Gallows - Grey Britain

Publié le 23 mars 2010 par Matt

Contexte :

Trois ans après un premier album mitigé (Orchestra Of Wolves) - aussi virulent et enthousiasmant que parfois sans saveur et un peu lourdingue -, le combo anglais compte bien faire parler la poudre et prouver que sa signature sur la major Warner est légitime et n’aura pas calmer ses ardeurs hardcorisantes. Au programme donc, Grey Britain : du gros son en perspective.

Chronique :

Après une ouverture sur fond d’orchestration classique, c’est un morceau lourd et au tempo très lent qui débute l’album. La production est impeccable et la voix de Franck Carter n’a rien perdu de sa rage de l’époque Epitaph Records. Dès "London Is The Reason", les premières impressions sont confirmées, les anglais reviennent avec leur core n’ roll so british. De par les paroles et de par la voix, le groupe se rapproche des bons vieux groupes punk hardcore d’il y a trente ans. L’héritage des Black Flag est bien présent malgré la qualité de la prod’ moderne, les guitares parfois très dissonantes nous offre un titre diablement efficace et qui garde une touche d’originalité, notamment grâce à son break complètement dément.

Alors que les groupes hardcore d’aujourd’hui lorgnent de plus en plus sur le metal, Gallows prend le parti de faire revivre une épopée rock n’roll à coup de gros choeurs et de guitares leads endiablées. Ce style se retrouve sur le plus classique "Leeches". Les parties de grattes très inspirées de "Black Eyes" viennent quant à elles, sauver un morceau plutôt banal à la première écoute, mais dont l’efficacité vient remettre tout le monde d’accord. Rebelote avec "I Dread The Night", dont les guitares sur les couplets nous rapproche plus de Korn que de Sick Of It All... Patatra ?

L’originalité des premiers titres semble en effet laisser place à des compositions plus conventionnelles mais parfaitement maitrisées et la première partie de l’album se clôture avec "Death Voices", tubesque mais sans saveur, notamment cette deuxième partie composée que de piano et autres violons. Cette pause mélodique étonne et casse le rythme avant le très long "The Vulture Acts I And II", entièrement acoustique. Un morceau qui rappelle plus Alkaline Trio que Madball... Mais si ce morceau ne ravira pas tous les puristes, la montée en puissance qui entraine l’auditeur dans la deuxième partie du morceau lui donne quand même une certaine légitimité.

"The Riverbed" nous accueille ensuite avec une sirène tonitruante qui plonge dans un morceau rageur à la limite de l’émeute, agrémenté de choeurs scandés par l’ensemble de la formation. Pour la première fois de l’album, la basse émerge vraiment sur le break. "The Great Forgiver" vient encore déranger vos chastes oreilles avec ses dissonances de génie. Oui j’ose le dire : ce morceau résume l’album, on y trouve tous les éléments d’un hardcore à l’ancienne mêlé à des idées originales qui prouve le savoir-faire de ces anglais.

On passe la cinquième avec "Graves" : ça va vite et on ne s’en plaindra pas. On y retrouve une voix plus mélodique pour une fin de morceau posée mais toujours sous pression. "Queensberry Rules" retentit alors et on croit entendre du vieux Black Sabbath. L’intro de ce morceau se voudrait un hybride hardcore doom qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Le son est gras et lourd. Sur le reste du morceau on retombe sur un hardcore old school plus sobre avec une fin des plus étonnantes et des chants quasi religieux. Décidément les Gallows aiment le piano qui est encore à l’honneur pour l’intro de "Misery". Le groupe sert un ultime effort purement hardcore avant de prendre le premier et unique virage métal de l’album avec une rythmique tendue pour finir le morceau en beauté sur des bruitages (serait–ce des truies qu’on égorge ?) plutôt réussis.

Clôture de l’album enfin avec "Crucifucks". Une intro expéditive mais le morceau se mue en un titre punk rock agréable avec une basse proche d’un Green Day époque Dookie. Le premier break sur fond de roulement de fanfare militaire et de larsens est déjà vu et revu mais on ne s’en lasse pas. « Grey Britain is fucking dead ». Une fin des plus noisy nous susurre que ce n’est pas tout à fait fini. En effet une dernière fois le piano s’invite, le calme après la tempête. Un calme de près de 4 minutes tout de même...

Avec cet album quelque peu brouillon mais plein d’idées, le groupe affine son hardcore et se pose entre un rockin’hardcore qui les a clairement rassemblés et une envie de tenter de nouvelles choses. On retiendra une capacité à créer des dissonances magnifiques mais le groupe nous livre un album inégal car trop long et l’avalanche de piano et autres orchestrations classiques rendent le tout un peu trop pompeux (l’effet major pour sûr...).
Les anglais ont rendu leur copie. L’album est bon, meilleur que le précédent et leur identité se dévoile. La voix et les guitares ont particulièrement brillé sur cet opus, le prochain nous mettra–t–il enfin tous d’accord ?


Infos

Note : 15 / 20

Année : 2009

Durée : 52 minutes

Labels : Warner Music Group

Tracklist :

01. The Riverbank
02. London Is The Reason
03. Leeches
04. Black Eyes
05. I Dread The Night
06. Death Voices
07. The Vulture (Acts I & II)
08. The Riverbed
09. The Great Forgiver
10. Graves
11. Queensberry Rules
12. Misery
13. Crucifucks


Groupe associé
Gallows