Interview avec Dirty Fonzy

Date de publication : 11 avril 2008
Rencontre avec les sudistes de Dirty Fonzy, de passage sur la capitale lors du Kill Your Elite, en compagnie de Guerilla Poubelle notamment. Arrivé à l’heure prévue, je trouve le groupe en pleine séance photos pour Rock One. L’interview prend donc du retard, mais se fait quand même, un peu à l’arrache mais dans la bonne humeur, avec Dirty Midier, homme à tout faire (harmonica, trompette, chant) et le tout nouveau batteur Camille.

Dans une enquête publiée cette semaine on apprend qu’Albi est la ville où les prix ont le moins augmenté en France. Vous confirmez ?

  • Midier : Ah ouais ouais ouais, on confirme. Bon, le coût de la vie a augmenté comme partout, mais on voit rien que dans les communes environnantes que le pouvoir d’achat reste cool à Albi.

Pour qu’on ait une échelle concrète, ça coûte combien un pack par chez vous ?

  • Un pack de quoi ? De Kronenbourg ? Ça doit être dans les 25 euros...

25 euros le pack ? Le pack de 26 ?

  • Ah mais non nous on achète directement les palettes (rires). Et les canettes merdiques, genre celles de Lidl.

Bon vous voilà de retour sur Paris, pour cette date avec Guerilla Poubelle. Vous attendez quoi du concert de ce soir ? Public, ambiance...

  • Bah nous on est super contents de venir à Paris, autant que quand on va dans d’autres villes. Il y a deux semaines on a joué dans un festival organisé par Time Bomb, en région parisienne, ça s’est super bien passé. A chaque fois qu’on joue ici, ça se passe super bien donc on est heureux. Après Guerilla ce sont des copains, on aime bien jouer avec des groupes qu’on connaît bien. Nous on habite en Province donc on est pas trop au courant de ce qu’il se passe à leurs concerts parisiens. Apparemment, le public est jeune mais tant mieux, c’est cool.

La dernière fois que vous étiez venus c’était avec les Burning et les Unco. Souvenirs ?

  • Midier : Ah ouais à l’Elysée Montmartre. C’est un excellent souvenir. Il y avait du monde et tout, et partager l’affiche avec Burning, Unco... Il y avait Jetsex aussi. Ouais vraiment c’était cool.
  • Camille : Moi j’étais pas encore dans le groupe mais j’aurais adoré jouer là-bas. J’ai vu 2-3 concerts là-bas, et c’est bien énorme.
  • Midier : Ouais c’est une bonne salle quoi. Enfin il faut pas trop laisser traîner les canettes en verre et tout, les vigiles étaient casse-couilles. Mais au niveau du public et des groupes c’était vraiment une excellente soirée.

La scène est-elle la raison d’être du groupe ?

  • Ouais, carrément. Le disque c’est un support. On prend beaucoup plus de plaisir à jouer sur scène qu’à enregistrer en studio, séparément, les casques sur les oreilles et les copains derrière la vitre. Mais après le studio, c’est une expérience intéressante aussi, ça permet de concrétiser le truc. Mais il y aura toujours la scène. Et le camion. Parce que pour 2 heures de scène, il y a 10 heures de camion derrière.

Vous venez tous de formations diverses. Comment s’est formé le groupe ?

  • Alors David (ndr : aka Angelo Pappas, le chanteur) jouait avec moi dans 4 Degrés 7, ainsi que notre ancien bassiste. Quand on a cherché à monter Dirty Fonzy on cherchait un autre guitariste. Il y avait Johnny Guitare, qui était plus âgé que nous et jouait dans Légitime Défonce. On l’a vu sur scène et on s’est dit "bah pourquoi pas lui ?". On lui a proposé et il est venu jouer avec nous. Pour le batteur, on avait pris celui d’un groupe de hardcore mélodique avec qui on tournait souvent. Depuis il est parti pour Babylon Circus.
    Gillou nous a rejoints à la basse, et Camille à la batterie. On l’avait vu avec son premier groupe dans un tremplin rock vers chez nous. Ca s’appelle Semi Playback, et c’est un duo basse-batterie super cool. On l’a vu avec Angelo Pappas, et on s’est dit que lui il était suffisamment timbré pour nous rejoindre. Il est venu en répèt’, il a joué 3 morceaux et puis c’était bon. Il est plus jeune que nous, et je profite qu’il soit pas là (ndr : ayant froid, il est parti se chercher un pull en loges) pour dire qu’il nous va super bien, c’est vraiment un bon.

