Antillectual + Last Exit To Brooklyn + Speedball @ Espace Léo Ferré (Brest)

Publié le 13 février 2010 par Punkachu

Petit évènement au bout du bout d’la France ce soir ! Antillectual, l’une des formations mélo les plus classes d’Europe, a accepté de faire étape dans la Cité Du Ponant pour une poignée de moules (le groupe a fait un bel effort), qui plus est entre une date à La Rochelle et une date à Lille en fin de tournée européenne…

Arrivée donc à l’Espace Léo Ferré, une des plus belles salles « publiques » du coin (si toutes les MPT pouvaient bénéficier de cet équipement !...). Jeune Seigneur a déjà débuté quand on entre après s’être allégé de 5 petits euros (!) à l’entrée. Le jeune combo street/oï brestois délivre l’énergie un poil répétitive qu’on lui connaît, mais les progrès de concert en concert sont sensibles. Bérets et chœurs de dockers, « on n’a pas besoin de maître quand on est un jeune seigneur ! », c’est que ça serait presque communicatif dis-donc ! Que ça continue « Tonnerre de Brest ! ».

Derrière ce sont les excellents Speedball qui prennent le relai. Le changement de plateau s’éternise un peu mais cela permet d’admirer les déguisements à base de collants cyclistes et slips kangourou arborés par les zicos. Le bandeau Crédit Mutuel sur le front et le marcel rose passé trop petit, composent la dégaine de Plume le chanteur, sans parler de sa barbe de trois mois. Pourquoi cet accoutrement ? Tout simplement parce qu’en ce 13 février, l’autre évènement éthylique dans le Finistère ce sont les Gras De Douarnenez ! Vous imaginez rien qu’au nom à quoi ça doit ressembler. Je laisse les néophytes aller se renseigner sur wikipédia (lien) !...
Coté musique, le groupe est donc pressé de jouer avant de s’en aller ripailler. On ne traîne pas, le quintet compose désormais l’essentiel de son set avec des morceaux récents, postérieurs à l’arrivée de Plume dans le groupe en 2008. « Minor Liars », « Motto », « Unless Our Hearts Succumb » ou encore le tube « Fall Down » vers la fin du set, rivalisent de pêche hardcore et de moments plus tendus et mélodiques où le chanteur fait merveille. Plusieurs nouveaux morceaux sont aussi étrennés ce soir, le groupe s’apprêtant à rentrer à nouveau en studio chez Christian Carvin. Et autant vous dire que ça laisse entrevoir du très très bon. Plume lui, est plus communicatif que jamais, harangue la « foule » (aka la cinquantaine de personnes), se fait porter en slam, parvient à faire reprendre en choeurs des « I was wrong ! » sur le nouveau morceau explosif du même nom. Un excellent set des finistériens qui pourraient bien frapper un grand coup avec leur nouveau disque...

C’est ensuite le tour des manceaux de Last Exit To Brooklyn d’investir la scène. D’abord annulé et finalement reprogrammé avec un seul de leurs deux gratteux, le combo est en forme et très heureux d’être finalement présent ce soir. Motivé, le chanteur passera l’essentiel du concert dans la fosse, rejoint ensuite par le bassiste mécheux et le gratteux. Chemises à carreaux, patronyme littéraire, barbes de vingtenaires et t-shirt Defeater, vous situez ? Last Exit To Brooklyn, sans être original, est un jeune combo déjà très au point, bien carré et pas dépourvu d’un sens aigu du groove hardcore. Tout ça oscille allègrement entre modern/oldschool, new school et moments plus rockin’ hxc. Des accélérations sèches et sans concession font systématiquement place à des instants plus lourds et très bien maîtrisés, notamment par un batteur très à l’aise. De belles atmosphères, et même si ce n’est pas dépourvu de redondances, les titres du split avec Cityscover et de l’EP Our Sunset Is Their Sunrise composent un très bon show, salué par le public qui obtiendra même un rappel (on nous devait bien ça, le groupe ayant raccourci son set à cause d’une corde pétée).

Place maintenant aux bataves d’Antillectual. Le trio de Nijmegen ne traîne pas à s’installer et démarre devant un public plus clairsemé, parti boire des coups dehors. Le public brestois est plus versé dans le hardcore et le punk de rue c’est bien connu. Pourtant avec un minimum d’ouverture d’esprit, difficile de juger négativement la prestation du trio hollandais. Un son propagandhien par instants, plus mélodique à d’autres, souvent lorgnant vers l’emopunk des 90’s, en un mot la grande classe, mentalité comprise (moment très émouvant quand l’expressif bassiste, Tom, introduit le morceau « Raised Fist Fuck You », morceau sur l’homophobie). Le sourire ne quittera pas le visage de Willem, pourtant bien conscient de ne pas jouer ce soir en terrain conquis. Sa voix à la Chuck Ragan est un ravissement sonore, la justesse vocale, la précision guitaristique et rythmique du combo méritent le détour.
Coté setlist le combo alterne entre son 1er EP et l’album Testimony, avec « Friendly Fire » par exemple. Antillectual fait aussi partager au public (en lui en demandant la permission !) de nouveaux titres encore en rodage (ça ne s’est pas beaucoup vu). L’ambiance est amicale, séance de répèt’ entre potes, quelque chose comme ça. Le groupe ne bouge certes pas beaucoup sur scène, formation trio oblige, mais compense excellemment par la communication et l’attitude. Les mid tempos dansants de « Because We Can » ou « No Government Needed » rendent, de plus, le show très dansant et fédérateur.

Exténué par deux semaines de tournée intensive (plus que trois dates), le trio ne ménage pas sa peine mais sonne la fin des hostilités après 40 minutes de concert. Mais c’est mal connaître la ténacité bretonne qui obtiendra un premier rappel, puis un second (!) avec le morceau « Another Guide », emblématique de l’EP Silencing Civilization. Cette fois c’est la fin, mais le groupe, notamment Willem, très accessible, prendra la peine de venir causer au merch’ avec les aficionados du soir. La marque des grands, et Antillectual - avec sa belle personnalité musicale - en fait indéniablement partie dans la scène mélo européenne.

Merci à l’Asso Gros Up pour la prise de risque et l’organisation. Et chapeau au cuisto pour le catering veggie salué par tous les groupes !


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