Seven Hate - The Weaning Day

Contexte :

S’il y a bien une année qui fut prolifique pour le skate punk c’est bien celle-là. En effet cette année-là NOFX sortait son emblématique Punk In Drublic tandis que The Offspring sévissaient sur les ondes à coup de "Self Esteem" et autres tubes du tout aussi emblématique Smash. De l’autre côté de l’océan on n’était pas en reste puisque cette année-là débarquait un groupe que le public ne connaissait pas et qui, s’il ne chantait peut-être pas pour la première fois, sortait son premier album auto-produit (réédité quelques 9 années plus tard chez at(h)ome).
Vous l’aurez compris, ce n’est pas de l’année 1962 dont il est question ici, mais de 1994 et des débuts d’un des plus grands noms de la scène punk-rock française : Seven Hate.

Chronique :

The Weaning Day ("le jour du sevrage" pour les anglophobes), en voilà un nom étrange pour un album qui en rendra plus d’un accroc. Un titre qui trouvera toute son explication dans le magnifique livret où nous est contée une histoire à mi-chemin entre inspirations bibliques et délires psychédéliques champignonesques décrivant un univers peuplé de créatures à l’aspect, aux fonctions plus ou moins étranges, servant d’avatar aux quatre membres du groupe. Des énergumènes vivant dans le plus parfait bonheur grâce à une substance providentielle nommée canabistouille et dont toute ressemblance possible avec une autre substance illicite est bien évidement fortuite et apporte la preuve que bien souvent le hasard et très malicieux… (si, si).
Un petit univers qui se trouve bien vite perturbé à l’aube du septième jour d’existence où toutes les sources canabistouilliques se voient arbitrairement supprimées, ne reste alors à nos quatre êtres mystérieux que l’incompréhension et la haine pour faire face à ce jour qui prendra le nom, je vous le donne en mille, de « jour du sevrage ».

Pour ce qui est de la musique c’est le riff de « Songs For Lardons » qui viendra nous chatouiller les oreilles en premier et qui d’ailleurs ne sera pas près de nous quitter durant toute la carrière du groupe car vous l’aurez compris, sur ce premier album se trouvent déjà quelques titres mythiques des ’savonettes’, à l’image du morceau suscité et autres « Cast A Spell » ou « Dr Bullet ».
C’est donc bien évidement le skatecore qui prime, d’ailleurs le groupe ne se prive pas de nous faire part de son amour de la planche à roulettes avec « Born To Sk8 », un titre qui nous rappelle la bonne époque où punk et skate ne faisaient presque qu’un.

Certes l’album manque parfois d’une certaine fougue, la même que l’on retrouvera sur les prochaines productions du groupe, la faute à un chant encore un peu timide et faible, assez mélodique par endroits et qui parfois ne sera pas sans rappeler les débuts de Blink sur Chesire Cat (« Schizophrenia Love »). Cela dit il ne faut pas s’y tromper, et à quelques exceptions près (« Dee Dee Night »), le jeu cherchera plus du côté de la vitesse et de l’énergie (« Song For Lardons », « Stage Land », « So Angry »…) que de l’émotion pure, le tout laissant présager le bon avenir du groupe en particulier avec « Born To Sk8 » et ses longs passages instrumentaux presque frénétiques.

Le skeud n’échappera pas à ses longues minutes de blanc débouchant sur une reprise, acoustique s’il vous plait, avec « Touchez pas à la mer » à l’origine interprétée par notre Antoine national qui depuis son atoll à la vue plus belle. Reprise largement assaisonnée à la sauce savonnette pour un résultat plutôt fun tirant (c’est le cas de le dire) sur l’ode à la fumette avec des paroles telles que « Touchez pas à la mer non, non, non, non / Fumez du gros chichon viens de la beuher ». Le jour du sevrage qu’ils disaient...