Pourquoi quatre ans entre les deux albums ?

  • En fait le premier album on l’avait enregistré alors que Dirty Fonzy n’avait que 6 mois. On en a un peu accouché dans la douleur, il était prématuré quoi. Depuis il y a eu quelques petits changements dans le line-up, et puis on dû faire quelque chose comme 400 dates entre la France et l’étranger. On a donc mis du temps pour faire le second album car on a fait plein de maquettes, on cherchait un label pour sortir le skeud... On a aussi fait un groupe avec Babylon Circus, avec une tournée commune puis plein de side-projects qui gravitaient autour de ces deux groupes. Du coup, on a accumulé une quarantaine de morceaux, on a vraiment dû tailler pour en ressortir 20 du lot, et encore on a pas tout enregistré. On en a gardé quelques-unes de côté qu’on utilisera pour des trucs différents.

"Here We Go Again" est sorti depuis un mois. Les chansons sont-elles maintenant parfaitement rodées pour le live ?

  • Ouais, ouais on essaie. On a fait pas mal de répétitions avant de prendre la route, pour bien tout mettre en place, parce que maintenant on a tout un jeu de scène, avec des grandes effigies en carton, on a un ingé-light qui nous suit et nous fait des lumières de fous. Le show a vraiment été repensé. Mais des pains t’en auras toujours en live avec nous (rires).

Et au niveau de l’accueil du public ? Quels sont les titres les plus appréciés ?

  • J’ai pas trop capté. Quand on regarde devant nous c’est souvent un sacré bordel dans le public. On entend vite fait que les chœurs pour l’instant sont plus repris sur les anciens morceaux que sur les nouveaux, mais c’est normal l’album vient de sortir.

Parmi les différences observées entre les deux albums, il y a la durée. Était-ce conscient de la réduire ?

  • On a pas regardé la durée. On avait plein de morceaux, on en a viré quelques-uns pour aller en studio. Et après on en a encore viré une fois sur place. On a pas regardé la montre en enregistrant, d’ailleurs je crois qu’en fait la durée du disque, même si il y a moins de titres, est sensiblement la même que pour le premier. Ça fait une demie-heure à peu près, et nous on préfère un bon disque d’une demie-heure qui envoie qu’un album d’une heure qui devient chiant.

Les titres semblent également plus directs. Avoir un refrain imparable c’est ce que vous recherchez en priorité quand vous composez ?

  • Ouais. C’est surtout les 2 guitaristes qui composent, et les refrains accrocheurs, mélodiques et tout, c’est par rapport aux influences c’est sûr. Mais c’est clair nous on fait en sorte que ça groove et que ça donne envie de répéter les chœurs.

Les cuivres sont très peu présents sur le disque. Pourquoi ? Et sur scène ?

  • Pourtant il y en a sur plus de morceaux (rires). Mais je sais pas, c’est dans le mix je pense c’est moins en avant. Ils ont sous-mixé toutes mes parties (rires). Non mais si sur album ça sonne différemment, sur scène c’est toujours la même.

Vous débarquez sur Enragé Prod, alors que le premier disque était autoproduit. Alors c’est plus confortable ?

