mercredi avec Jean-Claude ». On a fait ça, Jean-Claude l’a écouté et a trouvé ça sympa, il est même prévu qu’on se cale une rencontre un de ces quatre...

Vos chansons renvoient souvent à la lutte des classes, l’inégalité des chances… Pourtant vous n’apparaissez pas comme un groupe « en révolte » au sens punk du terme, avec discours militant et logos outranciers. Est-ce que quelque part, vous vous sentez désabusés par la société actuelle, et vos chansons deviennent des exutoires/constats ?

  • Alex : Aucun membre du groupe n’est inscrit dans un horizon vraiment militant au sens classique du terme (parti, syndicat, squat). Mais le politique touche directement mes activités professionnelles. Je traine depuis trois, quatre ans dans le milieu de la psychiatrie et de la pédagogie alternative, avec des personnes qui, pour le coup, luttent très concrètement pour maintenir des bulles d’air dans l’univers moribond de l’action sociale au sens large. Travailler les institutions, leurs organisations (non hierarchisées, homogénéité des salaires, organisation libre et autogérée de l’emploi du temps, responsabilisation et participation active des pensionnaires, psychotiques, enfants « momentanément » en difficulté), tout ça c’est du politique et déjà du militantisme. Donc mes influences ne bougent pas et je cite toujours les mêmes : Deleuze, Guattari, Tosquelles, Jean et Fernand Oury... Les éditions Maspéro puis Matrice...Tout le travail d’analyse institutionnelle... On n’en est qu’a la préhistoire de la psychiatrie, de l’école, on s’organise encore comme des poules...
  • Fikce : Je n’ai pour ma part pas de conscience politique, à mon grand regret, mais je n’arrive vraiment pas à me décider sur un discours. J’admire les gens sûrs de leurs convictions dans ce domaine. Cependant je pense que de toute façon, les choix qu’on a pris en faisant du rock sont des actes fondamentalement militants : faire des concerts, rencontrer des gens, occuper son temps libre à créer plutôt qu’à consommer sont des choses finalement très simples mais souvent oubliées lorsqu’on devient adulte. Pour moi la politique se résume à essayer de vivre heureux par mes propres moyens, sans causer de tords autour de moi. C’est très naïf, mais j’y trouve plus mon compte qu’en allant voter pour après gueuler devant une télé.

Pour poser la question qu’on ne veut pas poser, est-ce que Justin(e) pourrait continuer si Alex et sa prose quittaient le groupe ?

  • Alex : Moi ça m’a toujours plu, l’idée d’un groupe sans line-up fixe, une entité ou plusieurs personnes circulent sous un même nom mais en même temps (autre logique que quelqu’un se barre du groupe on le remplace). Les Santa Cruz sur Nantes faisait ça au début, faudrait y réfléchir...
  • Fab : Si Alex arrête, on fera un autre groupe, mais ce sera la fin de Justin(e).
  • Olive : Ouais le départ d’Alex ce serait la mort de Justin(e) à coup sûr.

On parle souvent de Justin(e) comme d’un groupe « à la Guerilla Poubelle », alors que vous existiez avant. Cela vous ennuie des fois ?

  • Alex : Non, ce qui m’ennuie c’est la pochette du premier album et la tête de mort avec les couettes.
  • Fab : C’est pas ennuyeux mais bon les trucs faux, c’est faux.
  • Olive : Non, ce qui m’ennuie c’est ce mal de gorge qui persiste.

Enfin si on dit ça, c’est aussi parce que vous faites partie de la Guerilla Asso, qui a quand même remis au goût du jour « le punk en français ». Est-ce que vous avez l’impression de participer à une nouvelle vague, à une période où les groupes peuvent plus facilement se monter et se décomplexer ?

