Guttermouth - Covered With Ants

Contexte :

Deux ans seulement après Gorgeous, album symbolisant le retour au punk hardcore pour Guttermouth, le quintet remet le couvert en 2001 avec Covered With Ants. Entre temps, le groupe a quitté Nitro pour rejoindre un autre grand label indépendant dirigé par un autre grand nom du punk rock : Epitaph Records. Un nouvel album et une nouvelle signature offrant un gain de popularité non négligeable pour la bande à Mark Adkins. Notamment grâce à la réalisation du clip de « She’s got the look » paru sur le seul et unique volume des DVD Punk’O’Rama.

Chronique :

Comme sa musique, qui vacille entre punk hardcore et punk rock popysant, le groupe lui-même semble tergiverser entre les deux genres. Certainement pas parce que Guttermouth cherche encore son style, mais plus car les membres composent au gré de leurs humeurs. Ainsi, après des débuts très énervés, le quintet s’est penché vers plus de mélodies, avant d’y revenir violemment avec Gorgeous, le prédécesseur de Covered With Ants, qui, lui, reprend par contre la tangente pop punk. Le groupe poursuivra ensuite son virage mélodique avec Gusto, pour finalement retourner au punk hardcore avec Eat Your Face. Enfin, en 2006 sortait Shave The Planet, clairement orienté punk rock bien mélo. Avantage : chaque nouvelle livraison du groupe est une surprise. Inconvénient : on risque d’être déçu une fois sur deux, si on n’aime pas l’un des styles abordés par le quintet. En ce qui nous concerne, Covered With Ants amorce une période plus pop mais reste tout de même à mi-chemin entre les deux facettes du combo. De quoi plaire à tout le monde… normalement.

Résultat, je vous le donne en mille. Guttermouth fait le grand écart entre punk hardcore rugueux et pop punk joyeux. Du coup, chacun appréciera selon ses goûts d’avantage tel ou tel morceau. Ceux préférant le côté plus urgent du groupe préféreront « That’s life », ouvrant brutalement l’album, « What you like about me » ou encore « Black enforcers » au tempo ralenti mais aux accents hardcore prononcés et délaissant surtout totalement le côté enjoué du combo. À l’inverse, les amateurs de pop punk auront certainement quelques réticences vis-à-vis des chansons précitées mais sauteront de joie à l’écoute de la tubesque « She’s got the look » ou de la rapide et complètement délirante « I’m destroying the world » et son banjo enjoué. Evidemment, ces dernières gaveront certainement les plus coreux d’entre vous qui trouveront ces titres beaucoup trop mielleux et gentillets.

Cependant, si le groupe alterne entre violence et allégresse, on retrouve dans tous les cas la patte Guttermouth. Un son de guitare spécifique, une voix toujours aussi nasillarde mais néanmoins arrachée sur la majorité des morceaux et enfin ce rythme effréné imposé sur quasiment tout l’opus. Étrangement, ce sont d’ailleurs les songs plus bourrines qui possèdent généralement un tempo un peu moins soutenu. Toujours est-il que les inconditionnels du groupe et les personnes affectionnant tout autant Blink que The Adolescents devraient certainement apprécier l’album dans son ensemble.

Quant aux textes, Mark Adkins reste fidèle à lui-même. C’est-à-dire drôle et cynique pour peu que l’on aime l’humour bien gras. Débile les Californiens ? Non. Très provoc’ surtout. Irrespectueux, anarchistes et « je m’en foutistes » aussi. D’où le pseudo soutien de Guttermouth à Bush, dans le seul but de casser le carcan démago, pro-démocrate à outrance et bien pensant dans lequel s’enferme le mouvement punk, NoFX et Anti-Flag en tête. Bien que n’adoptant pas les préceptes et idéologies du « bon petit punk du XXIe siècle », le groupe d’Orange County a peut-être su d’avantage rester fidèle à ses principes et conserver sa verve punk… Le débat est ouvert.

Finalement, ce cd s’avère plus riche que les autres productions du combo. Mais il paraît néanmoins difficile de ne pas être déçu par un ou deux titres de la galette. Du coup, on préférera sans doute soit le plus énervé Gorgeous, soit Gusto, plus "sunshine", selon ses préférences musicales.