Off With Their Heads - From The Bottom

Contexte :

No Idea a le chic pour signer des groupes à voix éraillée, les faire découvrir au monde, tout en espérant que Fat Mike ne vienne pas trop tôt les lui piquer. Depuis le départ d’Against Me ! du label floridien beaucoup guettent les successeurs à chaque nouvelle livraison. Ces considérations aussi primaires qu’une analyse d’Eric Zemmour vont encore pouvoir aller bon train avec l’arrivée du premier opus ravageur d’un petit groupe de Minneapolis au doux nom d’Off With Their Heads !

Chronique :

A ce niveau-là ce n’est plus un chat dans la gorge, mais un lion rugissant ! La voix de Ryan Young est en effet le premier choc auquel nous confronte la galette. Le whisky, la cigarette - et le barbu là-haut sait quoi d’autre - sont passés par là et lui ont donné un timbre assez exceptionnel. Membre fondateur et pilier du groupe, le jeune chanteur incarne véritablement Off With Their Heads (ça vous rapelle quelqu’un ?). 15 membres ont déjà participé à l’aventure, avec tout de même des Dillinger Four ou The Copyrights dans le lot, c’est dire la qualité de ce groupe. On connaît l’amour de No Idea pour le grosses voix rocailleuses et la musique de bûcherons metrosexuels, compromis entre puissance et finesse, comme une bonne tablette de chocolat ! Et là on est servi. La simple écoute de la minute de "Terrorist Attack ?" où est martelée la phrase "Dont Trust Everything That You See On TV" suffira à comprendre toute la puissance de ce groupe. Pour l’info la chanson parle d’un crash d’avion à Minneapolis, et du traitement des médias qui cherchaient à effrayer les gens en faisant passer cela pour une attaque terroriste.

L’écriture est à la première personne, comme beaucoup Young doit se servir du groupe comme exutoire / défouloir /gueuloir, plutôt que de tenir un blog kikoolol avec des photos de lui prises d’en haut pour avoir l’air ’so cute’. Musicalement les rythmiques sont assez proches entre les chansons, mais Off With Their Heads parvient à ne pas lasser en allant droit à l’essentiel et grâce à une durée assez limitée (12 titres en à peine 30 minutes). Ils posent leurs couilles sur la table comme peu de mères de familles ne sauraient le tolérer, et sortent même leurs tripes, comme le prouve la foudroyante "I Am You", morceau d’ouverture qui annonce tout de suite le programme. Au niveau des influences on retrouve assez évidemment Dillinger Four, Against Me ! ou même les Dropkick Murphys, mais la force de ces jeunes éphèbes réside dans leur personnalité musicale. Ce n’est que leur premier "vrai" album, et pourtant on détecte d’ores et déjà une "couleur" Off With Their Heads, une vraie personnalité musicale qui leur permet de se détacher du lot dès la première écoute !

Pour conforter cette révélation il n’y a qu’à se délecter des hits en puissance comme la langoureuse "Go On Git Now", que l’on imagine en slow idéal pour un couple de routiers ou l’arme de destruction auditive "Self Checkout" avec son break amené par un passage en palm mute du plus bel effet. Une chanson en deux temps qui risque bien de faire remuer bien des têtes jusqu’à... la décapitation ? Et on ne peut que continuer à headbanger sur "Fuck This, I’m Out", simple mais incroyablement efficace. Chaque chanson est un véritable appel au sing along et mériterait d’être mise en valeur, mais certaines se démarquent un peu, comme l’énorme "Until The Day". Un riff d’intro qui reste longtemps en tête et une nouvelle démonstration de la puissance, contenue ou non, qui habite l’un des groupes les plus prometteurs découverts en 2008 !

Off With Their Heads aurait été le groupe préféré de Louis XVI et Marie-Antoinette, mais c’est surtout le peuple qu’il est prêt à faire vaciller. Voilà le genre de claque que l’on aime se prendre. Et la joue droite encore chaude, on s’empresse de tendre la gauche. Le roi est mort, vive Off With Their Heads !