  • Alex : J’avais dit dans une autre interview, qu’on était un mouvement de bâtards qui fusionnait des couleurs musicales hétérogènes (anglaises, américaines, françaises), différentes dans leurs esprits, discours, postures, esthétiques...
  • Fab : J’ai effectivement le sentiment de faire partie d’un truc, c’est cool. Le temps dira si c’était un bon truc.
  • Fikce : Moi j’écoutais essentiellement du métal et du rap avant de connaître Justin(e). Et à Nantes, il y a 4-5 ans, il n’y avait qu’eux et un ou deux autres groupes punk rock que je connaissais. Puis en découvrant Guerilla Asso, je me suis réellement intéressé au punk-rock français. En ce sens, Guerilla Asso a certainement contribué à fédérer et promouvoir beaucoup de groupes punk locaux en France, dont Justin(e) fait partie.

Pour illustrer ça il y a eu l’énorme date au Bataclan en novembre 2008, quel souvenir en gardez-vous avec le recul ?

  • Alex : Cerise sur le gâteau de la tournée, mais mon amour se porte définitivement sur les café-concerts.
  • Fab : C’était la première tournée de ma vie, cette dernière date était surtout très triste, représentait la fin d’un truc, mêlée au départ de Koj (bassiste de Guerilla Poubelle, ndr), c’était triste. Après des grosses salles, j’en avais déjà faites avec Ultra Vomit, c’était cool, mais c’est pas notre créneau.
  • Olive : Probablement une des plus grosses dates qu’on ait faite avec Justin(e), mais loin d’être la meilleure de la tournée. Comme Alex je préfère de loin les bars ou les petites salles. Je crois que ce qui m’a le plus ému c’est d’aller voir NoFX y jouer l’année dernière.

Du coup votre public est essentiellement composé d’ados et d’ados attardés, et une partie plus âgée du punk français peut vous bouder à cause de ce côté teenage alors qu’ils pourraient pourtant se retrouver dans ce que vous faites. Cela vous chagrine, cette espèce d’étiquetage dans un genre qui se réclame pourtant comme « ouvert » et « tolérant » ?

  • Alex : Oui.
  • Fikce : Moi personnellement je m’en branle.
  • Fab : On choisit pas les gens qui nous apprécient, tout public mérite respect. Après je suis content quand des gens plus âgés ont dépassé la barrière de l’apparence « punk rock teenage ».
  • Olive : Les étiquettes c’est chiant, ça gratte dans le cou. Ça fait chier d’avoir une étiquette « punk teenage » comme ça me ferait chier d’avoir une étiquette « punk à chiens de chez devant monoprix ».

On vous a un peu beaucoup comparés à Zabriskie Point, autre groupe nantais. Est-ce que vous les avez déjà rencontrés, savez-vous ce que la Palme d’Or Bégaudeau pense de vous ?

  • Alex : Oui.
  • Fab : Alex a la flemme. Mais François Bégaudeau aime bien Justin(e).

Vous avez une attitude très désinvolte (pour ne pas dire de branleurs) en concert. Est-ce que c’est quelque chose de naturel, ou est-ce que vous pouvez surjouer des fois, comme une marque de fabrique ?

  • Alex : Faudrait regarder des concerts filmés, mais Fab, Olive et Fikce me paraissent très envahis et concernés pendant les concerts. Y’a que moi en fait qui amène ce côté pas dans le match, rien à branler (et Jack 100 000 fois plus à l’époque). C’est pas une pose, je suis comme ça, c’est tout. Ça ne m’a jamais intéressé de construire un spectacle, un truc solide, en béton armé. L’autre jour au Havre on a fait n’importe quoi, on avait pas joué depuis deux mois, on s’était pas vus, Fikce et moi on est arrivé deux minutes avant le concert. C’était tout pourri ce qu’on a fait, mais c’est dans la logique du groupe, inégal, inconstant, ça va dépendre de plein de trucs, si on a fait caca, si on a pas fait caca, si on a pu se voir, répéter. Le concert de reprise... échec.
  • Fikce : Il faut comprendre déjà qu’on répète peu, donc ça n’aide pas beaucoup pour créer un set vraiment pensé avec enchainements, pauses pour boire et se ré-accorder etc... J’ose croire qu’on reste assez naturels sur scène et les fois où c’est vraiment le bordel, ben ça nous fait marrer.
  • Olive : On ne surjoue pas. Oui avec Fab et Fikce on est plus concernés mais c’est juste histoire de proposer quelque chose de pas trop médiocre. Maintenant Alex reste de loin le plus gros branleur que je connaisse. Justin(e) de toute façon ça reste un peu la roulette russe. Des fois c’est bien, des fois c’est trop imbibé.

