Jello Biafra - The Audacity Of Hype

Publié le 8 janvier 2010 par Vince

Contexte :

Le retour de Jello Biafra avec un groupe bien à lui est un évènement. Car si depuis la fin des Dead Kennedys le gars n’est pas resté inactif, force est de constater qu’il a surtout travaillé sur les projets des autres, même si à chaque fois il a beaucoup donné de sa personne. C’est donc avec une certaine impatience qu’on a appris que ce bon Jello allait nous sortir une nouveauté via son incontournable label, accompagné par un groupe dont le nom, assez irrésistible, annonçait clairement la couleur : punk et politique.

Chronique :

“Written, Produced and Sung by Mr. Biafra”. Voilà ce qui est inscrit à l’arrière de la pochette. C’est officiel. Ce disque est celui de Jello Biafra et le mec a décidé d’assumer jusqu’au bout.

Le visuel, signé Shepard Fairey (celui de Hobey Giant et de l’affiche « Hope » de Barack Obama) est d’un goût irréprochable et le poster intérieur, de l’illustrateur Phil Lumbang, à base de tanks, de world trade center et de Sarah Palin meurtrière, résume assez bien l’état d’esprit de Biafra depuis toutes ces années. Le titre du disque caricature évidemment le titre du deuxième livre de Barack Obama "The Audacity Of Hope"...

Côté musique, on ne va pas crier à la trahison. La livraison est nette : du punk hardcore des familles, braillé avec la voix inimitable du patron, des grosses guitares qui tachent et une certaine tendance à user et abuser d’un certain lyrisme wagnérien. C’est sûr, les élèves de la fac de médecine du Guantanamo ne font pas dans la chirurgie laser, mais plus dans la bonne boucherie façon Abou Ghraib.

Alors pourquoi a-t-on un sentiment de verre à moitié plein ? Tout simplement parce que ce disque, aussi efficace soit-il, n’apporte pas grand-chose à la discographie des Dead Kennedys. Mais faut-il toujours comparer les projets de Biafra à feu son ancien groupe ? Évidemment que non, il ne faut pas, mais comment ne pas le faire, tant ce nouvel album est dans la droite lignée de Fresh Fruit for Rotting Vegetables ou Frankenchrist ?...

Coupe à moitié pleine aussi, parce que le groupe à oublié le format punk. Celui où la chanson est un condensé d’efficacité qui dure à peine plus de deux minutes. Ici, certains titres tirent en longueur (« Three Strikes », « Pets Eat Their Master ») et leur grandiloquence leur fait louper le coche.

Heureusement, la bande a du métier, le tout est franchement irréprochable côté production, et on a tout de même droit à quelques beaux morceaux de bravoure, comme « Clean As A Thistle », bien hargneuse et vindicative, avec des guitares lourdes qui n’empêchent pas les solos techniques de s’exprimer, la très violente « New Feudalism », pépite hardcore directe et sans fioriture de 2 minutes 38 - importance du format - et une « Electric Plantation » inquiétante à l’ambiance « vacances au Cambodge » (rappelez-vous) qui fout bien les pétoches avec cette voix tout droit sortie des ténèbres.
C’est parfois quasi heavy-rock, avec un côté Queens Of The Stone Edge/Eagles Of Death Metal pas dégueu, ça crie, ça beugle, ça éructe, c’est totalement barré et ça rappelle au p’tit rouquin de Gallows que rayon gros méchants, y’en a des bien plus costauds que lui.

Un retour sans fanfare (on ne va pas aller sacrifier des poulets ou faire des offrandes à la gloire de Monsieur Biafra) mais un album digne, ponctué de belles réussites, qui montre, même si ça n’était pas le but, à East Bay Ray et à ses potes au sens de l’honneur atrophié, que Jello lui, a autre chose à proposer que des fonds de tiroir, réchauffés sur le bûcher de leurs vanités de petits joueurs assoiffés de billets verts...


Infos

Note : 15,5 / 20

Année : 2009

Durée : 41 minutes

Labels : Alternative Tentacles Records

Tracklist :

01. The Terror Of Tinytown
02. Clean As A Thistle
03. New Fuedalism
04. Panic Land
05. Electronic Plantation
06. Three Strikes
07. Strength Thru Shopping
08. Pets Eat Their Master
09. I Won't Give Up


Groupe associé
Jello Biafra