  • Le premier était pas totalement auto-produit. On l’avait enregistré avec une petite structure, et avec Fred Norguet. On avait dû le payer, pour ça il a fallu vendre de l’herbe sur le canal de Bordeaux (rires). Il avait été mixé par Nico de Tagada Jones. On a cherché d’autres structures pour ce nouvel album, parce que l’ancienne ne voulait pas le sortir. Et comme David "Angelo Pappas" avait le bon contact avec Nicolas des Tagada Jones, du fait qu’ils jouent ensemble dans Opium Du peuple, qui est signé sur Enragé Prod, il leur a apporté nos trucs et ils ont bien aimé. Et c’est cool parce que c’est des gens qui bossent bien, qu’on a pas besoin de tout le temps relancer. Mais bon on reste encore un peu à l’arrache, c’est pas non plus le gros truc. Là c’est encore David qui s’occupe de caler nos dates.

L’artwork en rouge et noir, les tenues etc... C’est une manière de vous approprier certains clichés du punk-rock ?

  • Oui et non. L’album on le voit comme un tout donc on veut que ça retranscrive un tout. On a eu envie d’avoir un truc qui colle bien avec la musique qu’on fait. On s’est aperçu après s’être décidé sur le truc en rouge et noir que c’était un peu tendance. Alors tant pis, tant mieux, je sais pas, mais ça nous plaît et on l’assume complètement. Et puis le truc de rouge et noir, c’est bien aussi de se réapproprier le truc, plutôt que de le voir sur des clubbers de merde avec leurs crêtes et tout. Le rouge et le noir ça vient pas de là quoi, autant que les gens le savent quoi. Ça vient pas des clubs pourris où on écoute de la techno. Ah bah voilà Caca, notre nouveau batteur, qui nous a rejoints !

Tu t’appelles Caca ?

  • Camille : c’est mon diminutif. En fait je m’appelle Camille... A la base, on avait commencé à m’appeler comme ça en CM2. Ça s’était arrêté au lycée, et ça a repris avec Dirty Fonzy. Tu vois le niveau. (rires)

Il y a des chansons dub, qui sont placées de façon symétrique dans l’album. C’est fait exprès ?

  • Tu remarqueras d’ailleurs que si t’écoutes les bandes à l’envers, ça fait des invocations de Satan (rires). Non c’est pas calculé que ça soit symétrique. Quand on a mis au point l’ordre des morceaux, on a essayé de ne pas mettre tous les bourrins en même temps et tous les calmes d’un coup. Ce qu’on veut c’est que quand on écoute l’album on se lasse pas. On a bien réfléchi à là où on les plaçait. On a pas envie que les mecs qui l’écoutent se fassent chier au bout de 8 titres quoi.

Vous aviez lancé l’opération "Plein Les Urnes". Bon on connaît le résultat maintenant, avez-vous des regrets quant aux actions effectuées ?

  • Ça a super bien marché (rires). La preuve l’autre enculé a été élu... Non mais on a aucun regret, on a fait tout ce qu’on pouvait faire à notre niveau. En plus à cette époque, on avait plein de trucs à faire en même temps. On a essayé mais ça a pas marché, donc là bah on l’a bien dans le cul. Mais bon, on va continuer et mort aux cons hein...

On va changer de sujet. Vous êtes amenés à tourner avec de jeunes groupes comme Time Bomb. Quel regard avez-vous sur la scène punk-rock française émergente ?

  • Ouais on a fait une date avec eux. C’est génial. Y a plein de groupes qui jouent avant nous qui nous mettent la branlée (rires). Et c’est bien, ça fait évoluer les esprits, puis c’est génial quoi, ils ont 20 ans et tout, ils parcourent les routes. Il y a toujours des groupes de punk, ou de rock alternatif ou de reggae dans la scène française. Peut-être qu’en ce moment les gens se rendent compte qu’il y a des groupes, des assos qui font des concerts. Mais bon les assos elles ont 10, 15, 20 ans... Là avec Internet, Myspace et tout ça, la communication elle est plus importante et ça fait grossir le truc. C’est intéressant qu’il y ait de plus en plus de groupes, parce que chaque groupe qui naît, bah c’est des concerts de plus. Les mecs ils sont tout le temps super impliqués dans la scène locale. Ils font partie d’un collectif, ils montent une asso, ils font jouer les groupes de leur région et en font venir d’ailleurs.

