State Radio - Let It Go

Publié le 13 janvier 2010 par Vince

Contexte :

Troisième album de State Radio, ce Let It Go pondu par le trio bostonien est aussi leur premier disque de l’ère Obama. Et ceux qui craignaient que le groupe perde de sa verve avec de départ de W en sont pour leurs frais.

Chronique :

Ce disque est celui de la continuité. State Radio a décidé de ne pas révolutionner son style pour son troisième opus, de contenter ses fans de base, et de ne pas trop marcher sur les plates bandes ska (Big D, Westbound Train…), punk (Darkbuster, Dropkick Murphys…) ou ska-punk (Bosstones, Have Nots…) de ses voisins du Massachusetts. Car le secteur est ultra blindé de talents.

Mais fidèle à son habitude, State Radio fait dans le reggae/folk/rock/punk/ska souvent à la cool, parfois avec les nerfs à fleur de peau. Et le résultat, une fois encore, est absolument gouteux.

Une grande partie du disque est calme, reggae-rock à la Sublime, l’engagement très direct en plus, et le début de cet opus est même assez pépère, avec « Mansin Humanity » et « Calling All Crows », mais parfaitement en place, sensible et fichtrement bien orchestré. C’est sûr, ceux-là ont de l’expérience et ça se sent. Un peu plus loin, « Evolution » est dans un trip un chouïa différent, entre Billy Bragg et Rage Against The Machine, avec quelques poussées de gueulantes assez intenses qui retournent vers des horizons plus calmes avant de remonter en intensité. « Blood Escaping Man » démarre aussi tranquillou, et accélère franchement vers le milieu histoire de donner du grain à moudre à ceux qui aiment bouger un peu plus que la tête et qui ne se contentent pas de taper du pied quand ils vont au concert.

On reconnaitra aussi pas mal de qualités à « Arsenic & Clover », très rock, très sport, bien produite avec le gros son à l’américaine. State Radio n’est pas un groupe crasseux qui sort de sa cave, et le succès qu’il commence à rencontrer aux USA n’est que le fruit de pas mal d’années à bosser, depuis Dispatch, il y a déjà plus d’une décennie.

Mais la vraie jouissance de cet album réside dans deux titres absolument parfaits. « Doctor Ron The Actor » d’abord, chef-d’œuvre ska-punk, simple, couplets à contretemps et refrains punk, avec quelques riffs de cuivres pour faire monter la mayonnaise et putain sa mère on tient là assurément l’un des singles de l’année. A chaque fois que j’écoute ce morceau, je me pince et je prie pour qu’un jour la bande à Chad se décide à parsemer un skeud avec cinq ou six tubes de ce calibre. Ensuite, on ne peut pas ignorer la perfection folk-punk de « Knights Of Bostonia », entre Yesterday’s Ring et le « Riot On Broad Street » des Mighty Mighty Bosstones. Une pincée d’influences irlandaises, un bagout du diable, une énergie implacable et une sensibilité à fleur peau en font un pur tube qui devrait encore s’écouter fastoche dans une trentaine d’années.
Le groupe a des choses à dire mais n’a pas oublié de balancer des hymnes à la joie, calibrés pour faire la fête avec les potes, sans aucune lourdeur ni la moindre faute de goût, juste avec du talent à revendre au kilo.

Encore un album classe, qui aurait mérité une prise de risque un peu plus franche pour transcender ce groupe décidément pas comme les autres, et le monter encore un peu plus haut dans la liste de ceux avec lesquels il faut incontestablement compter, pour aujourd’hui comme pour demain.


Infos

Note : 16,5 / 20

Année : 2009

Durée : 53 minutes

Labels : Ruff Shod Records

Tracklist :

01. Mansin Humanity
02. Calling All Crows
03. Doctor Ron the Actor
04. Arsenic & Clover
05. Bohemian Grove
06. Knights Of Bostonia
07. Let It Go
08. Evolution
09. Held Up By The Wires
10. Blood Escaping Man
11. Still & Silent


Groupe associé
State Radio