Billy Gaz Station - Skins And Licks

Contexte :

Billy Gaz Station c’est la rencontre de deux talents, Billy The Kill (ex-Second Rate) et Matgaz (ex-Headcases), tous deux proches dans l’univers musical mais plutôt éloignés géographiquement (Jarnac et Besançon). Après un split remarqué avec The Black Zombie Procession en 2007, quand les deux gus décident de s’enfermer en studio à mi-chemin, Angoulême, pendant 5 jours de juin 2008, le résultat est forcément attendu au tournant. Skins And Licks est donc le premier album du « groupe » et sort fin 2008 grâce aux bons soins de Kicking Records, label spécialisé dans le recyclage des anciens zicos de Second Rate (vanne !)

Chronique :

Qu’est-ce que vient faire un album sentant si fortement le classic rock à papa sur un zine punk rock ? Et bien j’ai envie de dire « j’vous emmerde » et qu’à une époque où le mercantile et l’attitude pèsent si lourd dans la balance de la crédibilité musicale, ce groupe a juste tout compris au rock, au vrai !
« Respect Nothing But Rock » est-il écrit dans le livret du disque, la sentence est claire, l’histoire de ce groupe et le background de ses deux musiciens, tout cela suffit à légitimer largement qu’on parle en long et en large d’un album comme Skins And Licks.

Parce qu’en plus figurez-vous que le disque est extraordinaire ! Enfin si on met un peu en sourdine ses envies de hardcore métalisant et de punk rock technico-mélodique. Ici chaque note suinte d’amour pour le rock n’roll de toutes les époques, le tracklist est même remplacée à l’intérieur du livret par un liste de groupes référence ayant inspiré chacun de 11 morceaux. On passe des Wildhearts à Green Day, de Led Zep à Pantera le tout sonnant assez comme un album des Foo Fighters, et eux ne sont pas cités tiens !

Le mixage de cet album, à la production fabuleuse (car sans chichi), a été confié à une légende de l’indie rock US : John Congleton from Dallas, TX. Ce gars a bossé avec une tripotée de groupes tels que Modest Mouse, Explosions In The Sky, The Thermals, The New Pornographers, Logh, Hagfish, Chin Up Chin Up, et j’en passe… En ressort un son old school, chaud, très organique, « proche des oreilles », où le chant à effet vintage passe presque au second plan, laissant libre court à ce pour quoi ce groupe a avant tout été créé : le fun.
Billy Gaz Station c’est le groupe dans lequel tout amateur de rock a voulu joué un jour dans sa prime jeunesse, avant de voir ses goûts façonnés par les effets de groupes et de modes, ce temps des oreilles encore vierges, du air guitar décomplexé, où on allait piquer les vinyles paternels dans le meuble interdit, tout ça... Ça balance du solo de gratte de partout, gourmandise attendue venant flatter l’oreille à chaque morceau, ça joue précis, ça s’aventure dans des transitions rythmiques de haut vol, des plans jubilatoires parfaitement mis en valeur par la touche Congleton, pape de la rythmique grungy en béton.

On l’a dit les fans des Foo Fighters y trouveront leur compte, de la mélodie à revendre, du mid tempo par-ci par-là, un album court et plutôt bien dosé pour ne pas lasser, la recette est bien maîtrisée. On pense par endroits à The Black Zombie Procession et aux Second Rate (pour ce sens aigu de la mélodie rock), le cousinage était inévitable et est à mon avis salvateur ici. On n’a en effet pas l’impression d’entendre un album daté ou vieux jeu, malgré le style du groupe.
Billy Gaz Station n’est pas a priori un groupe d’avenir, le pedigree des musiciens transpire de chaque morceau, la nature même du combo (la réunion de deux potes éloignés qui veulent juste faire de la musique ensemble) en fait un concentré de sincérité et de spontanéité, et le résultat, ce Skins And Licks, un moment rare de la scène hexagonale.