Jello Biafra

Publié le 8 janvier 2010 par Punkachu , Vince

En 1958 dans le Colorado naît un petit garçon prénommé Eric Reed Boucher. Ses parents travaillent dans le secteur social et rapidement, le petit Eric s’intéresse à la chose politique et s’engage à l’adolescence contre la guerre du Vietnam.

En 1977, à l’heure où le punk met Londres sens dessus dessous, Eric fait le roadie pour The Ravers, puis quitte le Colorado pour aller étudier en Californie, à Santa Cruz. C’est là qu’il rencontre le guitariste East Bay Ray avec lequel il forme Dead Kennedys. Il prend alors le pseudo de Jello Biafra.
(NB : Un Jell-O est un dessert en gélatine, terme devenu générique en Amérique du Nord mais à l’origine marque déposée de Kraft Foods. Le Biafra est une province pétrolifère du sud du Nigéria, un pays qui a tenté d’exister quelques années à la fin des 60’s avant de connaître une terrible famine et une répression sanglante. Vous situez le contraste que constitue le nom "Jello Biafra"...).
Avec Klaus Flouride (basse) et Carlos Cadona (batterie puis guitare) en renfort, il s’installe à San Francisco. Il y fonde en 1979 son label, Alternative Tentacles.

La même année, Biafra est candidat à la maire de San Francisco. Il termine en quatrième position et ses propositions loufoques font passer sa candidature pour un canular. Durant les années 80, Biafra n’aura de cesse de critiquer la politique de Reagan et des républicains.

En 1980 sort le premier album de Dead Kennedys. Culte, archi culte, Fresh Fruit For Rotting Vegetables remporte pas mal de succès. Le EP In God We Trust arrive en 1981, avec DH Peligro à la batterie et le titre "Nazi Punks Fuck Off" marque les esprits. Il sortira d’ailleurs en single (le groupe en aura sorti 7 entre 79 et 82).
En 1981 Jello Biafra épouse Therese Soder, alias Ninotchka, chanteuse du groupe punk The Situations. La cérémonie est présidée dans un cimetière par Bruce Loose, le chanteur du groupe Flipper, qui a suivi pour l’occasion un stage pour devenir "ministre du culte pour une journée" et pouvoir célébrer l’union... Toute la crème de la scène punk/hardcore est présente évidemment.

Côté musique, Plastic Surgery Disasters débarque en 1982 sur Alternative Tentacles, en pleine période reaganienne (cf. le festival Rock Against Reagan en 83 où DK est en tête d’affiche). Frankenchrist, l’album controversé à cause d’un poster du « Penis landscape » du peintre HR Giger, est publié en 1985 et l’année suivante sort l’ultime album des Dead Kennedys, Bedtime For Democracy.

Biafra est poursuivi par la justice pour l’affaire du poster (accusé de promotion de "matériel choquant"), mais il est acquitté quelques mois plus tard. Cet épisode fait pourtant naître des tensions dans le groupe qui se sépare en 1986. Le divorce entre JB et sa femme survient aussi à cette période, décidément tourmentée. Une excellente compilation, Give Me Convenience Or Give Me Death voit le jour en 1987.

Jello Biafra se concentre alors sur ses « spoken words », des textes entre activisme politique et poésie dont certains seront enregistrés. En 1988, il forme Lard avec les musiciens de Ministry et publiera plusieurs albums et EP sur Alternative Tentacles.

Il collabore ensuite avec pas mal de formations, et sort notamment Last Scream Of The Missing Neighbors avec les canadiens de DOA (sur Alternative Tentacles en 1990) et The Sky Is Falling And I Want My Mommy avec NoMeansNo (canadiens également) en 1991.
En 1990 Jello a aussi collaboré à 1000 Homo Dj’s un projet parallèle de son pote Al Jourgensen (Ministry). Il apparaît sous le pseudo Count Ringworm. Le groupe (dans lequel on compte aussi notamment Trent Reznor de Nine Inch Nails) est surtout célèbre pour sa reprise de "Supernaut" de Black Sabbath.
En 1991 JB participe à l’album éponyme de Tumor Circus (sorti sur Alternative Tentacles). Il s’agit d’un projet parallèle des musiciens de Steel Pole Bath Tub.

En 1994, c’est avec le rockeur folk Mojo Nixon qu’il sort Prairie Home Invasion. Biafra a ensuite travaillé et collaboré avec divers groupes et artistes variés : Sepultura, Ministry, Napalm Death (sur une chanson de l’album The Code Is Red...Long Live The Code - 2005), The Offspring (le disclaimer d’Ixnay On The Hombre - 1997), The AKA’s, Leftöver Crack (sur le split avec Citizen Fish en 2008), Bodycount (le morceau "Freedom Of Speech" sur l’album Body Count - 1992), Revolting Cocks ou encore les français de Metal Urbain (il fait le chœurs sur tout l’album J’Irai Chier Dans Ton Vomi - 2006).

