Nichiel’s -
Holoproencéphalie
Date de publication : 31 octobre 2008 par Punkachu
Contexte :
Nichiel’s est un jeune groupe savoyard formé à Chambéry en 2003. Une démo et un split-cd avec Anyone Cares en forme de bizutage, le groupe passe ensuite le cap du premier album, 5 ans après ses débuts et après être passé à une formation à trois. C’est Alex Ayrault, batteur de Guerilla Poubelle que l’on retrouve aux manettes de ce disque enregistré pendant l’été 2008 dans son studio maison, le Nitroson.
Chronique :
Guerilla Poubelle n’a rien inventé, ne s’est jamais targué d’être le moteur de la scène française, pourtant y’a bien une chose qu’on ne pourra pas enlever à ce groupe critiqué (et parfois critiquable) : le mérite d’avoir fait sortir des caves le punk en français. Les Bérus, les Sales Maj’, les Zab’, les Rats, sans eux ils n’y auraient sans doute pas eu de Guerilla Poubelle. Mais GxP a créé une émulation, a fait coller des stickers de groupes punk français sur les sacs Eastpack de lycéens des années 2000. Quand on a 17 ans et qu’on crée un groupe punk rock en France aujourd’hui, l’option chant en français est devenue acceptable, pas cantonnée aux punk à chiens ou à faire de la pop Kyo-esque.
Nichiel’s est évidemment de cette école là, la présence d’Alex « GxP » sur ce disque ou de Till « GxP » à la création du site du groupe, n’en sont pas les seules preuves. Le mimétisme est d’emblée assez flagrant et fera jaser comme pour tant d’autres groupes récents : chant éraillé, punk basique et direct avec un minimum de mélodie et textes type chanson réaliste. Une dose d’humour en plus à la Dolores Riposte, moins de choses à dire qu’un GxP, mais c’est revendiqué, moins de facilité littéraire qu’un Justin(e) mais ça c’est le talent et ça se décrète pas. On cerne donc bien l’environnement et les influences du groupe rien qu’à parcourir le (très beau) livret : sont cités par exemple Skimo, Buttersnail, Anyone Cares, GxP pour divers featuring, Nina’s School, Charly Fiasco, Dolores Riposte, Fred Fresh dans les remerciements…
Musicalement avec des compos aussi simples évidemment l’essentiel de l’intérêt repose sur les textes et là faut pas se planter. Alors il y a quelques fautes de français, quelques problèmes de vocabulaires, quelques tournures à retravailler mais Nichiel’s parvient à garder sa ligne de conduite tout au long de l’album : ça s’amuse, ça n’a aucune prétention, ça ne donne pas de leçon, ça ne se prend pas la tête sans pour autant paraître neu-neu et, finalement, ça demande juste le droit à exister en tant que groupe de p’tits jeunes… « Trop jeunes pour avoir vu les Pistols ou les Clash » mais pas trop cons pour comprendre l’intérêt d’un activisme musical dans l’underground français. Le titre d’ouverture « Trop Jeune Pour Avoir Vu » résume ainsi bien l’état d’esprit du groupe et son seul engagement : la tolérance et le pluralisme dans une scène qui vous juge souvent plus ou moins punk selon des critères pas toujours légitimes.
Bon après Nichiel’s n’est pas exempt de tout reproche : songwriting qui reprend souvent le même schéma, alternances mid tempo et accélérations assez prévisibles, lignes de chant assez similaires, prod plutôt froide et sans relief, l’absence d’une deuxième guitare pèse pas mal sur la capacité du groupe à se diversifier…
On s’amuse pourtant bien pendant ces 25 minutes notamment grâce au chant de J.C. plutôt bien envoyé et à l’humour général, plein de fausse naïveté, assez rafraîchissant. Un très bon premier album, un essai qui reste à transformer dans un style qui commence à foisonner d’excellents groupes.
|