Ruiner - Hell Is Empty

Publié le 9 février 2010 par Punkachu

Contexte :

La signature sur Bridge Nine et la sortie de Prepare To Be Let Down n’auront pas épargné à Ruiner certaines réserves quant à l’aspect un peu hype de sa soudaine popularité. Le groupe est pourtant un exemple d’intégrité et est toujours resté fidèle à sa ligne de conduite. Après avoir bouclé la boucle en ressortant ses vieux morceaux sur la compilation I Heard These Dudes Are Assholes en 2008, le combo pouvait prendre un nouveau départ avec un nouveau travail de composition et une évolution musicale sensible. Tout ça avant le départ du bassiste Joey Edwards, peu après la sortie du nouvel album en septembre 2009 (elle-même précédée d’un 7’’ teaser intitulé Dead Weight).

Contexte :

A l’heure des bilans de l’année 2009, il faut bien le dire, dans le genre hardcore moderne et dépressif, Bridge Nine Records a trusté tous les prix. Entre l’explosion de Defeater et les promesses de Dead Swans et autres Soul Control, Ruiner est venu rabattre le caquet de plus d’un jeune loup de la scène avec un second album qui calme, mais alors d’une force !...

Vingt-cinq minutes, dix titres, c’est le tarif, c’est le deal, c’est la force et l’urgence des grands albums hardcore. Là où Defeater offre une histoire, Ruiner livre un bloc de sensibilité, dur comme la pierre, massif comme la bulle d’émotion qui éclate à la figure de l’auditeur, un manifeste de désillusion, petit précis d’intransigeance hardcore, noir comme la bile séchée, froid et abrasif comme une gifle par -10°C…

Ruiner a évolué, et en bien. Le groupe nous a concocté là un album plus mélodieux et ô combien plus ambitieux que son prédécesseur. Un exemple de (fausse) simplicité musicale au service du ressenti, de l’émotion véhiculée entre deux tempos, entre deux plans de guitares décharnées, tout cela coloré avec brio d’une forte tendance progressive et de relents bien plus punk qu’auparavant (beaucoup de mid tempos). Ce n’est plus seulement du modern hardcore, c’est aussi par instant du Modern Life Is War génétiquement modifié, croisé au Avail période expérimentations post-quelque chose…

Moins d’une demi-heure donc, mais qui peut repasser dix foix tant c’est immersif. Une demi-heure soutenue par un duo basse-batterie tendu, laissant libre cours à des boucles de riffs à l’intensité permanente, s’autorisant çà et là des cavalcades inattendues, des soubresauts virulents... L’ensemble est toujours au service de variations denses et homogènes, au moins autant que la noirceur dans laquelle sont crachées les paroles de Rob Sullivan. Puisque même l’Enfer est vide de sens...
« Luttons, puisque c’est perdu d’avance ! » plutôt que « Courage, fuyons ! » ; le pessimisme de Ruiner n’est pas à prendre au premier degré. Car cet album n’est pas là pour en rester au constat, il incite à l’action, à l’image du groupe toujours sur les routes et de son chanteur en transe. Un must, un moteur, un indispensable de ce type de hardcore bien dans son époque, à cheval entre deux décennies désenchantées.

"Hell is empty and all the devils are here." - William Shakespeare - La Tempête, Acte I (1611).

Infos

Note : 18 / 20

Année : 2009

Durée : 25 minutes

Labels : Bridge Nine Records

Tracklist :

01. I´m Out
02. Two Words
03. Dead Weight
04. Part One
05. Part Two
06. Meat
07. Constrictor
08. Loneliest Of Hearts
09. Convenient Gods
10. Solitary


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