On vous reproche souvent votre accent anglais. Jamais eu envie de passer à la langue de Molière ?

  • Ouais, on nous le reproche souvent et on nous en parle souvent en interview. Après si les gens traduisent nos paroles, bah ils comprendront pourquoi on chante en anglais (rires). Après au niveau de nos influences, à part les Shériff, on a plein de groupes qui chantent en anglais, comme les Clash, Rancid, NOFX pour les plus gros. Et puis on est aussi pas mal amenés à jouer à l’étranger, en Allemagne, en Hollande, et quand on va jouer dans des endroits comme ça on a envie d’être compris par notre public. Après y a l’accent, on a pas trop l’accent anglais parce que nous on est français. On fait de notre mieux, on travaille (rires). En tout cas, quand on va en Allemagne les gens comprennent. Enfin voilà, ça fait plein de raisons pour lesquelles on chante en anglais.

Les Unco viennent de sortir leur CD gratuitement avec Punk Rawk, Pennywise signe sur MySpace Records et Radiohead met son album en téléchargement légal sur internet. Est-ce que vous avez peur que la fin du disque soit toute proche ?

  • Non pas du tout. Il y a déjà des mecs qui disaient que c’était la mort du vinyle quand le cd est sorti, et résultat bah moi j’en achète encore. Y a plein de groupes qui ressortent leurs disques en vinyle. Alors la mort du cd non, la mort des majors, j’espère (rires). Mais ouais, au niveau communication c’est bien de mettre son truc en libre accès. De toute façon, dès que le disque est sorti, que les gens le veuillent ou pas il se retrouve sur le net. Alors comme le dit Ed des Unco, même si le mec il achète pas le disque, l’important c’est qu’il vienne au concert, qu’il s’éclate, qu’il aime ce qu’on fait, et qu’il vienne payer un coup à la buvette... Nous, je parle au nom du groupe, on télécharge aussi. Est-ce que ça fait du mal aux groupes je sais pas... Nous ça nous fait pas de mal en tout cas.

Si vous pouviez composer le punk-rock band idéal, il y aurait qui dedans ?

  • Pat le Nerveux (ndr : Bad Chickens, Sons Of Buddha) à la basse c’est certain. A la guitare, bah Johnny Guitare, le nôtre. A la batterie, comment il s’appelle celui de Iron Maiden... Ouais non, je mettrais Caca en fait.
  • (ndr : voilà justement Camille qui revient avec un cd) Tiens je te file ça. C’est le disque de mon groupe Semi Playback, pour que tu le chroniques sur ton zine.
  • Midier : Ça y est t’as fini de faire ta promo ? Tiens une question intéressante pour toi. Tu mettrais qui dans ton groupe de punk idéal ?
  • Camille : Alors Semi-Playback c’est un duo basse-batterie...
  • Midier : Mais alors lui !... Tiens moi au chant, je mets Guillaume de Condkoï et la voix de Stiff Little Fingers. Ouais ça, ça le fait.
  • Camille : Alors moi, ça serait une fusion entre Bad Religion et les Descendents.
  • Midier : Ouais il a des goûts de merde.
  • Camille : Alors chanteur je mets Milo des Descendents, et puis leur batteur (ndr : Bill Stevenson), et puis le bassiste aussi (ndr : Karl Alvarez). Et à la guitare, le patron d’Epitaph, Brett Gurewitz. Et puis le chanteur de Bad Religion aussi.

Carla Bruni vous appelle pour faire sa première partie, vous y allez ?

  • Je lui mets une grosse claque dans la tronche, et je lui fous la tête dans les chiottes. Enfin voilà quoi.

Bon et pour finir, dans un de vos refrains vous dites "Bring out your six pack". Franchement un pack de 6 ça fait petit joueur. Vous avez mis ça juste pour la rime ?

  • Non mais c’est un pack de 6 chacun en fait.

Bah même...

  • Ouais merde c’est vrai, même 6 chacun... Bon ouais c’est pour la rime (rires).

Merci à vous deux et bon concert.

Interview : Seb-O-Matic



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