Interview avec The Flatliners

Date de publication : 5 juin 2008
Après une interview mi-figue mi-boudin avec des Loved Ones très fatigués (lire l’interview), je me mets à la recherche de l’autre groupe à l’affiche du Support Your Seine IV au Batofar : les jeunes pousses de The Flatliners. Ils arrivent à la bourre, et je préfère donc profiter des groupes et attendre une pause. Je pars les trouver en backstage. Ils n’y sont pas, je vais donc dans l’autre backstage où ils sont passés chercher à manger, mais d’où ils sont repartis pour chercher des fourchettes. Ils doivent être dehors, mais en fait non... retour sur la terrasse du Batofar, où un jeune ado déjà aperçu tout à l’heure est toujours en conversation téléphonique avec sa mère. Il lui dit que la tournée se passe bien... Merde, ce mec imberbe au physique de lycéen limite geek fait partie des Flatliners, ce groupe qui envoie autant ? Rencontre donc avec Paul Ramirez, le batteur-de-poche-tout-sympa de la nouvelle sensation Fat Wreck.

- Salut ! Alors comment ça se passe cette première tournée en Europe ?

  • Bien bien. On est là depuis 4 jours, on a joué au Portugal et en Allemagne, et aussi dans le gros festival en Belgique...

- Le Groezrock.

  • C’est ça, merci (rires). Toutes les dates pour l’instant ont vraiment été géniales, on passe des super moments, on s’éclate bien et on super bien reçus par les gens.

- C’est la première fois que vous allez jouer dans un bateau ?

  • Ouais c’est super cool ! Tout à l’heure on était en bas on buvait des coups, on prenait un peu l’ambiance. Ca a l’air vraiment top, on est super contents de jouer dans un endroit comme ça, mais j’ai un peu peur que ça tangue (rires).

- Vous avez joué à 10:30 au Groezrock. Pourtant les réveils ont pas l’air faciles pour vous, d’après le clip de "This Respirator". Comment ça s’est passé ?

  • (Rires) Ah c’était pas facile, on a dû rouler toute la nuit pour y être, donc on n’a pas trop dormi. 10:30 c’est super tôt pour un concert de rock donc on pensait jouer devant personne, mais il y avait des centaines de gens devant nous, donc ça nous a pas mal aidé à affronter la fatigue. En tout cas c’était génial cette date, c’était la première fois qu’on jouait aussi tôt, et la première fois qu’on buvait aussi tôt aussi (rires).

- Votre dernier album, The Great Awake, est sorti sur Fat Wreck Chords. Comment s’est noué le contact ?

  • Un pote commun venait souvent à nos concerts, et quand on lui a fait écouter nos nouvelles chansons il nous a dit genre : "Ca sonne cool, je vais faire écouter ça à Mike". Nous on lui a dit "Ouais ouais si tu veux", on n’y croyait pas une seconde. Et puis un jour Fat Mike nous a appelés, il nous a dit qu’il aimait bien ce qu’on faisait et qu’on était les bienvenus sur Fat Wreck.

- Les dernières signatures du label comme Against Me !, The Lawrence Arms, qui n’ont plus grand chose à voir avec les groupes de skatepunk des années 90, vous ont-elles influencés dans votre choix ?

  • Ouais je sais pas. C’est vrai qu’on a plus grand chose à voir avec les groupes qu’il y avait au début sur le label. Récemment Mike a signé des groupes qu’on aime davantage, qui nous parlent plus, mais dans tous les cas je pense qu’une proposition de Fat Wreck, pour des kids comme nous qui avons grandi avec ce label dans les oreilles, ça ne se refuse pas.

- Vous étiez très jeunes quand vous avez joué en première partie de grands groupes comme Anti-Flag ou les Suicide Machines...

  • Et Bad Religion aussi !

- Comment on appréhende de jouer un gros concert en première partie de ses idoles ?

  • C’était dingue. On s’en rendait pas vraiment compte je crois. Enfin pour Bad Religion à Montréal c’est juste le matin en se levant qu’on s’est dit "Ouah on va jouer avec Bad Religion" et qu’on s’est sérieusement mis à flipper. Mais tous ces concerts étaient géniaux. Je ne sais pas si on était très bon, mais on était tellement euphorique qu’on avait l’impression de faire le meilleur concert du monde à chaque fois, d’avoir accompli notre rêve, tu vois ce que je veux dire ? Là en rentrant aux USA on va jouer avec Strike Anywhere et ça va être super aussi je suis sûr ! Et on essaie de monter une tournée avec Rx Bandits, on est d’énormes fans de ce groupe et on adorerait jouer avec eux !

- Vous avez tourné un peu avec NOFX aussi. C’est aussi fou que ce qu’on voit dans les vidéos Backstage Passport ?

  • Oh je ne l’ai pas encore vu ! On ne reçoit pas cette chaîne. C’est bien ?

- Assez cool ouais. On les voit boire, se droguer, faire des trucs dingues...

