Angels & Airwaves @ Bataclan (Paris)
Date : 21 avril 2008 par Seb-O-Matic
Dire que ce concert était attendu serait un euphémisme. Le retour à Paris de l’un des trois garnements qui a popularisé le punk-rock et amené plus d’un kid à prendre les guitares, ça ameute forcément.
Du coup dès 15 heures ce sont bien 200 jeunes qui font le pied de grue devant la salle, criant dès qu’ils aperçoivent dans la rue quelqu’un avec des lunettes de soleil, persuadés de voir leur idole. Plus tard quand on rentre dans la salle, Empyr finit pile poil son set. Ouf ! Quand on sait que le groupe comporte deux Kyo, 1 Watcha, 1 Vegastar et 1 Pleymo, on prend bien son temps pour rater la première partie. Le seul truc cool ça aurait été qu’ils se fassent siffler, mais même pas, des applaudissements se font entendre, et la machine marketing est déjà en marche, avec les flyers qui pullulent et même les drapeaux à l’effigie du groupe. Au final il paraît que ce nouveau groupe remballe toutes les merdes citées avant, à voir donc pour juger au-delà de l’a priori.
La salle est remplie, et la chaleur est étouffante. Petit coup d’œil sur le public, où on reconnaît les anciens fans de Blink, ceux qui étaient trop jeunes et ne les verront jamais, et les fans d’Angels & Airwaves, qui sont accoutrés de l’immonde panoplie genre Star Wars du groupe, avec même des fois l’option « gants du futur ». C’est dingue de constater à quel point les baggies ont été remplacés par les slims (a.k.a. moule-bites) et les casquettes par des mèches…
Angels & Airwaves rentre finalement sur scène, enfin d’abord l’ami Tom DeLonge, qui jouit de sa première salve d’applaudissements. Il salue la foule genre empereur romain, et lance « Call To Arms ». Enfin ça on le devine à la musique, parce que la voix nasillarde du gaillard est à peine perceptible. Le voilà qui se met à danser de la plus bizarre des façons, entre gay pride et junkie shooté, on sait pas trop. Les nouvelles chansons sont privilégiées et le public est à fond dedans, gueulant chaque refrain, tapant dans ses mains et applaudissant chaque facétie du prophète illuminé.
Tom change de guitare pour la première des douze fois où il le fera. Tom fait le moon-walk comme Carlos devait le faire. Tom fait signe au balcon qui l’acclame. Tom chante faux. Les musiciens assurent la bonne tenue du show en envoyant parfaitement tout ce qu’il faut, surtout l’ami Atom Willard, tout simplement énorme à la batterie. Ses parties sont exécutées avec précision et puissance, un vrai régal. Mais le public n’a d’yeux que pour le désormais gras du bide Tom (ça aide pas les polos youth L, même avec le drapeau américain sur le cœur). Même lorsque au début du rappel pour lancer « True Love » Atom s’adonne à un solo gargantuesque, le public ne se met à acclamer que lorsque DeLonge revient sur scène… sympa.
« Everything’s Magic » et « Secret Scrowds », les deux singles du nouvel album, recueillent un grand succès, mais le point d’orgue de la soirée n’est autre que le tout premier tube du groupe, la tonitruante « The Adventure ». Dès le début de l’intro le public hurle les paroles, Tom les rejoint alors au chant mais… chante faux sur sa propre chanson.
Qu’importe, quand le mirifique riff d’intro est lancé tout la fosse saute et accompagne la digression guitaristique d’une seule voix, à en foutre le frisson au plus velu des chewbacas.
Le groupe s’essaie aussi à de nouvelles moutures, comme « Good Day », accompagnée d’un joli clavier. Le hic c’est que Tom la lance en racontant une histoire finalement pas drôle, et derrière a décidément bien du mal à chanter un tout petit peu juste. Alors que sur album sa voix donne toute la saveur des morceaux, en live sans mixage pour cacher la catastrophe, les chansons plus ambitieuses d’AVA en pâtissent sérieusement. D’ailleurs il ne semble pas avoir totalement occulté la période Blink, se permettant pas mal de blagues pipi-caca : le roadie aurait apparemment un gros pénis au mauvais gout, le carton tendu par un fan est exhibé à la foule : il est écrit « fuck » dessus, et surtout il reprend seul sur scène « Reckless Abandon » de Blink, qu’il termine par un gros rôt...
Un petit passage en solo agrémenté d’un second titre, le nouveau « Rite Of Springs ». Tom joue avec les lumières, comme ses lunettes du futur lançant des lasers verts là où il regarde. Où bien en saisissant une lampe alors que la scène est plongée dans la pénombre, il éclaire un à un ses musiciens. On appréciera au passage la symbolique... Bref on est empreint de nostalgie lorsque le groupe entame « My Fist Punk Song » de Boxcar Racer, ancien side-project qu’il aurait été cool de continuer finalement. Malheureusement c’est un massacre… On entend absolument pas DeLonge, qui traîne de la voix et n’arrive pas à suivre le tempo effréné de la chanson. Vraiment bizarre comme choix, tant de titres de Boxcar Racer collant mieux avec l’univers d’AVA…
Il semble bien que Tom soit resté un grand gamin, et on a envie de dire tant mieux, mais il semble également avoir subi une énorme crise de mégalomanie. On subit donc sa façon absolument ridicule de danser, son chant rarement juste en 1h30, son jeu de guitare très faible (si tant est que l’on puisse qualifier de jeu de guitare le fait de saisir toutes les 5 chansons une Gibson d’une couleur toujours différente pour faire quelques accords qu’on entend même pas), ses déclarations encore plus démagos que n’importe quel discours du nabot gouvernant notre beau pays (« Women in France are so beautiful / Every american wants to live in France »), ou encore ses moments de grâce (Kelly) où le bonhomme n’a pas peur d’affirmer que son groupe a une mission.
Pas de bol cette mission n’est pas de chanter juste, mais de « sauver le monde », rien que ça. Alors si certains passages du concert sont très sympas, grâce notamment à de très bons musiciens, certaines compos vraiment bien foutues et surtout un public complètement à blinde, au bout d’un moment on décroche. D’autant quand AVA envoie ses chansons les plus calmes. Le temps de finir la première partie du set avec « Valkyrie Missile » et son très bon riff final, et c’est le temps du rappel, avec « True Love » et « The War », deux titres parmi les plus intéressants du combo, mais dont le chant des refrains est abandonné au public. Grosse acclamation. On applaudit sincèrement le groupe, au top. N’empêche au final, il est douloureux de constater que des gens qui ont marqué notre adolescence puissent tomber aussi bas.
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