Raised Fist - Veil Of Ignorance

Contexte :

Un line up stable sur deux albums d’affilée, cela n’était pas arrivé à Raised Fist depuis ses débuts. Veil Of Ignorance joue donc la continuité, avec toujours Daniel Bergstrand aux manettes sur ce 5ème véritable long jeu. Le disque sort encore une fois sur Burning Heart, label suédois culte - mais moribond sous le giron d’Epitaph depuis plusieurs années -, auquel la bande de Lulea (Golfe de Botnie) reste pourtant fidèle. Pour l’anecdote, Veil Of Ignorance permettra même au groupe d’être nommé au Swedish Grammi Awards 2010, catégorie meilleur album hardrock !

Chronique :

Si je vous dis que Raised Fist joue la continuité, vu les errances controversées du précédent album, ça a de quoi en faire fuir plus d’un. Alors je vous rassure tout de suite : continuité il y a, car Raised reste Raised Fist, mais pour autant, le groupe a su rectifier le tir. On ne fera jamais autre chose de ces suédois, comme c’est le cas pour tous les groupes punk rock vétérans qui constituent presque un genre à eux seuls (pensez Pennywise, NoFX, Sick Of It All…). Amateurs du groupe, vous trouverez donc toujours ce que vous adorer chez ces cinq-là : la voix d’Alle et son phrasé venus d’ailleurs, ce groove imparable et vraiment unique (« They Can’t Keep Us Down »), ces penchants cross over qui lorgnent allègrement vers le metal et l’indus sans jamais vraiment mettre les deux pieds dedans, ces ambiances glauques d’usine désaffectée etc…

Tout est là, mais le regain de fraîcheur est indéniable sur cet album après un Sound Of The Republic un peu poussif. Il faut certes connaître le groupe sur le bout des doigts pour le ressentir, cet album s’inscrivant en toute cohérence dans la carrière de Raised Fist ; pourtant on y entend très clairement que les aspirations plus apaisées et mélodiques ont été une nouvelle fois mises en avant. Cette fois-ci c’est simplement mieux digéré et plus assumé, avec des titres lents et inspirés tels que « Wounds », « My Last Day » ou le morceau d’exception intitulé « Words And Phrases ».
Ce titre, le groupe en fait même le point d’orgue émotionnel de l’album : une véritable audace et un tour de force quand on sait que Raised Fist, depuis des années, n’a qu’à brancher les amplis pour sortir à la chaîne, des titres et des titres aux tempos survitaminés, dans le veine des inénarrables « Get This Right » etc… Un groupe, dans cette niche stylistique-là, qui se remet autant en question et cette fois avec une réelle réussite, c’est pas tous les jours.

Entre deux morceaux supersoniques, finalement assez quelconques même si très percutants (le pourtant surpuissant « Never Negotiate » en est un bon exemple), on retrouve le groupe dans ce qu’il sait faire de mieux (rappelez-vous « A Message Beneath Contempt » tout ça...), conduisant ses morceaux par un riff majeur, simple, puissant et servant de ligne de conduite. C’est d’ailleurs par le tube du disque (cf. le clip), « Friends And Traitors », que s’ouvre l’album. Avec plaisir on trouve aussi des titres plus old school comme les très dansants « Slipping Into Coma » et « Keeping It To Yourself » : dodelinant, dandinant et déhanchant au possible !...

Au total on n’atteint pas, c’est sûr, le niveau de cultitude des albums Dedication et Ignoring The Guidelines, mais ce Veil Of Ignorance contient suffisamment de virulence et de bonnes idées pour relancer le statut de Raised Fist dans la scène hardcore. De plus, l’engagement et l’implication socio-politique du groupe ne souffrent d’aucune contestation - le titre de l’album parle de lui-même (cf. « A Theory Of Justice » de John Rawls) -, et ce ne sont pas les quelques baisses de régime qui empêcheront ce disque de bien vieillir, peut-être même mieux que les anciens albums.

Raised Fist