Casualties (The) - Underground Army

Contexte :

Il n’y pas si longtemps que ça il y avait une époque ou le street punk s’appelait encore Oï, où, faute d’élection d’un certain G. W. Bush la plupart des groupes de punk rock ne se sentaient pas pousser une fibre militante et où mon horizon musical se limitait à blink-182, the offspring et quelques autres groupes de skatecore. Tout cela se passait en 1998 et contrairement à ce que faisait croire la partie émergée de l’iceberg, il y avait encore des groupes attachés à une certaine idée de la musique punk. The Casualties était l’un d’eux et comptait bien le crier haut et fort. Après une huitaine d’année d’existence, un line-up maintes et maintes fois remanié (et pas encore stable), un premier véritable album (enfin) paru l’année précédente, le groupe revenait pour prêcher l’unité dans une scène underground morcelée par de nombreuses bagarres « tribales » entre skins, punks et autres...

Chronique :

La première chose qui frappe lors de la première écoute c’est que l’on est loin ici du son un peu plus « propre » et orienté hardcore des derniers albums du groupe : le rendu des instruments n’en pas toujours optimal et certains trouveront peut-être que certains passages on un aspect un peu « crade » mais c’est justement ce qui fait le charme des morceaux et, après tout, celui du street punk en général. A cela s’ajoute le voie de Jorge qui nous montre son talent en débitant à une vitesse folle une quantité de paroles sur une durée limitée, style oblige, sur des chansons comme « Stay Out Of Order » ou « No Rules ». Cette dernière est d’ailleurs un véritable bijou prenant la forme d’un brûlot à l’intention de ceux qui, bien qu’étant opposés aux règles, se mettent à créer des critères visant à distinguer « les vrais » punks des autres. Ça fait toujours du bien de l’entendre !... Le flot des paroles se calmera un peu par la suite mais pas le rythme des chansons qui se veut toujours rapide et accrocheur grâce à quelques riffs bien sentis ou une basse qui se révèle très entraînante sur des morceaux comme « Rejected And Unwanted ».

On parlait d’unité tout à l’heure et il est vrai qu’on ne peut pas nier la capacité de l’album à rassembler, que ce soit avec des refrains comme celui de « Underground Army » mais surtout des morceaux comme « Here Today… », sans oublier le magistral « Punx Unite » dont les premières paroles s’inspirent de « If the kids are united » des Sham69 (par ailleurs pompé sur un hymne d’extrême gauche : « if the workers are united »…

Au centre de cet album on trouve donc des préoccupations comme la préservation de la scène Oï (et punk en général) des diverses menaces que représentent certaines maisons de disques ; mais surtout les conflits internes principalement causés par les intrusions régulières de quelques nazillons (« Sell Out Society », « Kill Everyone », « Here Today… ») ; et également des thèmes plus « classiques » tels que le chômage (« Unemployed ») ou l’injustice (« American Justice »). Le cd compte son quota de morceaux d’anthologie comme, pour ne citer qu’eux, « Rejected And Unwanted » aux paroles simples, entraînantes et véridiques, « Kill Everyone » qui est un peu aux Casualties ce que « Nazi Punks Fuck Off » est aux Dead Kennedys, et bien sûr « Punx Unite » dont le refrain a été taillé sur mesure pour les concerts. Une tune qui s’achève sur un hommage à « 40oz Casualties » un des premiers morceaux du groupe qui re-paraîtra plus tard sur The Early Years (1990-1995) (pour votre culture perso sachez que 40oz désigne une bouteille de bière d’1,1 L, on en salive d’avance…).

Que vous soyez fan de street punk ou que vous ayez découvert le groupe sur le tard, cet album fait partie de ceux que vous devez vous procurer absolument. Une galette qu’on ne manquera pas d’écouter régulièrement, ne serait-ce que pour se rappeler que, de part son statut indépendant, la scène punk, plus que toutes les autres, a besoin de groupes comme The Casualties et de la mobilisation de ses fans pour pouvoir exister, survivre, et que l’on puisse encore scander longtemps « Punk’s not dead ! ».