War Of The Worlds

Contexte :

1898. Sous la plume de H.G. Wells les martiens envahissent la Terre et défont, sans grande difficulté, la résistance de ses habitants, pour finalement échouer dans leur entreprise, victimes des bactéries terrestres. Comme quoi quand on ne connait pas la pénicilline, cela ne sert à rien de faire les malins.
40 ans plus tard ceux de la planète rouge remettent le couvert sous la direction d’Orson Welles, délaissant le papier pour la radio et l’Angleterre pour les Etats-Unis, le temps (selon la légende) de causer une bonne frayeur assortie d’un petit vent de panique dans le pays.

Pas du genre à rester sur un échec, les martiens, après diverses apparitions cinématographiques pour financer leur armée, attendent le début du XXIeme siècle pour frapper de nouveau à la porte de l’oncle Sam. De retour avec beaucoup plus de poils au menton et ayant troqué les tripodes pour des avions, les envahisseurs… Ah non merde ce n’est pas ça !...
Fatigués de prendre toujours un coup de froid, nos extraterrestres préfèrent conquérir notre monde d’une façon plus subtile en nous charmant avec leur musique à la manière du joueur de flute de Hamelin. Cependant la partie n’est pas gagnée pour autant car les terriens, bien que mauvais astronautes, savent eux aussi faire de la bonne musique.

Chronique :

Alors que leur premier album vient de sortir au début de l’année 2001, les Bad Astonaut ont l’air de vouloir rester en apesanteur en livrant la même année un split avec Armchair Martian.

Plutôt que de nous offrir un split classique en nous livrant quelques inédits, les deux groupes spatiaux décident de s’échanger leur morceaux à l’image de ce que feront NOFX et Rancid un an plus tard. Cela dit inédits il y aura (bah oui pour une chronique aussi spatiale il fallait bien inviter Yoda) car parmi les reprises effectuées par Armchair Martian se trouvent deux chansons de Bad Astronaut issues de « Houston We Have A Drinking Problem », qui n’atterrira dans les bacs qu’un an plus tard. Ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin et bouleverseront un peu plus les règles du split album en alternant leurs chansons plutôt que de nous offrir deux blocs séparés et mis en opposition.

Après tout pourquoi pas ? D’ailleurs cela passe vraiment bien, il faut dire que, bien que nos spationautes offrent quelques chose de plus calme que leur voisins rockeurs, les deux groupes restent assez proches musicalement. Ceci est en partie dû au fait que Bad Astronaut n’était pas encore au bout de son expérimentation musicale et limite les effets et instruments mis en présence. Seule peut-être « Jessica’s Suicide » se rapproche plus du style final du groupe avec ses petits ajouts sonores sur l’intro, le piano et le violoncelle pour donner un des titres les plus intéressants de ce split.

Difficile pour moi de juger pleinement l’interprétation faite par Bad Astronaut des titres de leurs cousins martiens étant donné que je n’ai aucune connaissance particulière de ces derniers. Concernant la transposition inverse en revanche, on notera la disparition des intros acoustiques sur « Not A Dull Moment » et « You Deserve This » interprétées de manière plus classique. Les Armchair Martian ont cependant eu le nez creux en ne passant pas à la trappe le petit passage électro speedé de « Grey Suits » qu’ils ont repris… aux cuivres, pour un résultat qui n’a pas à rougir devant son ainé.

Difficile de garantir l’équité sur un split de 7 titres alors pourquoi ne pas poursuivre la logique jusqu’au bout et splitter la dernière chanson ? En résulte donc une collaboration sur l’interprétation de « 17 years », titre écrit à l’origine par Miguel Barron du groupe Deminer mais également le bassiste d’Armchair Martian (pour la petite histoire, sachez que Joey Cape voulait déjà réaliser une cover de ce titre mais avec Lagwagon).

Une bonne galette qui ravira les amateurs de rock saupoudré de punk rock. Une galette cuite au thermostat de l’indé et non dans les fours formatés de la pop-radio. Une soucoupe que l’on gardera au chaud dans la chaine Hi-Fi plutôt que de la voir s’envoler au loin.