Daggermouth - Turf Wars

Contexte :

Tout juste un an après son premier jet intitulé Stallone, Daggermouth est de retour dans nos platines avec un second album nommé Turf Wars. Le groupe originaire de Vancouver a le vent en poupe, de l’inspiration, et une envie débordante, alors pourquoi s’en priver après tout ?

Chronique :

Parce que sur cet album Daggermouth prouve une bonne fois pour toutes qu’il a le talent pour devenir un groupe incontournable. Étrange d’ailleurs cette sensation, vous savez, celle du déjà entendu, d’un groupe qui paraît à première vue si quelconque, mais dont vous ne pouvez vous passer après quelques écoutes. Car c’est là le point fort de Daggermouth, encore plus sur ce second opus. Le groupe n’invente rien, il évolue dans le créneau agencé par Lifetime sans vraiment chercher à innover, mais chaque mélodie délivrée par Nick file droit au cœur.

Avec des textes poignants, le gaillard impose ses phrasés comme peu de chanteurs du style le font. Et malgré la relative simplicité musicale des autres membres du groupes, chaque musicien n’est également pas étranger à l’efficacité des compos : breaks simples et efficaces, mélodies sucrées mais on ne peut plus entraînantes, lignes de basses déjà entendues mais une fois encore frôlant la perfection... Bref vous l’avez compris cet album donnera un peu plus de voix à ceux cherchant constamment l’innovation (« ouais mais ça on l’a déjà entendu mille fois ») alors que ceux qui oseront s’y attarder quelque peu (seules quelques écoutes suffisent pour devenir accro) crieront rapidement au génie.

Mais alors quelle est la recette de Daggermouth ? Comment offrir une musique aussi dansante et tubesque avec du déjà vu ? Et bien je pense pouvoir répondre en étant dans le vrai si je dis : "la passion". Voilà ce qui se dégage à chaque note de Turf Wars. Un groupe sincère, qui fait ce qu’il aime le plus sans justement vouloir sortir du lot. Facile après tout. Mais c’est peut-être ce qui manque à bon nombre de groupes, dix fois plus talentueux niveau maîtrise technique, vingt fois plus pointilleux niveau composition, et finalement beaucoup moins juteux, frais et spontanés.

Comme je l’ai dit plus haut les textes de Nick ont également une place importante dans la musique du combo. Poignants, c’est le mot qui colle selon moi aux mots du chanteur, paraît-il dépressif. Une dépression perceptible à chaque chanson par ailleurs. Pour exemple la superbe « Frisky Business » (« I held you in my arms as you cried then you looked at me and said : Nick, I want to die. Well these aren’t the words a son’s supposed to hear from his own mother... … So I’m passing this along to tell you I’m sorry for everything I’ve done. Maybe some day I might be able to tell you this without having to hide in the lyrics of a song ») ou encore l’énorme « You Do This As A Fad, We Do This As A Lifestyle » qui clôture l’album, en guise d’hommage à la meilleure amie de Nick qui fut assassinée (« In time the pain fades away, but we’ll never forget you Louise James »).

Depuis que j’ai cette galette en ma possession je dois vous dire clairement que mes écoutes se font multiples et régulières. Quelques jours sans Turf Wars dans ma platine suffisent pour créer un léger manque. Une envie de sucré, une envie de danser, Turf Wars est là pour ça. Un album qui ne change rien à notre si beau monde punk-rock mais qui fait incroyablement du bien. A bon entendeur...

Daggermouth