Alexisonfire -
Crisis
Date de publication : 8 octobre 2007 par Ste
Contexte :
Un peu plus d’un an après la sortie de "Watch Out !" qui a leur a permis de passer directement du statut d’espoirs à celui de valeurs sûres, Alexisonfire étaient attendus au tournant par les fans qui redoutaient ce cap du troisième album, craignant un essoufflement ou un manque de créativité. Seul changement notable dans la vie du quintet de l’Ontario, la signature chez Vagrant Records qui se chargera désormais de la distribution hors-Canada de la galette à la place d’Equal Vision.
Chronique :
Sans vouloir jouer la groupie de base, l’attente est légitime quand on a affaire à un groupe de ce calibre-là, talent confirmé au cours de plusieurs tournées mondiales. Ici, pas de promo tapageuse, il a fallu attendre le dernier moment pour pouvoir se pencher officiellement sur les premiers extraits ("Boiled Frogs" puis "This Could Be Anywhere In The World") qui ont aiguisés notre curiosité, sans casser le charme de la première écoute.
"Drunks, Lovers, Sinners And Saints" plante le décor d’entrée. On retrouve Alexisonfire là où on les avait laissés avec leur son fait d’arrangements savamment travaillés, un peu plus proche désormais de Thrice et bien loin de la facilité actuelle qui consiste à caler une mélodie sur trois riffs alambiqués (jeter de guitare en option). Tout est exécuté avec justesse, rien n’est superflu, Dallas Green et Wade McNeil ont du talent et le montrent ("Drunks, Lovers Sinners And Saints", "Boiled Frogs", "We Are The Sound") sans pour autant en faire des tonnes et explorent aussi d’autres terrains plus sombres, plus torturés sur "You Burn First" et "Rough Hands".
Mais s’il y a bien un titre qui sort du lot, c’est "This Could Be Anywhere In The World". Probablement ce qu’AOF a fait de mieux jusqu’à présent : breaks tranchants et changements de tempo parfaitement menés par la section rythmique ; utilisation d’une large palette d’ambiances mises en place par les deux guitaristes qui font monter l’émotion en parfait accord avec ces voix tantôt vibrantes, scandées, murmurées ou hurlées. Du grand art, à vous filer la chair de poule !
Profitons-en justement pour mettre en lumière le travail fait sur le chant, qui est tout simplement énorme. Première constat, George récupère sa place de frontman, un peu squattée par Dallas sur le précédent opus, en reprenant à son compte la majorité des parties vocales. On savait que le duo était capable de faire les choses bien, mais avec ce nouvel équilibre entre eux on frôle le génie ("This Could Be Anywhere In The World", "Mailbox Arson", "Boiled Frogs", "We Are The Sound", "To A Friend"). Et que dire quand Wade rentre dans l’arène sur "Drunks, Lovers, Sinners And Saints" où les trois tonalités sont donc exploitées à fond au gré des ambiances, se répondant et s’additionnant, devenant tour à tour le soutien ou le lead. La complémentarité des voix atteint un niveau rarement approché dans le style emocore et sur les premiers efforts du groupe : le reste de la concurrence peut aller se rhabiller. Bluffant.
Un troisième album quasi parfait, qui ravira les fans bien sûr et que l’on ne peut que recommander vivement à ceux qui ne se sont pas encore penchés sur le cas de ce groupe, tant il surprend par sa capacité à surpasser, avec un talent incontestable, les frontières d’un style qui à une fâcheuse tendance à tourner en rond.
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