Teenage Bottlerocket + Sons Of Buddha + Dead Pop Club @ Paris, La Mécanique Ondulatoire

Date : 26 février 2009 par Seb-O-Matic

Il y a des choses qui aujourd’hui se font aussi rares que les augmentations de salaire. L’évolution de la société, sur les plans civiques, culturels ou technologiques, fait de choses auparavant courantes des denrées rares. Aujourd’hui on peut insulter son professeur et même l’agresser, en filmant le tout pour le mettre sur Youtube. Aujourd’hui on ne peut plus coucher avec une employée subalterne sans avoir de procès pour harcèlement sexuel sur le dos. Aujourd’hui certains ont toujours le droit d’avoir faim et d’avoir froid.
Aujourd’hui il est extrêmement rare de pouvoir se prendre une bonne claque "in da face" lors d’un concert. Avec les sites internet, MySpace et autres Deezer, toutes les musiques du monde sont à portée de souris. Un clic et tu peux même écouter le nouveau morceau d’Ophélie Winter, pour peu que tu veuilles infliger un sévice à quelqu’un. Maintenant quand un groupe passe en concert, il est très aisé de pouvoir choper ses albums et connaître sa discographie entière sans avoir levé le cul de sa chaise. Et pour les concerts, c’est une très bonne chose ! Mais ce sentiment de découverte ultime en assistant à une première partie dont on n’avait jamais entendu parler, ou en allant dans un concert où on ne voulait pas aller mais où on se retrouve parce qu’on a suivi une fille plutôt jolie dans le métro (juste avant on l’avait suivie dans la rue, et juste avant on l’avait suivie devant chez elle, et juste avant on se touchait allègrement en regardant la petite voisine par la fenêtre avant de la voir sortir), qu’on a tous connu devient obsolète. Finie cette sensation euphorique qui s’empare de nous lorsqu’on découvre un groupe en live.

Alors quand la date de Teenage Bottlerocket a été annoncée, on essaie de faire l’autiste. Pendant des mois autour de soi tout le monde en dit le plus grand bien. Forcément on va écouter un peu sur le MySpace, et ouais, ça a l’air cool. Mais on résiste à la tentation de choper les albums. Le live sera l’ultime épreuve, la révélation ou la déception. Même quand Fat Wreck annonce que ce groupe est sa nouvelle signature, il faut résister ! Alors on sert les dents, et on guette ce jeudi soir pour enfin redevenir puceau en pénétrant la Mécanique Ondulatoire.

Et on retrouve les sensations du dépucelage dans le caveau qui accueille le concert. Il fait chaud, c’est tout humide, et ça coince quand on veut passer tellement il y a de monde. Sold out ce soir, 150 personnes. Sur scène Dead Pop Club chauffe l’ambiance en présentant essentiellement des nouveaux titres. La formation parisienne clame encore plus fort qu’avant son amour d’Hot Water Music, à grands coups de titres mid tempo qu’il est délicat de cerner en une première écoute live. Quelques fulgurances comme "Hospital" ou une autre qui pourrait s’intituler "Brother, Sister" ( ?) puisque c’est ce qu’ils disent sur chaque pré-refrain ; une pop-punk appelée "Super Loser" (qui ne fait pas partie des Watchmen), et des titres plus anciens comme "The Curse". Ça joue toujours aussi bien, mais la voix n’est malheureusement pas assez forte pour que toutes les nuances soient perceptibles. Un "Circle Pit" des familles pour achever ce premier bain de sueur, et tout le monde va faire la queue pour pisser dans les toilettes mixtes.

Le trio de Sons Of Buddha débarque, et entame un virulent "Drunk Punk" qui fait s’agiter les danseurs. L’ambiance monte de deux crans, et "I Hate Xmas" juste derrière ne la fait pas retomber, bien au contraire. Voilà indéniablement l’hymne du groupe. Deux chansons, deux cordes de guitare cassées. Petite interruption avant de repartir sur les chapeaux de roue (de la fortune). Forest occupe le devant de la scène et multiplie les déformations faciales tandis qu’il maltraite sa guitare. On l’a déjà aperçu dans de nombreux clips délirants signés David Basso, mais ses prestations scéniques ne font que confirmer ses talents d’acteur. Les deux frangins Follain liés par leurs voix se répondent magnifiquement, comme sur "The Most Important Are The Smallest Signs", malgré quelques soucis rythmiques à lancer le morceau. Mais Ed s’améliore au fil des bières et des concerts derrière les fûts, en atteste "Profesionnal Hypocrite" sur laquelle il martèle plus que Charles (joke)... Pour finir c’est bien évidemment l’éponyme "Sons Of Buddha", avec en bonus un featuring de... ah bah un gars du public, qui est monté chanter sur les deux derniers morceaux, normal, sous le regard amusé/encourageant d’un Forest qui finalement va se mettre à aimer les parisiens si ça continue !

Ultime pause avant la claque annoncée/espérée. Dans l’escalier le chanteur de Teenage Bottlerocket se fait violer les lèvres par une groupie délurée qui l’instant d’après fait sentir ses aisselles à tout le monde. C’est que ça picole sévère dans tous les coins, et la recette doit être bonne pour le bar, puisque la pinte passe au prix du demi (à moins que ce ne soit le prix normal lorsque l’on commande sa sixième pinte...). Les quatre américains montent sur scène, font "one, two, three, four" ce qui en français et d’autres langues se traduit par "1, 2, 3, 4", et ce servira d’intro à tous leurs morceaux. Et alors, la claque ? Bah ouais.
Que des tubes. Un refrain entendu une fois et tout le monde peut sing alonger dessus. Des "oh-oh" dans tous les sens, des mélodies efficaces, et des voix à se taper les testicules sur des ananas brûlants. On comprend pourquoi le Gros Michel les a signés, et on sent de qui Sons Of Buddha a pu s’inspirer. Tout ce petit monde a reçu son certificat d’héritier de Screeching Weasel les doigts dans le nez ou ailleurs, et le résultat est assez bluffant. Comment s’empêcher de reprendre ces "radio-oh-oh" ? Autant essayer de résister à l’invitation dans son lit d’une Scarlett Joahnson en corset...

"Hit music only", voilà sans doute la devise de Teenage Bottlerocket, et ça serait bien plus justifié que pour une certaine radio. Les chansons sonnent toutes comme des génériques télés. Les riffs sonnent comme des jingles publicitaires. Les refrains sonnent plus tubesques que l’intégrale de Superbus. Rares sont ceux à ne pas adhérer. Quelques-uns remontent. Pourtant, et c’est assez rare dans le genre "pop-punk-1,2,3,4", les Teenage Bottlerocket ne lassent pas. Ils ont même le droit à un très franc rappel, avec un super morceau qu’il aurait été criminel de ne pas nous jouer ! Une bonne heure de concert, bien des litres dépensés et un grand merci à leur exprimer : on se l’est enfin reprise, cette claque nostalgique. Maintenant, il n’y a plus qu’à choper les albums pour chanter dans sa chambre en caleçon, la télécommande en guise de micro en attendant que la petite voisine se repointe...



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