Dolores Riposte -
Fatalisme & Anorexie Sociale
Date de publication : 1er février 2009 par Seb-O-Matic
Contexte :
Dolores Riposte, le retour de la vengeance. Second acte de résistance pour le jeune combo francilien qui décidément n’aime pas prendre son temps. Après un EP et un premier album en même pas deux ans d’existence, les voilà qui dégainent l’album qu’on appelle normalement « de la maturité », floqué du doux sobriquet Fatalisme & Anorexie Sociale...
Chronique :
Autant le dire tout de suite, cet album reprend les choses là où Sarcasmes & Mauvais Souvenirs les avaient laissées. La petite Dolores a composé si vite qu’elle n’allait pas pouvoir changer autant qu’une Justin(e) qui a pris elle, le temps de digérer ses hormones de croissance.
On retrouve les poignées d’amour d’accords, fidèles serviteurs de la pop/punk en français dès « J’ai Pas Envie De Rentrer Chez Moi », hymne de tous les hommes mariés. Si l’on ne peut pas parler de révolution, on sent tout de même une évolution, tant dans les lignes de chant de Fred, qui s’aventurent dans des contrées pas encore explorées, que dans des riffs de guitare à la classe américaine.
L’album commence d’ailleurs par quatre morceaux de moins de deux minutes à la structure similaire, puisque s’achevant tous sur ces fameux riffs sur lesquels le guitariste s’est fait bien plaisir... « Passer Par Là », « Au Nom Du peuple » et « Bienvenue Dans La Merde » se succèdent à vitesse supersonique, et laissent la part belle (hélène) au truc le plus important : la mélodie.
Omniprésente dans les compos de Dolores, elle semble être la base de ses chansons. En atteste « Au nom Du Peuple » et « Bienvenue Dans La Merde » qui commencent toutes deux à capella (la fameuse station balnéaire du sud de l’Italie).
Le trio ne cherche toujours pas à contenir sa fougue, et se fait même prendre la main dans le sac à plagier ses idoles ! Ainsi sur « Intox », le seul titre dont les paroles sont signées du bassiste Krostif, le riff ressemble beaucoup à celui de « Benny Get Blowed Up » de NoFX, tandis que l’intro de l’excellente « La Mort Peut Danser » est un copier/coller de celle du « Not Now », des (peut-être) bientôt réunis Blink-182.
Ces petites incartades vite pardonnées illustrent la grande influence qu’a le punk californien sur la combo. Il parvient quand même à faire entendre une insouciance musicale qui transpire la fraîcheur de vivre (si chère à une célèbre marque de chewing-gum), et sa prose lacrymale si chère aux marques d’anti-dépresseurs (et depuis quelques années aux fabricants de gel pour les cheveux).
Comme sur le premier effort les paroles sont en effet d’une noirceur n’ayant d’égale que l’arrière train béant d’une vache normande... ou de Magloire. Les titres parlent souvent d’eux-mêmes et viennent servir de thérapie à Fred, après une année qui semble avoir comporté plus de bas que de hauts. Son écriture est des plus intéressantes (le monsieur cite quand même Jacques Brel comme influence) et retranscrit parfaitement toutes les frustrations abordées au fur et à mesure des titres. La solitude (« Peut-être Que Ca Ira »), la réalité du punk-rock (« Je Paye Cher ») ou le règlement de comptes sur rythme quasi martial (« Petite Réponse Entre Amis », les plus attentifs aux sorties Guerilla comprendront à qui cela s’adresse).
Le fond reste donc dans la continuité du premier album, et la forme aussi. Après Sarcasmes & Mauvais Souvenirs on a le droit à Fatalisme et Anorexie Sociale, après une intro à l’orgue on a le droit à une « Intro Grandiloquente », après une chanson cachée en acoustique on a le droit à une chanson cachée très ye-ye, et toujours avec une production signée Papat Des Bois, forgeron du « son Guerilla », dans des délais très brefs qui plus est, puisque l’album a été enregistré en live et en 5 jours !
Pour illustrer leur progression, les Dolores se laissent aller aux innovations de saison, avec une intro au clavier que n’aurait pas reniée Alkaline Trio (avec qui ils partagent une certaine noirceur) sur la très bonne « La Mort Peut Danser », ou un break du plus bel effet sur « Et Si Finalement Je N’étais Qu’un Homme », deux titres phares de la galette, qui à eux seuls viennent compenser l’exaspération (volontairement ?) provoquée par les « na na nanana » de « Je Paye Cher ». L’ensemble est d’une cohérence à toute épreuve, et en une petite demi-heure que l’on a pas vue défiler on se retrouve déjà à balancer sa tignasse dans tous les sens sur la conclusion parfaite « Veuillez Agréer L’Expression De mes Salutations Distinguées ».
Au final, ce nouvel album, c’est la même chose qu’avant mais en mieux. Et on ne va pas s’en plaindre.
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