Propagandhi @ San Fransisco Bath House, Wellington, NZ

Date : 19 février 2009 par Fab

Voir Propagandhi en live est certainement le rêve de plus d’un punk rockeur. Mais les apparitions des Canadiens sont tellement rares, notamment en France, que ce rêve semble presque inaccessible, renforçant encore le fanatisme que certains vouent à ce groupe. Pourtant, ce rêve si lointain n’est pas irréalisable. Ce mercredi 11 février 2009, il devint réalité pour les privilégiés se trouvant à l’autre bout du monde, à Wellington plus précisément, la capitale politique de la Nouvelle-Zélande.

Arrivé à la bourre, je ne voie que la fin du set de The Outsiders. Ce groupe local lorgne du côté d’un Against Me ! (notamment la voix du frontman) sur le premier morceau que j’entends puis vers un son beaucoup moins folk sur le titre suivant. Ce sera tout pour The Outsiders qui plient alors bagages. Les applaudissements sont discrets, pourtant le public est déjà nombreux, mais éparpillé devant la scène, le bar et les urinoirs. Il faut dire que si la salle embaume la bière, la transpi et le caleçon souillé, ce n’est évidemment pas pour la première partie mais bien pour les phénomènes canadiens. Le nombre de t-shirts à l’effigie de Propagandhi en atteste.

Je visite les lieux durant le changement de plateau. La salle, située au premier étage d’un bloc d’immeuble du quartier « hype » de Wellington, est plutôt petite mais bien fichue. Le lieu semblant dédié au rock au sens large du terme aux vues des quelques très belles photos décorant les murs. Un détour par le stand de l’asso SAFE luttant contre la cruauté faite aux animaux (quoi de plus normal à un concert de Propagandhi ?). Je prends quelques tracts et pétitions, les lis pour tuer le temps, améliorer mon anglais et apprendre que des tests et expériences réalisés sur des chiots sont aussi horribles qu’inutiles. De quoi me plonger dans l’univers propagandhien. Puis il est temps de s’approcher des balustrades. De me coller contre, de sentir un mec poisseux se coller à moi, lui même pousser par une foule compacte. L’excitation monte comme une traînée de poudre dans la salle. Les discussions entre potes se transforment lentement en cris à l’attention du groupe. Le côté exceptionnel de voir Propagandhi en concert accentue encore la tension au sein du public.

Enfin les quatre garçons se pointent. Les cris font place à des hurlements de mâles transis. Les poings se lèvent. Les sourires montent jusqu’aux oreilles et je ne veux pas savoir ce qui monte dans le caleçon du fan situé derrière moi ! Pas trop de bavardages et le groupe attaque son set de la plus belle des manières avec la géniale « Die Jugend Marschiert (America’s Army) ». Le pogo s’ébroue dès la première seconde, la première note. Je suis pressé contre la barrière, mon thorax s’écrase sur le montant en métal. Rien à foutre. Je savoure ces premiers instants. Les Canadiens enchaînent avec deux nouveaux morceaux, « Tertium Non Datur » et l’excellente « Supporting Caste », qui figureront sur le nouvel opus. Le son est particulièrement bon et les gaillards jouent à la perfection. Le public braille à s’en faire péter les cordes vocales. Le « nouveau » chanteur guitariste David "The Beaver" Guillas tient parfaitement son rôle ; voix impeccable, soli dévastateurs, le tout avec une facilité déconcertante.
« A Speculative Fiction », « Bringer Of Greater Things » ou encore « Rock For Sustainable Capitalism » honorent Potemkin City Limits puis « Less Talk, More Rock » et « And We Thought Nation States Were A Bad Idea » ravissent les fans de la première heure. Dommage que Todd Kowalsky soit un peu malade ce soir. Le bassiste fait comprendre qu’il n’a plus de voix et une genouillère à son articulation droite trahit son état de forme. Pourtant, le loustic s’échine à se remuer, parcourant la scène de long en large puis sautant sur un pied !

Le quatuor fait dans l’efficacité et les titres s’enchaînent sans trop de palabres. Un tour dans le passé avec « Haillie Sellasse, Up Your Ass » avant de revenir à la charge avec « Back To The Motor League », « Make Ka Moris Ukun Rasik An » ou encore « Today’s Empires, Tomorrow’s Ashes ». Les Canadiens alternent, comme seuls eux savent le faire, entre passages bien bourrins aux soli metalesques et instants beaucoup plus mélo. Chaque morceau claque comme une gifle et ce ne sont pas les nouveaux titres « Human(e) Meat » et « Dear Coaches Corner » qui viendront ternir la prestation du groupe, bien au contraire.

Propagandhi termine son set par la très bonne « Anti Manifesto » issue de How To Clean Everything. Une heure déjà que le groupe à débuté. Une heure bien trop courte ! Le public pense la même chose et scande des "Propagandhi !" à n’en plus finir. Les fans ont été entendus et le quatuor réapparait (première fois que je vois un rappel en Nouvelle-Zélande !). Les quatre repartent pied au plancher, « Life At Disconnect », « With Friends Like These », « Purina Hall Of Fame » s’enchaînent sans répit et sans fausse note. Puis les zicos posent les instrus, pour de bon cette fois-ci. Merde, j’en aurais bien repris une lichette.

Alors certes, ce concert n’était pas le plus dingue, les gaillards n’étant pas du genre à faire des pirouettes et à slammer dans la foule toutes les trente secondes. Mais avec ses titres monstrueux et ses textes tout aussi géniaux, Propagandhi va à l’essentiel et abasourdit son auditoire par le seul pouvoir de sa musique. La sincérité, l’engagement et la conviction du groupe semblent décuplés sur scène ! Douze ans que le combo n’avait pas foulé le sol néo-zélandais… Alors comme dirait l’autre, tout vient à point à qui sait attendre. Peut-être, mais on aimerait quand même vite les voir dans l’hexagone !



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