Mother Superior + The Black Zombie Procession + Doctor Hell @ Clacson (Oullins, 69)

Date : 28 mars 2008 par Fab

Dilemme ce vendredi soir à Lyon, deux concerts et un choix épineux à faire. D’un côté, ISP présente son nouvel album sur les planches du Marché Gare avec une première partie de luxe : Dirty Fonzy. De l’autre, les Californiens de Mother Superior, en tournée européenne, accompagnés pour cette date de The Black Zombie Procession et des Lyonnais de Doctor Hell, jouent à l’excellente salle du Clacson. La première soirée est plus proche, mais à 12€ la place, cela me fait tout de même un peu mal au cul. La seconde est plus excentrée mais à seulement 8€. J’opte donc finalement pour le wok’n’woll ce soir ! L’avenir (et la fin de ce compte-rendu) vous dira si j’ai réalisé le bon choix.

Après une petite ballade en métro et bus, j’accède à la salle avec la bonne demi-heure de retard habituelle. Le set de Doctor Hell vient tout juste de débuter et ça tombe bien, car je n’avais pas vraiment envie de passer trente minutes à poireauter en tête-à-tête avec ma bière en attendant le concert. Première sensation, le quintet joue ultra fort et les bouchons d’oreilles ne sont pas du luxe. Le groupe mêle un punk abrasif à un rock’n’roll graillon, et se rapproche parfois d’un hardrock lorgnant vers le metal. On pense aux Hellsuckers, à Zeke et autres Turbonegro, à tous les agités du bocal usant du riff bien gras et des soli aiguisés. Ces lascars jouent vite, jouent fort, le tout est bien ficelé et rondement mené pour un résultat à forte teneur en testostérone. Emmené par Den’s, chanteur déjanté et dégoulinant de sueur, le combo ne s’attarde pas sur de quelconques manières et balance son punk’n’roll avec conviction. Le public, en grande partie composé de gros hardos barbus fans de Mötörhead, semble plutôt réceptif, les guiboles s’agitent et les têtes balancent d’avant en arrière, le sourire bien accroché aux lèvres. Peut-être un peu répétitif sur l’ensemble du set, Doctor Hell est néanmoins parvenu à me sortir, avec réussite, de ma torpeur routinière d’une fin de semaine de boulot monotone. Merci à eux, et place maintenant à TBZP.

Pour les retardataires, sachez que The Black Zombie Procession est formé de Nasty Sammy à la gratte, adepte du riff version poids lourd et au CV long comme le bras (Hellbats, ex-Second Rate, ex-Hawaii Samuraï, ex-Lost Cowboys Heroes), de Ben Dalstein (Flying Donuts) à la basse, de son frangin Jérémie Dalstein (Flying Donuts) derrière les fûts, et de Forest (The Pookies, Sons Of Buddha) au chant. Le groupe a sorti un premier très bon opus en 2007 et finalise en ce moment son second album. Le all-star band made in France entre donc en piste et attaque son set par une song instrumentale. Le son est encore incroyablement fort, avec notamment une basse surpuissante. Après cette violente et métalesque entrée en matière, Forest fait son apparition pendant que les trois zicos enchaînent les riffs dévastateurs. Le chant est à peine audible, mais cela n’empêche pas le leader des Pookies de foncer dans la fosse comme un diable. Il traverse la pièce, bouscule le monde et remonte sur scène en roulant à même le sol. Les frasques de Forest n’éclipsent cependant pas les prestations musclées de Messieurs Dalstein et surtout de Nasty Sammy qui bondit, fait les cent pas sur scène et époustoufle par ses soli de taping impressionnants. Les gaillards se démènent et enchaînent titre sur titre. Seulement, le groupe semble faire la part belle, ce soir, à son penchant métaleux. Les passages plus rock’n’roll sont également de la partie mais pas non plus en très grand nombre. Par contre, les côtés punk rock, power pop ou même surf qui apparaissent sur la galette du combo sont mis aux oubliettes. Et ce soir, malgré un album aux influences diverses, la musique de The Black Zombie Procession me paraît un tantinet monotone. Le groupe présente également un titre à paraître sur son prochain album et se retire de la scène après environ quarante-cinq minutes de show. Un bon set, puissant et bien bourrin, mais dont je ressors un peu déçu. Espérons que ce n’est que partie remise.

Un petit tour au merch plus tard et voici les trois Californiens de Mother Superior sur scène. Après avoir écouté sur cd le southern rock classieux mais somme toute assez calme et gentillet du trio, j’avoue être un peu sceptique quant à la prestation des Américains. Mais cette appréhension commence à se dissiper dès les premiers morceaux joués par le backing band de Henri Rollins, Lemmy Kilmister et Iggy Pop (excusez du peu). Le groupe s’avère beaucoup plus violent en live. La voix n’est pas écorchée et le chant plutôt propret, mais le groupe envoie la gomme surtout au niveau instrumental. Le batteur est tout simplement énormissime, le bassiste impressionnant et les soli du guitariste/chanteur sont bien mis en avant et rock’n’roll à souhait. Le groupe balance un gros rock mâtiné de stoner, pas forcément sale et couillu, mais sur-vitaminé et terriblement efficace. Les mouvements du bassiste sur scène sont parfaitement atypiques. Il se balance d’un pied sur l’autre, s’abaisse pour soudainement se relever. Le guitariste, planqué sous sa casquette en cuir, ne cesse de remercier le public et semble vraiment heureux d’être là. Tant mieux. Les trois zicos se connaissent depuis un bail et cela se ressent dans leurs comportements très complices. A voir les gueules des rockeux occupant la salle, le public, venu nombreux ce soir, semble bien sûr aux anges. Il faut dire que le groupe envoie vraiment du lourd sur scène, alternant entre passages bien rentre-dedans et moments plus lents et pesants. Le show de Mother Superior augmente en intensité au fil des morceaux et finit en apothéose après un rappel mérité. Finalement, ces trois Ricains m’ont littéralement bluffé et foutu une bonne grosse claque. Bravo.

Je n’ai pas eu de retour quant au concert de ISP et Dirty Fonzy, mais une chose est sûr, je ne regrette pas mon choix. Une bonne grosse soirée de rock’n’roll qui fait du bien par où elle passe (c’est aux oreilles que je fais allusion, bande de pervers !). Un bon concert faisant le plus grand bien au cerveau avant d’attaquer une dernière journée de travail...



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Black Zombie Procession (The)