Converge + Integrity + Coliseum @ Underworld (Londres)

Date : 13 juillet 2008 par Soss M@y0

J+15 à Londres. Mon seul coloc français étant parti, je me retrouve à présent en terre hostile. Je pars donc oublier ma solitude au concert de Converge, à l’Underworld, dans le quartier de Camden Town, LE quartier de Londres où on peut se fournir en robes moyen-ageuses et autres ensembles gothique en cuir.

Après un bref coup d’oeil au merch qui ressemble à un étalage de déguisement pour Halloween, j’entre dans une salle de dimension moyenne, éclairée par des spots rouge sang. Me serais-je plantée de lieu ? Le doute m’habite, mais l’absence d’autel dédié à Satan ou de poulets destinés à être sacrifiés me rassure quelque peu. Je suis tout de même sceptique en voyant le premier groupe débarquer : une bande de metaleux avec un frontman barbu comme le Père Noel, un bassiste aux cheveux longs, gras et emmêlés, et un spécimen femelle de la même espèce à la gratte. Et vas-y que ça commence à balancer du solo de guitare à environ 130 décibels. Allez, tous ensemble, on fait tournoyer sa chevelure ! Bon, en fait, y’a que le groupe qui le fait, les fans de metal n’ont pas l’air d’être si nombreux. Du coup, la performance de 30 (longues) minutes laisse un peu de marbre l’Underworld encore à moitié vide. Ah oui au fait, c’était Centurions Ghost qui jouait (j’ai un peu hésité à leur laisser l’anonymat, mais bon.)

Passons tout de suite à des choses un peu plus sérieuses : Coliseum. Encore un frontman barbu, mais pour du hardcore relativement efficace, genre "droit au but", peu de chansons dépassant les trois minutes. Par contre, ça joue toujours aussi fort, j’ai l’impression de me faire assommer à chaque note de basse, la législation anglaise sur les décibels laisse quelque peu à désirer. Mais quitte à se défoncer les oreilles, autant le faire sur un truc cool. Le trio enchaine ses morceaux à 100 à l’heure, le guitariste sort ses plus jolies grimaces entre deux riffs, et le batteur a dû passer une journée des plus frustrantes, vu comment il tape avec hargne sur sa batterie. En plus, ils ont de l’humour ; enfin, ils disent des trucs qui font rire les Anglais, moi j’ai juste compris un truc genre "Imaginez, un jour, on pourrait être comme les dinosaures, avoir une météorite qui s’écrase sur nous. Donc, faut profiter de la vie avant que ça nous arrive." C’est pas faux comme analyse. Bon, en tout cas, ils ont l’air de recueillir plus de suffrages que leurs prédécesseurs, et leur demi-heure de set a semblé beaucoup moins longue.

C’est au tour des darons d’Integrity de prendre place sur scène avec leur hardcore testostéroné (en même temps, vu leur nom, c’était sûr que c’était pas un trio de violonistes). Avoir 20 ans de carrière, ça aide pour se forger une horde de fans : fini les hochements de tête d’un air savant en croisant les bras, la salle se divise en deux : à ma gauche, une bande de pré-ados en train de sautiller joyeusement, à ma droite, une bande de post-ados en train de mosher joyeusement. Rien qui change de la France de ce coté, on devrait instaurer le mosh comme langage universel. Bon, arrêtons ici la philosophie et retournons à la musique. Ca balance du son qui n’est pas sans rappeler 108, avec tous les tubes du myspace du groupe genre "Blessed Majesty", "Taste My Sin", avec solos de gratte virant dans les aigus alternés avec des jolis mosh parts, et un mec casquetté qui beugle dans son micro. Bref, la classe quoi.

Bon c’est pas tout ça, mais on est venu pour voir la sur-classe, il est 22h30, et les gars de Converge n’ont toujours pas pointé le bout de leurs tatouages. Soundcheck qui parait interminable, et enfin, ils sont là. Eminem (comprendre Jacob Bannon avec un sweat gris et la capuche sur la tête) chope le micro et attaque direct sur "You Fail Me". Et ainsi débuta ce qui sera appelé la troisième guerre mondiale dans les manuels scolaires de la future génération. Les Bostoniens sont en grande forme ce soir, et ne sont pas en tournée promo d’album comme l’année dernière, du coup, Jane Doe, You Fail Me et No Heroes représentent chacun quasi un tiers du set, avec même un léger avantage pour les deux premiers. Pour le plus grand plaisir de nos oreilles, on a droit à tous les gros classiques qui déménagent : "Concubine", "The Broken Vow", "Eagles Become Vultures", "Last Light", "To the Lions", et même l’antique "My Great Devastator"...

Bref, de quoi mouliner, ce que personne ne se gêne de faire. D’ailleurs, c’est un peu risqué dans une petite salle sold out, et plusieurs personnes n’ont pas l’air d’apprécier que des mecs ne regardent pas où ils balancent les bras. Mais c’est peut-être juste l’échange de sueur qui ne plait pas, c’est vrai que y’a rien de plus énervant qu’un mec tout gluant qui vient se coller à toi.
En parlant de transpiration, si y’en a un qui est en train de se déshydrater sous nos yeux, c’est bien Bannon. Avec toujours un jeu de scène de folie, le frontman saute partout, laisse son public chanter à sa place, et dans sa grande générosité, aide les gens qui lui ont sauté dessus à repartir en stage diving. Ses collègues ne sont pas en reste non plus, gratteux et bassiste à fond sur leurs riffs barrés, et le "petit" Ben Koller qui s’éclate derrière ses futs (ce mec a vraiment un jeu très impressionnant).

Malheureusement, toute les bonnes choses ont une fin, un petit "Homewrecker" d’adieu, et Converge s’en va discrètement. C’est pas leur genre, ça sent le rappel à plein nez (tient d’ailleurs, en anglais, "le rappel", ca se dit "the encore", ça c’est de l’expression idiomatique). Gagné, le guitariste nous annonce qu’ils vont jouer deux chansons en plus, et fait résonner le riff de "Plagues". On n’a pas idée de la puissance de cette chanson si on n’a jamais vu le pit qu’elle déclenche. Pas une seconde de répit, ils enchainent direct sur "No heroes", dernière chance de mosher, de chanter dans le micro, et pour certains fans hystériques, de s’agripper au T-shirt de Bannon, qui finit en lambeaux (le tish, pas Bannon).
N’ayant pas changé depuis l’année dernière, toujours aussi proche de leur public, Converge s’attarde encore un peu après les soixante minutes de concert pour serrer les quelques mains qui se tendent, mais dernier métro oblige, la salle se vide assez rapidement. C’est vraiment à contrecœur, on aurait été beaucoup à signer pour un petit quart d’heure de plus. D’ailleurs, je dois bien être la seule à pas vraiment le faire, la plupart des gens présents ce soir retournent les voir dans cinq jours, même lieu, même heure. Bande de sales (riches) chanceux !



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