Gaslight Anthem (The) - The ’59 Sound

Contexte :

The American Dream. Alors que Barack Obama arrive au pouvoir et redonne espoir à la Terre entière, d’autres vivent une très belle aventure. Avec une existence de seulement deux ans et demi, The Gaslight Anthem est sorti de l’anonymat de son New Jersey natal pour taquiner les sommets des charts indépendants grâce à un deuxième album de classe intemporelle : « The ’59 Sound ».

Chronique :

Et la production d’abord, se révèle des plus léchées, afin de retranscrire ce fameux « son de ’59 ». Le chant de Brian Fallon, chanteur-guitariste, a subi un traitement lui donnant un timbre du genre rétro (pas viseur), et les guitares ne sont affublées que d’une très légère saturation. D’ailleurs le groupe joue sur Fender, tant en guitares qu’en amplis, ceci expliquant d’autant plus la légèreté et la transparence du son de The Gaslight Anthem. Un son qui n’a pas été confié à n’importe qui, puisque c’est l’ancien guitariste des Flogging Molly, Ted Hutt, qui s’y est collé, avec beaucoup de réussite. Il faut dire que les gaillards savent se faire bien accompagner, en attestent leurs tournées avec Against Me !, The Loved Ones, Rise Against, Thrice ou Alkaline Trio. Si c’est la même chose au niveau femmes, il doit faire bon traîner avec ces petits gars du New Jersey !

Eux en tout cas risquent de longtemps traîner en compagnie de l’auditeur, biens au chaud dans les lecteurs mp3 ou vissés sur la platine ! Dès la première écoute, on est saisi par le nombre de titres qui sonnent instantanément comme des tubes. « Great Expectations » vient annoncer la couleur : la fougue du punk rock va se mélanger à des références plus anciennes et pop, comme Bruce Springsteen ou Otis Redding. Les titres mid-tempo et langoureux comme « Even Cowgirls Get The Blues » répondent aux décharges énergétiques comme « The ’59 Sound », avec toujours une seconde gratte se fendant d’un petit gimmick et donnant à chaque titre une portée mélodique imparable (la dansante « Casanova, Baby ! »).

Les compositions du groupe sont parfaitement étudiées pour mettre en avant le timbre si particulier de Brian Fallon, qui sublime l’ensemble, comme sur l’excellente « Meet Me By The River’s Edge », qui démarre avec seulement une guitare en palm mute et sa voix. Un morceau qui vient par ailleurs prouver que le punk rock mélancolique de The Gaslight Anthem sonne comme la rencontre entre Alkaline Trio et The Killers. Ils partagent avec eux une « sombritude » dans la musique, qui pourtant ne se veut pas aussi dépressive que l’on pourrait l’entendre. La force de ces chansons est de laisser planer une lueur d’espoir au-dessus du marasme ambiant, que ce soit au détour d’un crescendo (« Film Noir »), d’un riff de guitare (la fantastique « High Lonesome ») ou d’un refrain à grande portée émotionnelle (la très belle « The Backseat »).

La première personne est toujours employée dans les textes, bien que Fallon précise que les chansons ne sont pas toutes autobiographiques. Comme bon nombre de songwriters folks dont il est friand, il s’approprie les histoires d’autres personnes pour les intégrer à son expérience personnelle. Et quand il rencontre un autre songwriter de grande classe, on a le droit à l’un des nombreux tubes qui composent l’album, avec Chris Wollard de Hot Water Music en renfort au chant sur « The Patient Ferris Wheel ».

Les douze titres s’enquillent parfaitement, et on compte pratiquement autant de tubes. Pour un coup d’essai c’est un coup de maître, et ce genre de premier album ne peut que faire à nouveau croire au rêve américain. Si l’on ouvrait une encyclopédie musicale à la définition du terme pop-punk, The Gaslight Anthem en serait une des plus belles illustrations.