The Offspring @ Le Trabendo, Paris

Date : 10 juin 2008 par Seb-O-Matic

Voir The Offspring dans une petite salle, c’est l’occasion ou jamais de redevenir adolescent, mais pas à ce point quand même ? Qu’est-ce que c’est que ce défilé de filles déguisées en princesses Malabar, toutes de rose fluo vêtues, Converses, mini-jupes et petits débardeurs moulants ? Explication : le Trabendo se trouve dans le parc de la Vilette, tout comme le Zénith, où se produit Avril Lavigne ce soir. Du coup on hésite un peu, pas du tout, ça serait de la folie. Sous un soleil de plomb se prêtant mieux que bien à la musique du combo californien, les fans de tous âges sont au rendez-vous. Ça va du gamin d’une dizaine d’années accompagné de ses parents aux sexes à génère plus très fringuants (bon y en avait qu’un).

L’assemblée est impatiente de pouvoir voir, sentir, toucher, prendre des cheveux ou de la salive de ses idoles qui se font pas mal attendre. Pas de première partie, dommage, surtout au regard du prix du billet. A chaque fin de titre balancé par la sono, on y croit on y croit, et puis non, un autre repart. Jusqu’à ce moment où les lumières s’éteignent. On distingue des silhouettes aux coupes de cheveux familières dans le noir. Dexter a déposé sa mèche de façon faussement nonchalante sur le front, et Noodles, qui a retrouvé sa longue chevelure, est à mi-chemin entre Iggy Pop et le zombie de la dernière scène de [REC].

Greg K est présent, arrivé des USA l’après-midi même, deux jours après la naissance de son enfant. Et c’est lui qui entame les hostilités, et de quelle manière ! "Bad Habit" est lâché en pâture à un public qui saute sur l’occasion pour péter un câble et démarrer au quart de tour. Il faut dire que dans le répertoire du groupe, ce morceau est le plus évident pour entamer un set. Les paroles sont scandées, hurlées, et l’enchaînement qui va suivre va tout faire sauf relâcher la pression. La supersonique "All I Want" permet au pogo d’essayer de démarrer, mais la densité est telle dans le pit qu’il est aussi vite avorté. A peine le temps de reprendre son souffle, et c’est ni plus ni moins que le mégatube "Come Out And Play" qui vient faire danser les popotins avec son riff arabisant. C’est une déferlante de tubes qui s’abat sur le Trabendo, et une avalanche de bonheur, tant dans le public sur sur scène. Si le nouveau batteur Pete Parada et son acolyte de guitariste additionnel sont en retrait sur scène, ils n’en gardent pas moins le sourire du début à la fin. Dexter est aussi tout sourire, Greg toujours aussi timide, mais souriant quand même lorsque l’on célèbre la naissance de son enfant, et Noodles est là pour faire le show. Il sautille sur place, cherche du regard les autres membres et le public, s’amuse avec les ventilateurs sur scène qui font voler ses cheveux "comme si j’étais Britney Spears".

Les années ont beau passer, le groupe d’Orange County a toujours la pêche et prend toujours du plaisir, mieux, il en distribue aux kids en leur offrant "Beheaded", comme ça, sans emballage. Les plus jeunes abandonnent un peu le sing along tandis que les plus vieux se font entendre, les slammeurs s’en donnent à cœur joie, c’est tout simplement la fête ce soir. Le nouveau single "Hammerhead" ne vient même pas faire retomber le soufflé, tout le monde connaît déjà les paroles par cœur. Y en a qui font pas que réviser le bac en ce moment... Mais heureusement que tout le monde chante, car du premier rang la voix de Dexter est à peine perceptible. "Gone Away" permet d’admirer le groove du nouveau batteur, et l’enchaînement boulet de canon "Have You Ever" / "Staring At The Sun" vient encore faire perdre quelques litres de sueur à la foule compacte. La chaleur est étouffante, mais le groupe n’offrira aucune pause. Heureusement que Noodles offre de l’eau aux premiers rangs.
Les voilà qui parlent entre eux, plaisantent, se disent que ça aurait été cool de faire la première partie d’Avril Lavigne (hum...). Parmi les nouveaux titres, on a le droit à "Trust In You", très "smashienne", et "You’re Gonna Go Far Kid", tube FM au potentiel évident. Au final ces titres ne passent pas mal en live, mais sont et seront toujours loin de déclencher l’hystérie d’un "Gotta Get Away", ou de la triplette issue d’ "Americana" que nous réserve la bande à Dexter : "Get A Job" histoire que la chorale du Trabendo donne de la voix, "Pretty Fly" pour que les filles puissent simuler un orgasme comme elles savent si bien le faire, et "Americana" pour replonger la salle dans le noir. "Americana" et "Smash" auront été (logiquement) les albums les plus représentés, seul un titre des autres albums étant au menu ("Want You Bad" pour "Conspiracy Of One"), et les deux dernières chansons vont confirmer la tendance, puisque Noodles est heureux de lancer la seule chanson qu’il ait composée, à savoir "What Happened To You", rebaptisée "Ska". Et pour finir, le riff impeccable de "The Kids Aren’t Allright" annonce aux kids qu’il va falloir s’appliquer encore une fois sur des "wooo-ooo" en fin de couplet.

Le groupe quitte la scène, pour pas très longtemps on s’en doute. Sans surprise ils reviennent. Mais avec surprise, Dexter au micro lance "Aaahhhh fuck, fuck, fuck, fuck !". On va juste se prendre "Session" in da face, chose que l’on ne pensait plus jamais voir en live et sur laquelle on n’aurait pas misé un poil de couille, surtout après avoir eu "Beheaded". Là pour le coup on est gâté, mais certains réclament aussi "LAPD". Dexter écoute la demande, semble y réfléchir et... lance "Can’t Get My Head (around you)", seul titre de "Splinter", qui s’il est loin d’être pourri est surprenant en rappel. Toutes les chansons n’ont semblé durer qu’une minute ce soir, et le concert une demi-heure. Pourtant c’est déjà l’heure d’en finir, et bien entendu cet infime honneur revient à "Self Esteem", lancé par 600 privilégiés sautant sur place et reprenant la fameuse intro monosyllabique (ça fait "la la lalala").

Et oui, ce soir il faisait bon être là, là, là-là-là, dans cette petite salle du Trabendo, pour se replonger dans une jeunesse finalement pas si éloignée que ça au rythme endiablé de la palette de tubes punk-rock de The Offspring. Et à voir les sourires gravés sur chaque visage, nul doute que ce concert fera date et restera dans pas mal de mémoires. A tel point qu’on se surprendrait presque le lendemain à se demander si tout cela n’était pas qu’un rêve. Mais non, parce que dans un rêve, on aurait sans doute ramenée la petite Avril à la maison...



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Offspring (The)