  • Ouais ils sont très marrants. Enfin certains plus que d’autres. On a pas eu la chance de les accompagner dans tous les pays qu’ils ont faits l’année dernière, et rien de très dingue n’est arrivé pendant la tournée. On sortait, on buvait des coups... Si, Mike et Melvin carburent pas mal à la drogue et sont les plus gros fêtards du groupe.

- Et vous en tournée, ça se passe comment ?

  • Oh on s’amuse bien (rires). On boit pas mal, on essaie un petit peu de tout, de vraiment profiter de la vie en tournée. On veut pas faire la route, faire notre concert et rentrer à l’hôtel dormir. On veut rencontrer les gens, faire la fête, boire des coups et fumer des joints.

- On vous comparait beaucoup aux Suicide Machines à vos débuts. Tu penses que la donne va changer avec ce nouvel album ?

  • Ouais je pense. On est tous de gros fans des Suicide Machines, mais aussi d’autres trucs qu’on écoutait ados, comme Mad Caddies ou Strike Anywhere. Ca s’entend un peu moins que les SM, mais ce sont des groupes qui nous ont tout autant influencés.

- Vous sonnez plus "punk-rock" et un peu moins ska sur celui-là. C’est un choix ou une volonté de vous rapprocher de ce qu’il se fait sur le label ?

  • Honnêtement je me demande si inconsciemment on n’a pas cherché à faire des chansons plus proches de ce qu’on trouve sur ce label. Je dis bien inconsciemment, parce qu’on est pas du genre à se dire "Là les gens attendent ça de nous" ou de faire des chansons sur commande. Donc ouais je pense que peut-être le fait d’avoir signé sur Fat nous a influencés et orientés vers quelque chose de plus rock. Mais peut-être que sur un autre label ça aurait été la même chose, que c’était simplement l’évolution de notre musique qui nous fait sonner comme ça, et pas l’étiquette qu’il va y avoir sur le disque. Je pense qu’on ne saura jamais vraiment. (rires) Les choses se sont passées comme ça, maintenant on est là où on est et on en est super heureux.

- Pourquoi avoir choisi une nouvelle fois Steve Rizun à la production ?

  • Oh Steve est génial. C’est notre manager aussi. Il fait du super bon boulot à la production. Travailler avec lui ça nous permet de pas mal nous amuser tout en travaillant, et c’est exactement ce dont on a besoin.

- Vous avez inventé votre propre musique : qu’est-ce que le skunk rawk ?

  • (rires) C’est un terme débile qu’on a inventé pour qualifier notre musique. En gros ça veut dire "Ska, Punk, Rock’N’Roll". Comme ça on a une étiquette bien large et on peut piocher dans plein de genres pour nos chansons (rires).

- Vous avez joué sur le Warped Tour en 2006 et 2007. Ca représente quoi pour vous ce festival ?

  • Bof. Plus grand chose. En fait on jouait seulement sur les dates au Canada, mais de toute façon en faire plus ça ne nous aurait pas forcément plu. Il faut rouler toute la journée, jouer à des heures pas possibles... Ca devient ridicule, ce n’est même plus un festival mais plutôt un supermarché. Enfin c’était quand même un rêve de gamin d’être sur l’affiche de cette tournée. Je me rappelle que la première année on jouait sur un parking, et que les gens pouvaient regarder de l’extérieur, derrière le grillage. Il y avait une espèce de petite colline sur laquelle ils pouvaient se poser pour regarder les concerts.

- Peux-tu nous parler un peu de la scène punk canadienne ? On connaît quelques groupes comme Subb, Keepin’6, Alexisonfire ou les Sainte Catherines...

  • La scène se porte super bien. Il y a plein de groupes, pas mal de jeunes qui essaient, plein de kids qui viennent aux shows. Il y a des concerts tous les week-ends et de super groupes comme ceux que tu as cités. J’adore les vidéos clips de Alexisonfire, ces types ont une pure dégaine !

- Et les plus gros groupes comme Billy Talent, Sum41 ?

  • J’aime certains des trucs qu’ils font, Sum au début c’était cool mais j’ai pas écouté leurs derniers. Tout ça ce sont des groupes pour la radio. Moi ça me pose pas de soucis, ils font ce qu’ils font, et ils le font bien, nous on fait ce qu’on fait, chacun reste dans son truc et c’est pas plus mal. Billy Talent est énorme au Canada d’ailleurs, ça doit être le plus gros groupe de rock là-bas, donc c’est cool pour eux.

- Et Avril Lavigne ? Vous aimeriez pas ouvrir pour elle et fricoter dans les loges ?

  • Mais elle est mariée mec (rires). Et puis je crois que si je l’avais en face de moi je serais bien trop intimidé pour essayer de me la faire !

- Vous n’avez jamais envisagé de jouer avec une section cuivres sur scène ?

  • On y a pensé au début, mais on s’est dit que ça serait trop le bordel, trop de gens sur scène, et aussi qu’on perdrait un peu de punch dans les chansons. Là on les joue directes, comme ça, avec juste les guitares, comme faisait Operation Ivy, qui est un des groupes qui nous a le plus influencés.

- Vous allez tourner un peu avec PO Box, comment les connaissez-vous ?