En 1998 débute une affaire qui fera pas mal de bruit dans le monde du punk-rock. Les anciens membres des Dead Kennedys, East Bay Ray et Klaus Flouride en tête, décident d’attaquer Biafra en justice. Ils lui reprochent d’avoir gardé une partie des royalties pour sa pomme et de refuser de faire de la promo pour les albums du groupe. Biafra lui, explique que ses ex-compères lui en veulent parce qu’il n’a jamais accepté que la marque Levi’s utilise le titre « Holiday In Cambodia » pour un de ses spots publicitaires (single sorti en 80). Ces derniers vont finalement gagner leur procès et, presque pas intéressés par l’argent, sortiront deux albums live dont un avec un enregistrement datant de la période Jello Biafra. Et comble du ridicule, ils iront même jusqu’à reformer Dead Kennedys sans Biafra, avec un nouveau chanteur, Brandon Cruz, qui ne fera pas long feu (il a depuis été remplacé plusieurs fois).

En 99 signalons aussi l’aventure No WTO Combo, groupe éphémère avec Krist Novoselic de Nirvana et le guitariste de Soundgarden Kim Thayil, très actif pendant les émeutes de Seattle lors du rassemblement de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Pas abattu pour autant par les problèmes judiciaires, JB sortira entre autres productions de spoken word, deux enregistrements marquants, dont Become The Media en 2000 (la phrase "don’t hate the media, become the media" restera célèbre et deviendra le slogan d’Indymedia) et Machine Gun In The Clown’s Hand en 2002, dont on devine facilement à qui il est adressé.

Il rejoint ensuite The Melvins en 2004 pour enregistrer Never Breathe What You Can’t See sous le pseuo d’Osama McDonald, puis Sieg Howdy ! en 2005.
Biafra forme en 2009 son nouveau groupe, Jello Biafra And The Guantanamo School Of Medicine avec Ralph Spight (Victims Family, Freak Accident) et Kimo Ball (Freak Accident) aux guitares, Billy Gould (Faith No More) à la basse, et Jon Weiss (Sharkbait) à la batterie.
Leur premier album, The Audacity Of Hype, sort à la rentrée 2009 sur Alternative Tentacles et le groupe part en tournée à travers les USA avant une petite visite à la vieille Europe à la fin de l’automne (avec Andrew Weiss de The Rollins Band, et frère de Jon, à la basse).

Gravement agressé en 1994 pendant un slam au célèbre 924 Gilman Street de Berkeley (CA) - par des abrutis lui reprochant d’être un "vendu" -, Jello reste controversé mais est pourtant reconnu à travers tout le microcosme punk comme une référence, un mentor pour certains et en tout cas une figure respectée de l’histoire du punk. Son label Alternative Tentacles est également un exemple de DIY et une mine d’or au niveau musical (Akimbo, Subhumans, Amebix, Leftöver Crack, Witch Hunt...).


La Discographie

2009 - The Audacity Of Hype (avec The Guantanamo School Of Medicine)

2006 - J'Irai Chier Dans Ton Vomi (avec Metal Urbain)

2005 - Sieg Howdy! (avec The Melvins)

2004 - Never Breathe What You Can't See (avec The Melvins)

2002 - Machine Gun In The Clown's Hand (spoken word)

2000 - Become The Media (spoken word)

2000 - 70's Rock Must Die EP (avec Lard)

1998 - If Evolution Is Outlawed, Only Outlaws Will Evolve (spoken word)

1997 - Pure Chewing Satisfaction (avec Lard)

1994 - Prairie Home Invasion (avec Mojo Nixon)

1994 - Beyond The Valley Of The Gift Police (spoken word)

1991 - Tumor Circus (avec Tumor Circus)

1991 - The Sky Is Falling And I Want My Mommy (avec NoMeansNo)

1991 - I Blow Minds For A Living (spoken word)

1990 - Supernaut (avec 1000 Homo Dj's)

1990 - Last Scream Of The Missing Neighbors (avec DOA)

1990 - The Last Temptation Of Reid (avec Lard)

1990 - I Am Your Clock EP (avec Lard)

1989 - High Priest of Harmful Matter - Tales From The Trial (spoken word)

1989 - The Power Of Lard EP (avec Lard)

1987 - No More Cocoons (spoken word)

1987 - Give Me Convenience Or Give Me Death (avec DK)

1986 - Bedtime For Democracy (avec DK)

1985 - Frankenchrist (avec DK)

1982 - Plastic Surgery Disasters (avec DK)

1981 - In God We Trust EP (avec DK)

1980 - Fresh Fruit For Rotting Vegetables (avec DK)

Les Chroniques
- ALBUMS / SPLITS


The Audacity Of Hype (2009)