Chuck Ragan + Ravi +The Califorer Is Very Hot @ La Java (Paris)

Date : 3 février 2009 par Seb-O-Matic

Chuck, c’est le prénom le plus puissant du monde ! Et comme le rigolo qui campe le personnage facho-biblique de Walker Texas Ranger, Chuck Ragan semble profiter de son escapade solo pour clamer haut et fort son amour de la country, des rodéos et des robes à fleurs de la prairie, comme le prouve son dernier album.
Chuck en solo, c’est l’occasion pour tous les fans de Hot Water Music de voir au moins un des membres d’un groupe désormais mythique dans la scène punk indépendante (oui en 2009 il faut plus ou moins selon les cas accompagner le terme punk de celui d’indépendant, les temps changent) fouler le sol français. Après The Draft en 2007, on attend un maximum de bonheur !

Une fois le froid bravé pour sortir de chez soi, il faut rester encore un peu dehors pour faire la queue. Il est 21H15, le concert est sensé être entamé et la menace d’une grève entamée depuis 20 heures fait un peu stresser quelques personnes quant à la possibilité de rentrer si ça finit trop tard...

La Java est en sous-sol, avec un espace tout en longueur pouvant bien contenir 250-300 personnes bien serrées. Pas la peine de se frotter les coudes ce soir, avec la petite centaine de curieux réunis devant la scène la plus connement installée du monde : le plancher est surélevé, non pas au fond de la salle pour que les gens puissent voir, mais devant, pour que personne ne puisse ! C’est malin ça !

Ce sont les français de Ravi qui entament. Le son ne vient pas non plus plaider en faveur de la salle malheureusement. Pourtant le potentiel emo-pop-punk du combo transparaît aisément. Morceaux techniques, carrés et nerveux, dans la lignée d’autres groupes hexagonaux comme Chasing Paperboy ou 64 Dollar Question, et portés par la voix impeccable du chanteur qui fait vite fondre les craintes apportées par sa coupe de cheveux Vegastariennes : rien à voir et tant mieux ! Les têtes hochent, le relou de la soirée complètement déchiré depuis au moins une heure pogote tout seul, et Ravi aligne bon morceau sur bon morceau. Juste avant de finir, ils s’offrent et nous offrent un bon gros plaisir en invitant Chuck Ragan a un featuring pour une reprise de vous-savez-qui. Là tout le monde sourit, le morceau ne semble durer qu’une minute, la voix de Ragan fout une grosse claque à l’assistance dès la première syllabe prononcée. Le chanteur de Ravi résume parfaitement tout ça à la fin : « Je sais pas pourquoi j’ai plus envie de chanter ». Un dernier morceau pour la route, et c’est la fin d’un set plutôt cool.

Derrière c’est la confusion. Comme il est déjà tard la rumeur veut que ce soit Chuck qui joue maintenant. Mais finalement ce sont les italiens de The Calorifer Is Very Hot qui se pointent sur scène, sans tambour ni trompette mais avec une contrebasse. De la pop au programme. Les gars s’amusent mais ressemblent vraiment à une erreur de casting. Un peu comme une bande-annonce de comédie française sur la crise de la quarantaine avant de pouvoir enfin voir projeté le nouveau Tarantino... Les gens s’ennuient pas mal et beaucoup retournent au bar. L’apogée du set sera la reprise du « KKK Took My Baby Away » des Ramones, et un morceau où un gars est invité à monter sur scène avec eux pour pomper non pas un des membres, mais un truc que l’on n’aura pas pu voir à moins d’avoir été au premier rang...

Enfin c’est au tour de Chuck, accompagné d’un contrebassiste à la casquette bizarrement vissée à la « je-reviens-de-la-pêche » et d’un violoniste à la casquette militaire floquée Avail et la barbe mégatouffue genre « je-viens-de-passer-6-mois-dans-la-forêt-à-manger-des-ours-et-j’ai-croisé-Moundir-de-Koh-Lanta-hurlant : Pas d’éducation ! Aucun honneur ! »...
Au milieu, un Chuck Ragan aux cheveux courts et rasé de près, que l’on sent heureux d’être là ! Les regards, les sourires sont continus et contribuent à l’émotion insufflée par ses morceaux. Ceux de l’excellent Feast Or Famine sont bien évidemment mis en avant, comme « Do You Pray » revisitée grâce au violon et « Geraldine » qui se fait encore plus émotionnelle. On a le droit à un nouveau titre, plutôt cool, et surtout, surtout, à deux reprises de Hot Water Music, avec Chuck tout seul avec sa guitare. « Old Rules » et « God Deiciding » sont revisitées, et de quelle façon ! Ce mec a décidément la grande classe, et se fend même de sincères remerciements pour les gens qui ont toujours soutenu les différents projets des membres de HWM. 

Les gens justement, sont séparés. Entre ceux complètement subjugués et dans le set, et des boulets qui passent leur temps à parler, et pas franchement discrètement ! Quel intérêt de venir à un concert acoustique pour laisser planer un brouhaha permanent comme ça ? Autant rester au bar au fond de la salle, ça fera chier moins de gens !
Le trio ne semble pas gêné par la petite brochette de débiles profonds, et alterne entre les morceaux où Chuck joue en solo, accompagné de sa seule guitare ou de son harmonica solidement fixé sur son cou inamovible, et ceux où il se fait accompagné, qui sonnent tout de suite plus « festifs ». La set-list ainsi aménagée permet d’éviter une trop grande redondance entre les titres.

Le final est tout simplement grandiose, avec 3 morceaux tirés de Feast Or Famine, encore plus beaux qu’un triptyque de Jérome Bosch, dont le tube « For Broken Ears », avec Chuck Ragan seul et sans doute le plus beau moment du concert. La preuve : les mains tapent enfin en rythme (du moins essaient) ! Incroyable que l’ambiance ne soit pas montée plus vite, surtout avec les coups de talon de l’imposant violoniste. Et que dire de « The Boat », lâchée dans une nouvelle mouture juste sublime ? Pas grand chose. Il y a des moments comme ça qui ne se racontent pas. Ils se vivent. Et en silence.



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