Billy Talent + Sights & Sounds @ Paris, Le Bataclan

Publié le 27 janvier 2010 par Seb-O-Matic

Envie d’apprendre à danser le moonwalk en moins de deux ? Rendez-vous à un concert où sévit Sights & Sounds, et vous surprendrez vos pieds à glisser en arrière pour vous éloigner du massacre. Il n’est pas encore 20h, et sur la scène du Bataclan la première partie prend une multitude de poses, et l’écoute de 30 secondes met à mal la meilleure volonté du monde.

Heureusement le billet n’a pas encore été validé, et le journaliste rock d’investigation peut encore faire machine arrière (séquence moonwalk donc) pour aller boire des coups en attendant que l’horreur trépasse. Pas possible, ça doit être un groupe qui a gagné un concours type « poste ta photo sur MySpace avec la plus belle des coupes Babyliss et joue avec ton groupe au Bataclan en ouverture de Billy Talent ». Et bah même pas ! Il se trouve que le combo est le side-project du chanteur de... Comeback Kid ! En voilà un qui est tombé sur un mauvais conseiller d’orientation. Devant la salle, c’est avec grand bonheur que l’on peut constater le désarroi de ces fameux revendeurs au black, en train d’essayer de refourguer leurs billets à 10 euros seulement. Il y en a qui l’ont eu bien profond ce soir, et tant mieux.

Allez il est 20H30, les JT n’ont même pas encore fini d’annoncer tout et rien d’intéressant sur les écrans télé que les canadiens de Billy Talent envahissent la scène au rythme effréné de « Devil In A Midnight Mass ». Le pit réagit au quart de tour et continue de se se trémousser sur « This Suffering », sous les yeux de quelques parents ébahis de découvrir que les corps de leurs chers boutonneux flegmatiques sont capables d’une telle dépense d’énergie. Ça transpire et ça s’amuse, même si la sauce prend moins quand retentissent les titres de l’album « III », qui regorge de titres pas folichons, comme ce « Rusted From The Rain », qui semble durer des plombes.

Après un premier opus d’une fraîcheur déconcertante et un second en forme de confirmation et de machine à tubes, Billy Talent a eu effectivement beaucoup de mal à passer le cap du troisième album, ralentissant le tempo sans parvenir à conserver la fougue, ni à se renouveler. Car les riffs du groupe sont tellement atypiques qu’ils en deviennent répétitifs. Les intros sonnent comme un blind test, et certaines donnent lieu à des regards genre « mais ils l’ont pas déjà jouée » ? Des raisons qui expliquent sans doute la faible affluence de ce soir (le balcon est aussi désert que le programme du PS en 2009), alors qu’il n’y a pas si longtemps, le plus grand groupe de rock du Canada (ils remportent régulièrement l’équivalent des nos tellement mythiques NRJ Music Awards) remplissait l’Elysée Montmartre comme d’autres remplissent leurs toilettes après un bon chili con carne...

Reste une bonne poignée de tubes à l’efficacité redoutable. « Surrender » vient faire chavirer les choeurs et les coeurs, pendant que l’intro épique de « This Is How It Goes » fait monter la tension d’un cran. Le plancher a dû prendre cher quand la déferlante fut lâchée, avec toutes ces paires de Vans ou Converse qui sont retombées en même temps. D’autres nouvelles chansons comme « The Dead Can’t Testify » viennent calmer le jeu, avant que les tueries « The Ex » ou « Try Honesty » n’annoncent le rappel imminent.

Le groupe revient bien vite sur scène, mais le chanteur Ben va devoir aussi vite repartir sur le break de « Devil On My Shoulder ». La faute à un petit soucis de digestion, de son propre aveu. Comme El Hefe de NOFX sur la même scène en avril dernier, mais en bien moins drôle. Du coup le break de la chanson se transforme en jam session, et le guitariste à la capillarité plus rigide qu’un conservateur américain en profite pour faire admirer sa technique avec un joli petit solo. Le chanteur revenu, c’est parti pour une dernière séance de jumping général sur la très bonne « Fallen Leaves », avant que tout le monde ne compte jusqu’à quatre pour lancer « Red Flag », et son refrain fulgurant. Le morceau emblématique est bien devenu l’hymne d’un groupe qui, s’il sait rester efficace, ferait bien de renouveler sa formule s’il ne veut pas lasser. Enfin bon, tant qu’il se trimballe Sights & Sounds en première partie, il passera forcément pour un "trop bon groupe de la mort qui tue". En tout cas, mise à part la première partie, Billy Talent pense à son public. La preuve : il est 21H30 et il est déjà l’heure de rentrer chez soi pour être en forme au taf demain...


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