This Is A Standoff - Be Excited

Contexte :

Parvenant à se réunir bien qu’éparpillé à travers le Canada, le quatuor This Is A Standoff compose début 2007 son debut album, très attendu dans le petit monde du punk rock. Moins d’un an après sa formation, le combo sort donc le bien nommé « Be Excited », et ce via une tripotée de labels à travers le monde.

Chronique :

Bon j’aurais donc tenu un petit paragraphe sans citer Belvedere. C’est de toute façon mission impossible de ne pas juxtaposer les destins de TIAS et de Belvedere, un des groupes punk mélo les plus influents de la décennie. Pour ceux qui auraient vécu dans une caverne depuis disons 2000 et la sortie d’Angels Live In My Town, ou ceux qui découvrent le style depuis une semaine, rappelons que Belvedere a suscité les vocations de dizaines de groupes punk rock en alliant mélodie, technicité et agressivité, un style qui a incontestablement redonné un nouveau souffle au punk rock mélodique, celui des vieilles gloires californiennes des 90’s.

This Is A Standoff était évidemment attendu au tournant, attendu comme la suite logique de « Fast Forward Eats The Tape », le formidable dernier album de Belvedere, qui tempérait quelque peu ses tempos, complexifiait encore un peu plus la mélodicité du groupe de Calgary.
Ceux qui attendaient du tempo échevelé et du tapping à tout va seront donc un poil déçus, ceux qui, au contraire, étaient comme moi dans l’attente du digne successeur du Belvedere-dernière-cuvée seront comblés.

This Is A Standoff c’est donc beaucoup de nuances, un refus de la facilité qui en fait toute la richesse, des plans de guitares et une sonorité très caractéristiques de Steve Rawles, décidément un des tous meilleurs songwriters du genre, une frappe chirurgicale qui a fait la reconnaissance de G. Churchill parmi les batteurs punk rock, des boucles de guitare en filigrane qui enrichissent énormément les compos et qu’avait popularisées Scott Solo dans Belvedere, et une voix, assez atypique, ni juvénile, ni éraillée, qui peu agacer certes, mais qui, avec toutes ses limites, est porteuse de beaucoup d’émotion et d’énergie.

Stave Rawles chante en tout cas mieux d’album en album, varie beaucoup ses lignes mélodiques sur une gamme de plus en plus étendue et avec des envolées rageuses du plus bel effet, même si elles ne comblent pas l’aspect hardcore qu’apportait Jason Sinclair, l’énergique bassiste de Belvedere. Les chœurs sont aussi moins nombreux que par le passé. L’aspect vocal de TIAS est ainsi moins fourni, moins dense, et c’est peut-être le petit quelque chose qui manque au premier abord avec cet album composé dans la précipitation pour permettre au groupe de tourner.

Certains morceaux paraissent d’emblée avoir beaucoup de potentiel, on y rentre avec un plaisir non dissimulé, comme on enfile une vieille paire de Charentaises. Le terrain est connu. Et puis, quelque chose de désagréablement-pas-tout-à-fait-abouti, comme trouver chaussure pas tout à fait à son pied, vient gêner l’adhésion totale de l’auditeur. Le bout de la semelle du bon vieux chausson se désagrège sous les orteils, impossible alors de penser à autre chose… Idem avec cet album de très haut vol qu’on peine pourtant à adopter tout à fait.

Le disque passe cependant très bien l’épreuve du live, fourmille de trouvailles et de moments de bravoure en matière de punk rock mélodiquement chiadé, techniquement irréprochable, émotionnellement nuancé, difficile de faire mieux. This Is A Standoff tient son rang, c’est incontestable. Plus abordable qu’un A Wilhelm Scream, mille fois plus intéressant musicalement que tous ces groupes "néo-skatecore", estampillés Bells On Records. La bande à Steve Rawles rend fréquentable le punk mélo, réinvente et fait évoluer encore un peu sa musique à forte teneur émotionnelle. Une musique qui pourrait bien réunir ta copine fan de No Use For A Name et ton pote geek-punk, poseur du forum d’à côté… La marque des grands quoi...