La rumeur dit que vous dépensiez systématiquement vos premiers cachets, quitte à les dépenser en sandwichs triangulaires et dégueulasses sur les aires d’autoroute. Est-ce que c’est vrai ? Comment vous les claquez maintenant ?

  • Alex : Un peu. Des clopes surtout. On s’est calmé.
  • Fab : Au début on a fait n’importe quoi, comme des gosses, et voilà, là on est raisonnable. Mais bon, c’est pas allé bien loin.
  • Olive : On avait un peu tendance à fumer et boire nos cachets au début il est vrai. Maintenant on les claque en essence et en péage… c’est vachement moins rock n’roll.

Quand vous êtes en tournée, la modération reste à la maison et votre consommation d’alcool en manque quelque peu... Est-ce que ça a plutôt tendance à vous aider pour la scène, ou est-ce que ça peut vous nuire et gâcher vos concerts ? Est-ce que c’est quelque chose que vous avez appris à gérer (genre : « bon on boit pas trop avant le concert, et on se met la race après ») ?

  • Alex : Certainement que l’on a pourri pas mal de concerts en étant complètement bourré. C’est le jeu ma pauv’ lucette. Ça va dépendre de l’heure a laquelle on joue, et puis si on est en tournée, on démarre à fond et au bout de quelques jours on fait moins les malins. Principe du plaisir.
  • Fikce : Le problème se pose pas pour moi. Le seul souci avec ça c’est que j’ai peu d’excuse quand je fais des pains.
  • Fab : Moi je suis là pour rigoler, j’adore être bourré avec Justin(e), je suis à fond dedans, je bois à fond, et c’est cool comme ça.
  • Olive : Le taux d’alcoolémie est un facteur à part entière dans la réussite d’un concert de Justin(e), ça nous a permis de réaliser des performances inoubliables comme à Saintes.

Vous êtes très présents sur votre propre forum, organisez des concerts à Nantes, et bookez vous-mêmes vos tournées, en mettant tous les contacts utiles faciles d’accès sur votre site. Cette implication vient-elle d’une volonté de tout maîtriser dans la vie du groupe, de pouvoir faire ce que vous voulez ?

  • Alex : Ouais, Fab organise tout ça à la perfection.
  • Fab : On a essayé de laisser le booking à une amie, mais j’ai pas aimé perdre le contrôle, Justin(e) c’est petit, et y’a pas besoin d’intermédiaire.
  • Olive : C’est clair que Fab gère ça comme un dieu. J’aurais trop la flemme de faire le quart de ce qu’il fait pour Justin(e). Merci chaton.
  • Fikce : Pareil qu’Olive.

Sur la dernière tournée vous vous êtes faits faire des tatouages… originaux. Qui a quoi, et pourquoi ?

  • Alex : J’ai une chaise sur la côte gauche en lieu et place de l’épée de Fikce, Fab, Fred, Loul et Krostif. C’est cool. J’ai un truc avec les chaises, j’essayais d’y réfléchir a posteriori et je crois avoir trouvé. A la clinique psychiatrique de La Borde et à l’école de la Neuville où je travaille maintenant, y’a tout un truc avec les chaises. Y’a plein de chaises partout et une partie du boulot est de s’asseoir et de discuter, en réunion, dans le jardin, à table... C’est drôle parce que je viens de voir un documentaire sur la clinique de La Borde et le réalisateur il a appelé ça... les chaises. Et puis c’est beau une chaise. Moi c’est une Van Gogh comme dans son tableau de la maison à Arles. Il a pas fait exprès le mec mais il a fait du Van Gogh. On caresse le sublime.
  • Fab : Cela fait à peine 6 mois que je me suis mis au tatouage, ça immortalise des souvenirs, je trouve ça génial, surtout dans les conditions festives dans lesquelles ils ont été faits. J’ai donc une épée sur la côte et Dolores Risposte sur le Cul. Fred de Dolores Riposte a un Justin(e) extrêmement mal fait sur son cul. C’est parfait.
  • Olive : Moi je me suis fait tatouer un bon gros rien du tout.

