Red Sparowes @ Ulu (Londres)

Date : 14 juillet 2008 par Soss M@y0

J+10 à Londres. Je ne me suis toujours pas faite poignarder (apparemment c’est la mode ici), et/ou empoisonner à la bouffe anglaise. Ca aurait été dommage, vu que je dois commencer aujourd’hui ma série de concerts estivaux avec Red Sparowes (désolée pour ceux qui auraient voulu que j’aille voir Comeback Kid et Shai Hulud ce même soir, mais je vais faire à blinde de concerts hardcore après, promis).

Après quelques galères de métro, et d’errance dans les rues, j’arrive enfin à l’ULU, salle de la dimension de notre Trabendo parisien environ, sans la configuration pourrie avec les escaliers au milieu, mais avec des canapés dans les coins pour que la jeunesse dynamique puisse s’avachir dedans, une pinte dans chaque main, en attendant la première partie, les locaux de Guapo. Un coup de gong retentit. M’attendant à voir des moines tibétains, je suis surprise de voir quatre mecs avec une grosse touffe de cheveux monter sur scène. Mais bon, c’est pas leur coiffure qui vaut le détour, c’est leur costume, un magnifique justaucorps rouge à perles qui scintillent sous les spots. C’est trop mignon, j’avais le même quand je faisais de la danse classique. J’arrête ici les vannes gratuites, parce que côté musique y’a pas vraiment de quoi se moquer. La formation minimaliste une guitare, une basse, une batterie et un clavier maîtrise totalement ses instruments, et les accessoires qui vont avec : pédales, distorseur, clochettes... Le résultat, ce sont des compos qui rappellent un peu Murder By Death, mais en plus déstructuré, tellement que je suis absolument incapable de dire combien de morceaux ils ont joués. En tout, sur 40 minutes, on a applaudi 3 fois, mais aucun moyen de savoir si ca correspondait à la fin des chansons. En tout cas, si vous aimez les compos où on se perd dedans et les ambiances lourdes et glauques, ce groupe est fait pour vous.

Après ce petit échauffement fort sympathique, on passe aux choses sérieuses : le logo de Red Sparowes est projeté sur le mur du fond, et enfin six zicos montent sur scène. Six ? Un guitariste supplémentaire pour l’occasion. Aucune idée de qui c’est, mais vu que les dieux du post-rock (oui, mon live report est totalement objectif) l’ont choisi, il doit savoir à peu près se servir de son instrument (rappelons quand même que Bryant Clifford Meyer est membre d’Isis, et que Josh Graham, qui a récemment quitté le navire, joue dans Neurosis). Sans surprise, ils démarrent les hostilités avec la première chanson de Every Red Heart Shines Toward The Red Sun : "The Great Leap Forward...". Mais le coup de génie, c’est de projeter derrière eux des images racontant la chanson. Petite précision pour comprendre : le Great Leap Forward était un plan de réforme de l’agriculture chinoise sous Mao, l’une des parties de la campagne a consisté à tuer tous les oiseaux, sous prétexte qu’ils mangeaient les graines. Les criquets, qui constituaient le véritable régime des oiseaux, ont alors pu se développer et ont ravagé les cultures provoquant une immense famine. Vous imaginez donc le genre d’images qu’on a eu sous les yeux : des milliers de Chinois obéissant aveuglément à leur dictateur puis mourant de faim. Vous placez là-dessus trois guitares aux envolées furieuses et une basse profonde pour les soutenir, et vous obtenez un show intense, qui vous prend aux tripes et qui vous met les larmes aux yeux. Je ne compte pas le nombre de gens qui ont fermé les yeux, complètement en transe, à l’image du groupe d’ailleurs, ces mecs ont vraiment l’air de vivre à fond leur zik, genre "on tire des tronches de sportifs en plein effort dès qu’on accélère le tempo".

Après "A Message Of Avarice Rained Down..." (j’écris pas les titres des chansons en entier, sinon, ca me prendrait une ligne à chaque fois, quand on n’a pas de chant pour dire ce qu’on veut, on fait une phrase par titre) et ses riffs aériens, on a plus ou moins en exclu un titre de l’EP qui sort le lendemain, Aphorisms, un titre qui semble un peu plus énervé au premier abord que ce qu’ils ont fait auparavant, et qui donne franchement envie d’écouter ces nouveautés en attendant le prochain album. En fait, même pas besoin d’attendre le lendemain pour écouter l’EP, les trois morceaux sont semés tout au long du set, au milieu des classiques du groupes, genre "...The Landscape Was Transformed...", "Buildings Began To Stretch..." pour At The Soundless Dawn (avec toujours des images projetées dans le fond, la thématique de cet album étant la construction des villes), "Like The Howling Glory..." pour le deuxième album. Et le mieux dans tout ça, c’est que ces nouveaux titres ne font pas tâche du tout, aussi chargés en intensité que leurs prédécesseurs, ils sont logiquement bien accueillis par le public. C’est même un nouveau titre qui a l’honneur de terminer le set, une compo très lente, avec des guitares ultra travaillées, et une basse qui file des frissons dans le dos.
Superbe final pour un concert grandiose, Red Sparowes viennent de mettre la barre très haut pour mes futurs concerts londoniens. Plus qu’à souhaiter que les autres groupes relèvent le défi.



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