Mute - The Raven

Contexte :

Marc-Antoine, Alex, Jean-Philippe, Etienne… Pour un peu, et dans un excès de chauvinisme, on se laisserait aller à dire que Mute à un petit quelque chose de français. French Canadian, comme ils disent de l’autre côté de l’océan. Mute est en effet originaire de la Belle Province et n’en est pas à son coup d’essai, dix ans après sa formation. Déjà un EP et un album remarqués au compteur pour nos quatre québécois, avant l’album de la consécration, The Raven, paru mi-2008. Un disque qui sera, presque un an après, disponible en Europe dans plusieurs bonnes crèmeries (en France tournez-vous vers Craze Records/Feuzeul Records).

Chronique :

Vous aimez le punk rock bourré de références metal genre Strung Out (période post-2000) / Avenged Sevenfold (période 1999-2003), de technique de branleurs de manche, de tempos survitaminés, de mélodies à la Belvedere / Bigwig / Bad Religion pour ne citer que des groupes en « B » (pourquoi ? parce que…), vous avez usé jusqu’à la corde vos disques d’A Wilhelm Scream, Choke ou Craig’s Brothers et collectionnez depuis les petits groupes qui ont foisonné sur ce terreau-là sans jamais parvenir à égaler leurs ainés ?…
Mute c’est pour vous !

Le groupe avait déjà lancé les jalons de son style skatepunk melodico-technique sur ses disques précédents - que je vous conseille de découvrir ; mais là le niveau atteint est sans égal dans la carrière du groupe et parvient à se hisser au même statut que les références du genre.
Mute livre dès « Apocalypse Soon », son morceau le plus agressif à ce jour (quelle claque !). L’empreinte assez sombre et à consonance metal laissée par le producteur Jef Fortin, du studio Bad Ass, colore le son du groupe pour le faire sortir de la norme et sied parfaitement à la débauche technique et aux mélodies du groupe.
Car ce n’est évidemment pas avec les tempos que Mute insuffle de la diversité à son style. Le rythme mitraillette est quasiment systématique et c’est plus sur les ambiances que la bande mise pour différencier les titres les uns des autres. « Atrophied » (qui a bénéficié d’un clip) ou l’énorme « Communication Breakdown » tranchent ainsi avec les titres qui les entourent par leur ton enjoué. Ces sing alongs tout sourire dehors sont carrément jubilatoires et penchent bien plus vers les accointances skate punk du groupe.

Les grandes influences de Mute sont perceptibles à de nombreux moments (« The Edge » sonne comme une cover de Bigwig), de Satanic Surfers à Rise Against (« Curtain Call », un des seuls mid tempo, rappelle largement McIllrath & Co.). Mais cette sensation toujours agaçante dès qu’un album punk rock sort du lot, est ici très bien abrasée par la belle cohérence qu’apporte deux constantes : le chant absolument irréprochable (« Kings Of Spades ») et les soli et autres constructions de guitares au penchants metal assumés de superbe façon (le groupe cite sans complexe Sonata Arctica dans ses influences majeures).
Ainsi le recours au solo de furieux et autres tapping façon sonnerie de portable est quasiment un passage obligé alors que le groupe, avec ses qualités punk rock intrinsèques, parviendrait aussi à toucher par des morceaux basés seulement sur l’énergie et l’impact des refrains notamment (« Coming Back »).

Ainsi, si l’intrusion d’Iron Maiden dans le punk rock vous hérisse la crête et les poils sur les bras (« Shredder »), passez votre chemin. Si le mélo à roulettes (pourtant ici pas dénué de conscience sociale au gré des textes plutôt personnels du groupe) vous donne des boutons ; il est clair qu’il vaudrait mieux aller voir ailleurs. Mute est un groupe "extrême" dans le genre, en ce sens qu’il pousse loin le bouchon, peut-être même au-delà d’un A Wilhelm Scream. Le coup de l’album à tête de corbeau n’est d’ailleurs pas sans rappeler les oiseaux du très sombre Ruiner...
Ces canadiens livrent en tout cas là un album qui pourrait sans doute devenir LA référence dans le style. Chapeau les mecs (en français dans le texte) !

Biographie du groupe

Mute