  • On les a rencontrés dans un bar il y a 2 semaines au Canada. On les connaissait depuis je sais pas, genre 2 ans, où on se parlait via mails, en se disant que ça serait cool de tourner ensemble, puisqu’ils aiment ce qu’on fait et nous aussi. Donc là comme ils étaient en tournée chez nous on a pu les voir et traîner avec eux, c’était bien cool. Ils ont monté une date en France où on va jouer ensemble et on va en faire d’autres en Allemagne.

- Vous connaissez d’autres groupes français ?

  • Heeeeeeeuuuuuuuuuuuuuuu....

- Tu peux dire non hein...

  • Non mais j’en connaissais, je te promets ! (rires) J’ai un trou de mémoire !

- Est-ce que tu penses que le line-up actuel restera toujours le même ? Vous étiez très jeunes quand vous avez commencé et vos goûts musicaux pourraient changer...

  • Je ne sais pas. On a monté ce groupe parce qu’on ne voulait pas avoir des boulots qui ne nous plairaient pas et où on se ferait chier. On s’est vraiment donné du mal pour y arriver, on a pas mal travaillé. Et puis on s’amuse tellement bien tous ensemble qu’on n’envisage même pas que l’un de nous puisse en avoir marre du groupe. Après musicalement on a les mêmes goûts donc pour l’instant pas de problème, on verra dans les années à venir, mais dans ce cas je pense que ça ferait plus évoluer notre musique, plutôt que de nous faire splitter. Je n’imagine même pas un membre qui s’en irait, je ne sais pas si on pourrait continuer si ce n’était plus nous 4...

- Comment vous passez le temps en tournée ? Vous lisez, regardez des films ?

  • (ndr : ses yeux se mettent à pétiller comme si le geek en lui prenait possession de son corps) On a une X-Box dans le van alors on joue pas mal aux jeux vidéos. Là je suis à fond sur Grand Theft Auto IV, tu l’as ?

- Heu non...

  • C’est super cool ! Il y a des scènes assez hallucinantes on se croirait dans un film. Tu vois la dernière fois je jouais, et je pique la caisse d’un mec, normal. Sauf que que là le mec s’énerve, et il commence à courir après ma voiture, à s’accrocher à la fenêtre en m’insultant, tout ça. Il m’empêchait de m’enfuir et les flics étaient juste à côté, alors j’ai fait un dérapage pour l’éjecter et il est parti se fracasser sur le trottoir. C’était vraiment bizarre comme scène ! Les autres squattent pas mal Guitar Hero aussi, mais moi en tant que batteur je kiffe pas trop. Faut appuyer sur les boutons, je trouve ça un peu con... Ils vont sortir le jeu avec la batterie, j’ai hâte de voir ce que ça va donner !

- Vous avez pu visiter Paris aujourd’hui ?

  • Non malheureusement. On est arrivé super tard donc on est venu directement ici. On aimerait bien voir la Tour Eiffel au moins, alors on va essayer d’y aller ce soir puisque le concert semble ne pas finir super tard. C’est la première fois qu’on joue à Paris mais j’ai déjà hâte qu’on revienne juste pour pouvoir avoir le temps de se balader un peu. En fait ça nous fait ça pour chaque ville sur cette tournée.

- A combien est fixée la majorité au Canada ?

  • Tu veux dire pour boire ? C’est 19 ans, 2 ans de moins qu’aux USA yeah !

- Tu ne penses pas que cet âge pour la majorité soit hypocrite, surtout aux USA où les jeunes peuvent conduire à 16 ans ou même être condamnés à mort à 18 ans ?

  • Si totalement. Surtout qu’au Canada on peut acheter des cigarettes plus jeune... Ca nous est arrivé d’ailleurs quelques fois dans des endroits où on jouait de nous faire virer. Le patron de la salle nous voyait, il nous demandait quel âge nous avions, et quand il apprenait que nous étions des ados il nous faisait mettre dehors. On ne pouvait rentrer dans le club que pour monter sur scène. Dès qu’on avait fini il fallait dégager (rires).

- Tu regardes South Park ?

  • Oh ouais j’adore. J’ai pas pu voir toute la dernière saison mais c’est une de mes séries préférées, j’essaie tout le temps de choper des épisodes. Tu as vu celui sur le Canada en grève ?

- Oui. D’ailleurs ce que je voulais te demander, c’est ce que tu pensais de leur caricature des canadiens ?

  • Oh ça me fait rire. De toute façon c’est South Park, ils se moquent de tout le monde. (rires)

- Terance et Philippe existent ?

  • Non malheureusement. En plus quand j’étais plus jeune je cherchais sur toutes les chaînes canadiennes pour voir si il y avait vraiment un programme aussi cool à la télé. (rires)

- Bon bah Paul merci, et bon concert ce soir.

  • Merci mec c’était cool. Dis comme t’as l’air de t’y connaître, il y a quoi comme bonnes marques de bière en France ? (ndr : hum comment je dois le prendre ça ?) Et tu sais où je pourrais trouver de quoi fumer pour ce soir ?

- Attends je vais arrêter le dictaphone. Alors si tu veux un bon plan...

Interview : Seb-O-Matic



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