Baxter - Black Baccara

Contexte :

Les années sont passées vite pour les poitevins de Baxter, plus de dix ans d’existence et pourtant au compteur bien plus de doutes et de changements de line up que de véritables accomplissements artistiques. Certes il y a eu un premier album en 2006, certes de multiples EP, participations à des compil’, première parties prestigieuses avaient précédé ; mais on a le sentiment qu’enfin en 2008 le groupe part sur de bonnes bases. Avec l’apport récent de deux zicos passés par Right 4 Life (Goulax et Alex), le groupe gagne en plus en testostérone, et ça lui va plutôt très bien.

Chronique :

L’impression de force qui se dégage du son du groupe saute en effet aux oreilles dès la première écoute. Le son du Loko Studio est bien reconnaissable, celui de l’album éponyme de M-Sixteen en 2007, celui qui vous décolle le miel des esgourdes, celui qui magnifie les mélodies et la puissance d’un groupe, qui modernise un certain hardcore mélodique français... Le Loko Studio, on ne le dira jamais assez, a LE truc qui colle parfaitement à ce genre de groupes alors qu’il peut rendre limite indigeste des formations trop mélodiques, comme Straightaway dernièrement.
Baxter a su ne pas tomber dans le panneau, muscler son jeu par rapport à ses précédentes compositions (on pense parfois à Almond’s Drive par exemple), la bonne rencontre au bon moment, l’arrivée de Goulax (et de ses riffs puissants) s’étant faite peu de temps avant l’entrée en studio.

En un mot le groupe a largement gagné en efficacité. Les refrains notamment, marquent les esprits ("Golden Loser") et ce pour chacun des 8 titres ("T.F.A" étant instrumental) : simples et percutants, à l’image des paroles qui ne vont pas chercher dans le trop compliqué et se retiennent facilement. Côté textes d’ailleurs on pourra leur faire des reproches, la faiblesse se faisant d’autant plus sentir en français. Pour autant les mots d’ordre sont ici aussi efficacité et urgence. Concernant les deux morceaux en français, l’exercice était osé, une première pour le groupe, mais reste correct toutefois. "Laisse-Moi Rire !" fustige la société des apparences, en politique comme en punk rock d’ailleurs ; tandis qu’"Oleg", plus réussie, évoque la Russie des nouveaux riches et de la corruption, celle envers qui notre complaisance fait des morts chaque jour...

Pour ce qui est du style, vous l’aurez compris, Baxter évolue dans un punk rock largement teinté de hardcore, à l’aise aussi bien dans le ’tout-à-fond’ que dans le mid tempo ("Your Death Kills Me"), avec quelques solos, beaucoup de choeurs et d’émotions, le tout porté par une voix très marquante, écorchée, à la Strike Anywhere par exemple. On situe aisément à quelle école Baxter a éduqué sa musique. Pour l’anecdote, et pour ceux qui ont la mémoire courte, le nom du groupe est d’ailleurs le même que celui où ont débuté des gens comme Neil Hennessy (batteur de The Lawrence Arms) ou Todd Mohney (le guitariste du cultissime Revolutions Per Minute de Rise Against), ça n’a peut-être aucun rapport mais ce n’est peut-être pas un hasard non plus...

On retiendra surtout "Blue Virus" qui ouvre puissamment le disque, "The Pill" ou "Golden Loser", très marquantes, et même si "68, A French Kid" est plus fadasse, beaucoup de fraîcheur et d’énergie se dégagent de ces 26 minutes. On en aurait même pris deux ou trois titres de plus dis-donc ! Un groupe à surveiller en tout cas, et à voir sur scène assurément.