Vous avez tous des groupes parallèles et même perpendiculaires, est-ce que vous pouvez les présenter ?

  • Fab : Je joue dans Ultra Vomit, c’est même mon « métier », je suis intermittent grâce à ça, c’est génial, c’est drôle, c’est pro, c’est complémentaire à Justin(e).
  • Fikce : Moi en ce moment, je joue avec Maladroit un truc punk-rock avec Till de Guerilla, Olivier de Dead Pop Club et Jimmy de Crossing The Rubicon. Je chante dans un groupe de punk rock marrant qui devrait s’appeler Poésie Zéro ou un truc dans le genre, puis je vais aussi chanter dans Mon Autre Groupe pour remplacer Fred. Et puis j’ai envie de faire de la batterie avec Lords Of The Pint.
  • Alex : Avec Olivier un a monté un groupe avec nos frères respectifs, Arnaud et Gael. Ça s’appelle The Attendants.
  • Olive : Ouais on joue du punk rock chanté en anglais influencé par des groupes hollandais, c’est cool, c’est une autre façon de jouer et du coup ça m’aide à progresser. Fab va peut être nous enregistrer un truc qu’on espère sortir en 45t chez Can I Say.

Après avoir très tranquillement passé le cap du second album, quand allez-vous vous attaquer à celui du troisième ?

  • Alex : Je tente, euh... été 2011.

Nantes, c’est en Bretagne alors ou pas ?

  • Alex : Presque.
  • Fikce : C’est au Portugal.
  • Fab : Je m’en contrebranle.
  • Olive : Quoi ?

Avec ou sans contrôle ?

  • Alex : Sans, c’est toujours mieux mais c’est pas toujours évident.
  • Fikce : Avec quand c’est possible.
  • Fab : Avec.
  • Olive : Avec.

Sexe, drogue ou rock’n’roll ?

  • Alex : C’est dans l’ordre.
  • Fikce : Sexe et Rock N Roll.
  • Fab : Je baise très mal et je me drogue pas. Je dirais rock n’ roll et alcool.
  • Olive : Rock n’roll.

Lorie ou Alizée ?

  • Alex : Scarlett Johansson
  • Fikce : Alizée, j’aime pas la tronche de Lorie.
  • Fab : Jennifer Ayache.
  • Olive : Annita Babyface.

Lost ou 24H chrono ?

  • Fab : Lost à fond.
  • Alex : Lost, on dirait mes textes.
  • Fikce : 24h Chrono, parce que j’ai jamais maté Lost.
  • Olive : Lost parce que je n’ai jamais maté 24H Chrono.

Batman ou Joker ?

  • Alex : Joker, j’ai peur des chauve-souris.
  • Fikce : Le Joker de 2008 pour le tour du crayon.
  • Fab : "Let’s put a smile on that face".
  • Olive : Spiderman

Dolores Riposte ou Louise Attaque ?

  • Alex : Daniel Day Lewis.
  • Fikce : Bolognaise Tripote parce que c’est des copains, mais j’ai rien contre Louise Attaque, c’est bien fait.
  • Fab : DxR
  • Olive : Lords Of The Pint.

Noir Désir ou White Power ?

  • Alex : Allez, Noir Désir pour les écorchés.
  • Fikce : J’ai jamais écouté ça je suis pas fan de reggae.
  • Fab : Je m’en branle.
  • Olive : Noir Désir parce que c’est mon adolescence.

Merci les gars

  • Merci à toi surtout et à PunkFiction !

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