Millencolin - Machine 15

Contexte :

Il aura fallu trois ans à Millencolin pour pondre son 7ème album studio. Trois ans au cours desquels la bande aura expérimenté des projets parallèles : le groupe Franky Lee pour Mathias Färm, une seconde aventure solo (très remarquée) pour Nikola Sarcevic ou encore le studio de graphisme freelance Eckhouse Design, où travaille Eric Ohlsson... C’est d’ailleurs ce dernier qui s’est à nouveau chargé de l’artwork de ce nouvel album paru au printemps 2008, toujours chez Burning Heart et à nouveau avec le producteur du controversé Home From Home, Lou Giordano, aux manettes.

Chronique :

Aller, on se remet en mode adolescent et on fait semblant d’y croire encore. Millencolin, comme à chaque nouvel album depuis l’an 2000, va PEUT-ETRE revenir au style qui l’a rendu célèbre et adulé de par le monde : le skatepunk à la mode suédoise, mélodique et véloce… Le problème c’est que le groupe lorgne toujours et un peu plus vers un rock mid tempo plus ambitieux qu’à ses débuts et ça il faudra bien un jour s’en faire une raison. Pour autant Machine 15 est-il encore digne d’intérêt avec son design si particulier et ses 15 titres (ou plutôt 14, « Centerpiece » n’étant que l’intro de 10 secondes de l’excellent morceau « Who’s Laughing Now ») ?

Le mid tempo y est en tout cas roi, pas la peine de chercher de caution skate punk ici ou là comme sur le précédent album où 2 ou 3 titres sauvaient les apparences. Ici le groupe assume et assoit l’essentiel de ses variations sur le plan purement mélodique (un peu comme sur Home From Home). Ce n’est donc pas évident d’adhérer dès la première écoute, pas évident non plus de ne pas trouver de redondances au premier abord, pas évident d’être emballer d’emblée en un mot.
Pourtant, la qualité du chant de Sarcevic ayant largement progressé avec les années et le sens mélodique ayant toujours été un grand atout du groupe, on finit bel et bien par rentrer dans ce Machine 15 écoute après écoute. Evidemment il faudra pour cela laisser sa chance à cet album. En ces temps de zapette, de téléchargement compulsif et de bibliothèque iTunes… c’est pas gagné !
Le groupe ne ménage pourtant pas ses efforts à grand renforts de tons affectés, souvent tristes, parfois plus enjoués ou aux sonorités Green Dayiennes (« Turkney Paradise »). Le début d’album est même carrément emballant avec la très bonne chanson titre, le single « Detox » bien sunshine, et un « Done Is Done » où l’ajout de cordes, assurées par le Swedish Chamber Orchestra d’Orebro, est du meilleur effet.

Oui mais. « Vicious Circle » qui ne décolle jamais, sonne un peu trop déjà entendu. Même platitude pour « Broken World » ou « Come On », bien quelconques aussi. C’est en milieu d’album que la mayonnaise reprend avec des titres plus catchy et des mélodies plus inspirées : « Who’s Laughing Now », « Brand New Game »… Oui mais bis. 46 minutes à ce rythme globalement mou du chibre, c’est inévitable : on décroche. On décroche et on s’en voudrait presque. Car ce ne sont pas les passages prenants qui manquent comme « Route One » en fin d’album ou « Saved By Hell » qu’on prendrait presque pour un titre solo de Sarcevic en version électrique... Tiens et si elle était là la source de cette léthargie punk rock ?
Car pour pas mal de fans du groupe, même les plus conciliants, ce Machine 15 peine à tenir la comparaison avec l’album de Franky Lee et le Roll Roll Flee de Sarcevic.

Reste à relativiser notre amour vache pour ce groupe. Cet album passe quand même comme papa dans maman si on se laisse un tant soit peu porter. Avec sa très bonne prod, ses arrangements soignés, ses quelques perles et cette griffe mélodique propre au groupe, il reste un bon disque, loin d’être la plus grosse déception de ce début 2008.